L’île de Lesbos fut la destination de mes dernières vacances familiales. Ce fut également le lieu de naissance de la poétesse Sapho et la dernière résidence connue de la tête d’Orphée. Malgré son riche passé, sur le terrain, peu de chose à voir facilement, si ce n’est le temple dédié à la triade Hera, Zeus et Dionysos à Messa, dont la restauration a bénéficié de subventions de la communauté européenne, mais pourvu d’une route d’accès qui n’est qu’un étroit chemin pierreux et poussiéreux. Toutefois, la ville de Mytilène dispose d’un musée d’archéologie formé de deux bâtiments (un ancien et un nouveau) qui abrite les plus belles découvertes effectuées sur l’île. Parmi elles, quelques belles mosaïques, dont l’une présente des scènes de théâtre antique ainsi que de nombreuses sculptures bien mises en valeur dans le nouveau bâtiment qui a reçu, par ailleurs, la distinction 2004 des musées de Grèce.
Interdiction de photographier dans ce musée
Cependant, pas moyen de rapporter un témoignage personnel des pièces intéressantes ou de la mise en scène muséographique car interdit de prendre la moindre photographie même sans flash sous prétexte que les pièces exposées ne sont pas encore publiées. Bien sûr, en tant qu’archéologue il suffirait, je l’espère, de s’approcher du conservateur ou mieux encore de son autorité de tutelle, de faire valoir ses titres et d’obtenir ainsi l’autorisation de photographier sous conditions. Mais je me mets dans la peau du visiteur lambda, et je ne trouve pas normal qu’il ne puisse pas emporter un souvenir photographique d’un patrimoine qui est la propriété de la collectivité tout entière et pas uniquement celle de la caste des conservateurs. L’interdiction de photographier, lorsqu’aucun problème de conservation ne la justifie, n’est pas à l’honneur des administrations des musées qui la maintiennent. Elle ne fait que créer une distance peu propice à l’attachement du public pour l’institution muséale qui en abuse. Et sans image, pas de mémoire, et le musée disparaîtra dans l’oubli de ses visiteurs d’un jour. En conclusion, comme pourrait le signaler le blog d’une spécialiste du web, on est, à Mytilène, encore loin du musée virtuel. Le blues du visiteur remplace le bleu de Mytilène.
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