Mercredi dernier, j’ai eu le plaisir de participer à une visite guidée de l’exposition « Jean-Marie Borgeaud, Terra Incognita… », dans l’Espace Nicolas Schilling et Galerie, à Neuchâtel, en présence de l’artiste. Répartie dans différents endroits longeant le Faubourg de l’Hôpital, l’exposition construite sous forme de promenade artistique, permet également de découvrir au passage divers lieux du patrimoine neuchâtelois: le jardin de l’Hôtel Jacques-Louis de Pourtalès, qui fut le séjour neuchâtelois de l’impératrice Joséphine de Beauharnais, après son divorce avec Napoléon Bonaparte ; le jardin de l’Hôtel Pourtalès-Castellane, demeure néo-classique construite en 1814 par le baron Frédéric de Pourtalès, lieu de réception en 1842, de Frédéric-Guillaume III, roi de Prusse et Prince de Neuchâtel ; l’Hôtel DuPeyrou, construit dès 1765 par Pierre-Alexandre DuPeyrou, qui a rendu possible la première édition des écrits de son ami Jean-Jacques Rousseau.
« Koutchicou » et « Faune dansant de Pompéi »
Sculpteur et peintre genevois né en 1954, Jean-Marie Borgeaud empoigne la céramique à bras le corps, en parfait autodidacte, à partir des années 1990. Depuis lors, il modèle des hommes, des femmes, des animaux et des créatures fantastiques, transcendés par le passage au feu. Dans une récente interview accordée au journaliste Etienne Dumont, l’artiste avoue ceci : « Ce qui me frappe le plus au final, c’est cependant leur allure commune de pièces archéologiques ». Et il est vrai qu’en parcourant les lieux d’exposition et en découvrant les œuvres exposées, le visiteur peut avoir l’impression de se retrouver, hors du temps et de l’espace, dans la salle de conservation des statues antiques ou dans les jardins d’un musée à ciel ouvert. Les corps et les bustes modelés en terre cuite, parfois assombrie par l’adjonction de manganèse dans l’argile, forment un contraste saisissant vis-à-vis des murs éblouissants de blancheur de la galerie. Les œuvres ainsi exposées prennent l’apparence de fragments de statues en bronze, telles qu’un archéologue serait heureux de découvrir dans la cargaison d’une épave antique, ou dans les ruines d’une villa romaine. Ainsi, la sculpture intitulée « Koutchicou », en équilibre sur un pied saisie en plein mouvement de danse, évoque irrésistiblement l’attitude du Faune dansant découvert dans la villa de Pompéi qui porte son nom. Le catalogue publié par la Galerie Schilling, donne un très bon aperçu des œuvres actuelles de l’artiste, qui a l’exemple de ses prédécesseurs antiques, réussit à faire surgir la vie de la matière inanimée. L’exposition est à voir dans quatre lieux des Faubourgs de Neuchâtel, jusqu’au 21 décembre.