Bruno Manser l’inaugurateur

J’ai profité de cette période de fêtes pour aller voir le film de Niklaus Hilber consacré à l’aventure et au combat de Bruno Manser parmi les Pénans du Sarawak sur l’île de Bornéo. Le film, produit à 100% par des fonds suisses, s’intitule tout simplement « Bruno Manser – La Voix de la forêt tropicale » qui fait directement écho au titre du livre écrit en 1992 par Bruno Manser « Stimmen aus dem Regenwald. Zeugnisse eines bedrohten Volkes » traduit en français par « Voix de la forêt pluviale. Témoignage d’un peuple menacé ». Ce film commence par une image qui n’occupe que 7% de l’écran, ce qui correspond à la surface restante de la forêt tropicale au Sarawak, et quand l’image passe au plein écran, on assiste à l’arrivée dans la jungle en pirogue à moteur de Bruno Manser, en 1984. La première partie du film se concentre sur sa vie parmi le peuple nomade des Penans dont l’existence consiste à subvenir à des besoins simples, comme manger et dormir, ce que permet facilement d’assouvir la chasse et la cueillette, ainsi que la construction d’abris constitués d’une plateforme et d’une toiture, montée en quelques heures. Mais la déforestation entreprise par des compagnies privées avec l’autorisation du gouvernement malaysien menace ce paradis, ce qui oblige les nomades Penans à entrer en résistance avec la complicité de Bruno, qui se verra pour cela expulsé de Malaisie en 1990, après six ans passés parmi eux.
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Image tirée du film (Photo: Tomas Wütrich)

La seconde partie du film raconte son rôle d’activiste écologiste, mené depuis la Suisse, pour lutter contre le commerce des bois exotiques afin de sauver l’espace vital des Penans. On le voit ainsi s’approcher du Commissaire européen ou du Secrétaire général des Nations-Unies sous la bannière de l’Association pour les peuples de la forêt pluviale, connue également sous le nom du « Bruno-Manser-Fonds ». C’est dans cette activité que j’ai eu le plaisir d’assister à une de ses présentations à l’Aula de l’Université de Neuchâtel sous le titre « La vie quotidienne d’une tribu de nomades à Bornéo ». Il avait amené avec lui des enregistrements de la forêt pour nous plonger dans l’ambiance de la nature sauvage, ainsi qu’une sarbacane, dont il fit une démonstration de tir en visant le lourd rideau qui pendait devant les fenêtres de la salle. Je me souviens de sa grande force de conviction et de son aura face au public qui avait fait salle comble. Par un heureux hasard de circonstance, cette présentation annoncée dans le cadre du Cercle neuchâtelois d’archéologie fut la première conférence présentée sous la nouvelle appellation d’ArchéoNE, puisque l’Assemblée générale de l’association venait à peine quelques minutes plus tôt d’entériner de nouveaux statuts et son nouveau nom, en ce mercredi 13 janvier 1993. Bruno Manser l’inaugurateur, quant à lui, n’a plus donné signe de vie depuis le 23 mai 2000 et est depuis le 10 mars 2005 officiellement déclaré mort. Aujourd’hui, son combat contre la déforestation n’a pas perdu de son actualité et apparait précurseur des mouvements écologistes qui visent à sauver la planète.


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