Villa, villae en Gaule romaine

Depuis quelques années, comme ce blog l’a déjà signalé, le ministère français de la Culture et de la Communication a pris l’initiative de réaliser un portail des Grands sites archéologiques, qui peuvent se présenter sous la forme de maquettes en 3D, réalisées par des équipes pluridisciplinaires composées d’architectes, d’archéologues, d’historiens de l’art et d’infographistes. « Villa, villae en Gaule romaine » est l’un des nouveaux mini-sites Internet, mis en place sur ce portail. Le site Internet commence à répondre à la question : qu’est-ce qu’une villa ? On apprend ainsi à distinguer les différentes parties de ce type de construction dans l’Empire romain, à savoir la pars urbana ou la partie résidentielle du propriétaire et de sa famille, la pars rustica où se trouve les animaux, l’outillage et la main d’œuvre, enfin la pars fructuaria, qui rassemble les équipements nécessaires pour le traitement et la conservation de la production.

Loupian3D

Vue 3D de la Villa de Loupian

La villa de Loupian dans les environs de Béziers est l’une parmi les milliers de villas construites dans le Languedoc à l’époque romaine. Par la présence d’une centaine de dolia (grand récipient en céramique), elle apparaît être un lieu de production vinicole, suffisamment prospère pour que la pars urbana puisse être enrichie d’un ensemble remarquable de mosaïques. Par l’exemple de cette villa on découvre ce que sont les villae romaines. Un ensemble de fiches thématiques illustrées de dessins, de photos ou de plans, décrivent l’évolution de ce type de construction à partir de l’époque romaine et jusqu’aux travaux de mise en valeur muséographique actuelle. Chacun des termes spécialisés utilisés, ou des personnes citées dans les fiches, sont définis dans un glossaire accessible directement par un lien hypertexte en cours de lecture. Cette présentation se veut avant tout destinée au grand public, mais le spécialiste y trouvera aussi des informations utiles. Des restitutions en 3D agrémentent le discours et présentent Loupian à quatre moments différents de son histoire, soit au début du 1er siècle, à la 2ème moitié du 1er siècle, au 4ème siècle et enfin au début du 5ème siècle de notre ère. Il est possible de changer de point de vue, comme si on tournait autour d’une maquette, mais il n’est malheureusement pas possible de parcourir librement l’espace tridimensionnel. Une visite virtuelle permet enfin de se rendre compte de l’état actuel de la construction dans son écrin muséologique. On peut se déplacer d’une pièce à l’autre de la villa et les visualiser à l’aide d’une vue à 360° avec possibilité de zoomer, comme si on naviguait dans Google Street View. Une partie pédagogique, intitulée « La villa expliquée aux enfants » est déjà présente sur une page du site Internet, et sera activée prochainement. Une partie documentaire, une frise chronologique organisée sous l’aspect dynamique d’un time-line allant de la fondation de Rome en 753 av. J-C à la prise de l’Urbs en 410 ap. J-C par les Goths, complètent ce site Internet très informatif sur les villas romaines.

L’archéologue fédéral est au travail

C’est aujourd’hui, 1er juin, qu’entre officiellement en fonction, le spécialiste en archéologie / paléontologie, engagé par l’Office fédéral des routes (OFROU). Comme la mise au concours le rappelait, la mise en œuvre de la Réforme de la péréquation financière et de la répartition des tâches entre la Confédération et les cantons (RPT) entrée en vigueur le 1er janvier 2008, a conféré le rôle de maître d’ouvrage des routes nationales à l’OFROU. Dans un premier temps, l’OFROU a envisagé de remettre le contrôle du volet archéologique des routes nationales à l’Office fédéral de la Culture (OFC), qui face à l’importance des budgets nécessaires a décliné l’offre, préférant laisser cette charge aux ingénieurs. L’engagement d’un spécialiste pour assister ces derniers se révèle donc nécessaire. Si précédemment, pour les 1800 km d’autoroute en phase d’achèvement, la Confédération intervenait à titre subsidiaire dans le financement des constructions, avec la RPT c’est le 100% des coûts qui seront pris en charge par la Confédération. Aussi, alors que les cantons, en tant que maître d’œuvre, étaient seuls habilités à juger de la nécessité d’une fouille archéologique sur les parties de tracés se trouvant sur leur territoire, cette charge est maintenant dévolue directement à la Confédération, par l’intermédiaire de l’OFROU. Le spécialiste engagé devient, de facto, le responsable de toutes les affaires de l’OFROU relatives à l’archéologie et la paléontologie sur l’ensemble du réseau des routes nationales. C’est dire que dorénavant un contrôle plus précis est mis en place sur l’évaluation, l’approbation et la surveillance des prochains chantiers archéologiques liés au programme d’extension des routes nationales.
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Des autoroutes sous surveillance archéologique

Le spécialiste nommé est un archéologue, Alexander von Burg, qui après une licence obtenue à l’Université de Berne a travaillé plus d’une décennie au sein de l’Office et Musée d’archéologie (OMAN) du canton de Neuchâtel. Ses compétences avérées sur le terrain et son quasi bilinguisme en font un interlocuteur crédible face au petit cercle des archéologues cantonaux. Il aura pour tâche de finaliser la rédaction et la mise en place de la directive 1106 de l’OFROU intitulée  « L’archéologie dans la construction des routes nationales / approche dans le traitement du patrimoine archéologique », et sans doute également, après consultation avec les archéologues cantonaux, celle d’engager les intervenants sur le terrain, de vérifier que leur mode opératoire ne contrevienne pas  aux règles de bonne conduite en matière de travaux et de protection des sols, enfin, d’approuver la nature et l’ampleur des études scientifiques à poursuivre hors chantiers. Je souhaite à celui que l’on peut appeler «l’archéologue fédéral » ou « l’archéologue de la Confédération » bonne chance pour les nombreuses tâches qu’il aura à accomplir. Dans tous les cas, la Confédération devrait modifier son site internet, pour ajouter l’OFROU à la liste des services cantonaux et communaux compétents en matière de conservation du patrimoine et d’archéologie, à l’instar de l’inscription du bureau des Denkmalpflege des Chemins de fer fédéraux (CFF).

Philologos Dionysios

Samedi 28 mai 2011, à l’Aula de l’Université de Neuchâtel, a été offert au Professeur Denis Knoepfler l’ouvrage intitulé « Philologos Dionysios » qui réunit un ensemble d’articles écrits par ses élèves et disciples et qui constitue ce que dans l’on appelle dans le monde académique des « Mélanges ». Les contributions figurant dans ces Mélanges, proviennent de 24 auteurs qui sont issus des deux familles académiques constituées autour de Denis Knoepfler, soit Neuchâtel et Paris. Il fut à l’Université de Neuchâtel professeur ordinaire d’archéologie classique et d’histoire ancienne, et à Paris, il demeure professeur au Collège de France, dont il occupe la chaire d’épigraphie et d’histoire des cités grecques. Il est également membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres et de la British Academy.

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Extraits de la couverture de l’ouvrage.

C’est un nom relevé sur une inscription découverte à Erétrie qui a donné son titre à l’ouvrage. L’inscription honore un bienfaiteur de la cité d’Erétrie, un certain Mantidôros, qui parmi ses bienfaits se voit gratifié de l’engagement d’un philologue venu d’Athènes, prénommé Dionysios (Denis en grec), dont la tâche devait être de donner des leçons aux jeunes hommes et aux membres de la classe supérieure. L’association entre une homonymie et la similitude de la profession était trop belle pour la laisser passer, d’autant moins, que dans une certaine mesure Denis Knoepler fut un temps résident d’Athènes en tant que membre de l’Ecole française, et actif à Erétrie dès 1964, avec l’Ecole Suisse d’Archéologie en Grèce. C’est là du reste que ses compétences philologiques purent s’exprimer de façon éclatante, grâce à la correction qu’il fit d’un texte de Strabon, ce qui a permis en 2007 la découverte probable de l’emplacement du sanctuaire d’Artémis Amarysia à Amarynthos en Eubée. Philologue, Denis Knoefler l’est indubitablement, car en tant que commentateur il cherche, et parvient souvent, à faire connaître toutes les subtilités d’un texte. Après les diverses allocutions élogieuses des personnalités convoquées pour la circonstance, DK dut plaider « non coupable » d’avoir initié la réunion de cette assemblée. Au terme de sa réponse, en paraphrasant Poliphile dans Les Amours de Psyché et Cupidon de Jean de La Fontaine, il termina sa plaidoirie en disant:
“J’aime le grec, l’amour, les livres, la musique,
La ville et la campagne, enfin tout ;
Il n’est rien qui ne me soit souverain bien
Jusqu’au sombre plaisir d’un cœur mélancolique.”

Journées de l’archéologie et Fête de la nature

Le mois de mai, outre les mariages, semble propice aux manifestations d’envergure. Après la nuit européenne des musées et la journée internationale des musées, ce week-end se sont les amis de la nature et de l’archéologie qui se donnent rendez-vous dans le cadre de deux organisations distinctes. En France, aujourd’hui et demain, ont lieu les deuxièmes journées de l’archéologie. Après une première journée organisée avec succès en 2010 par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) et la chaîne de télévision Arte, les Journées de l’Archéologie deviennent un rendez-vous culturel et scientifique national, organisé sous l’égide du ministère français de la Culture et de la Communication. Cet événement vise à sensibiliser le public aux enjeux contemporains de la recherche archéologique, à ses disciplines et ses méthodes, comme à la richesse et la diversité du patrimoine archéologique. Encore une fois, comme il y a deux semaines, les musées d’archéologie seront également mis à contributions puisque le thème de cette année est « De la fouille…au musée ». Sur le programme de la manifestation 33 « portes ouvertes » sont proposées sur des chantiers en cours de fouilles. Des sites archéologiques font l’objet d’ouvertures ou de visites exceptionnelles. Dans les monuments et les musées, conservateurs et archéologues proposent au public une présentation des collections éclairée par leur expérience de terrain. Les Journées nationales de l’Archéologie sont aussi l’occasion pour le public de découvrir les différents métiers pour mieux saisir le processus qui relie le terrain, l’analyse des résultats en laboratoire et la présentation des vestiges.

Journées de l'Archéologie
Extrait de l’affiche des Journées de l’Archéologie.

De leur côté les amis de la nature, poursuivent la 5ème édition de la Fête de la Nature commencée le 18 mai partout en France. Cette année le thème de la manifestation est “L’insolite à votre porte !”. La Fête de la Nature est un événement national, qui permet à tous de vivre des rencontres au cœur des sites naturels les plus remarquables ou les plus quotidiens sous la désignation de la nature en ville! Suivant nos voisins français, la Fête de la nature se déroule pour la deuxième fois dans toute la Suisse romande! Plus de 70 partenaires se sont associés à la revue La Salamandre et à son rédacteur en chef Julien Perrot, pour proposer plus de 200 sorties et événements gratuits aux amoureux de la nature. Et parfois, ces derniers sont également passionnés par l’archéologie. Du reste, en Suisse, les textes de loi qui concernent l’archéologie se trouve contenus dans la Loi fédérale du 1er juillet 1966 sur la protection de la nature et du paysage (LPN), ce n’est donc pas un hasard. Ainsi, d’une certaine manière, il semble normal que spécialistes de l’archéologie et de la protection de la nature se retrouvent ensemble, le temps d’un week-end, pour procéder ensemble à la réfection d’un mur en pierres sèches ou a échanger leurs connaissances sur l’histoire des forêts, par exemples. A quand donc des journées de l’archéologie en Suisse, voire même une organisation commune de ces deux manifestations en France et en Suisse ? Ne serait-ce pas un beau mariage ? En plus d’y participer, on a le droit d’en rêver.

Voyage dans le temps avec son iPad

La société italienne Illusionetwork vient de lancer l’application i-MiBAC Voyager suite de l’application Voyager X-Drive. L’application i-MiBAC Voyager transforme un iPhone ou un iPad en une véritable machine à voyager dans le temps. Elle vous permet de parcourir l’ancien Forum romain et de le visiter comme si vous vous trouviez projeté à l’apogée de sa splendeur sous le règne de l’empereur Constantin le Grand en 320 après J.-C. Le logiciel présente deux modes de navigation : l’un hors ligne (utilisable chez soi, par exemple) et l’autre en-ligne praticable directement dans le Forum romain en utilisant le dispositif de géo localisation d’Apple. Hors site, les fonctions de navigation 3D et d’exploration du Forum sont rendues possibles grâce à des touches de déplacement, comme c’est le cas dans les jeux vidéo. L’application i-MiBAC Voyager a été parrainée par le Ministère italien des biens et de l’activité culturels (MIBAC), d’où son nom et peut être téléchargée gratuitement à partir de l’Apple store.

Prêt à voyager dans le temps

Si vous avez la chance de vous trouver à Rome, le plus spectaculaire des deux modes est bien entendu le deuxième. Grâce au GPS, à la boussole et à l’accéléromètre intégrés dans votre iPhone ou votre iPad l’emplacement exact de l’utilisateur sur le Forum romain est détecté. Il suffit alors de bouger son appareil, à droite ou à gauche, en haut ou en bas, pour voir s’afficher sur l’écran, les reconstructions 3D des monuments et bâtiments observés à travers l’objectif de la caméra. De plus grâce à l’audio-guide intégré, une description du monument visionné peut être entendue dans différentes langues (pour l’instant seulement en italien et en anglais) en activant une simple touche tactile. Autrefois, si on ne voulait pas forcer sur son imagination, on achetait un guide visuel du Forum romain qui présentait d’un côté une photo des différentes ruines et, sur une page en regard, une restitution graphique du même monument que l’on pouvait parfois superposer, par simple transparence de l’une des images sur l’autre. Grâce à la réalité augmentée, plus besoin de guide illustré. Il suffit à l’utilisateur de parcourir les ruines antiques, pour voir s’afficher en temps réel l’ancien état des monuments, comme on peut le voir dans cette démonstration sur YouTube. Une démonstration plus complète de la version précédente est proposée avec commentaires en italien (partie 1, partie 2). Bon voyage dans le temps dans le cœur antique de la Ville éternelle, urbi et orbi !

Les secrets de La Table ronde

Dans un champ situé à l’ouest et en contrebas du château de Stirling en Ecosse, se trouvait autrefois un jardin royal. La partie ornementale du jardin connue sous le nom de King’s Knot (le nœud du roi) est tout ce qu’il en reste. Dans le centre du nœud, se trouve une butte plate d’environ 15 mètres de diamètre et de 2 mètres de hauteur, qui bien qu’insérée dans la partie centrale du nœud semble être de beaucoup antérieur à l’ensemble du jardin qui daterait de l’année 1620. Parmi les théories échafaudées durant des siècles figurent: un tumulus de l’âge du fer, un camp romain et même la Table ronde où le roi Arthur réunissait ses chevaliers. Pour enfin lever une part du mystère entourant ce lieu (voir vue panoramique), une première campagne de prospection débutera dès demain, et devrait durer jusqu’à la fin de la semaine prochaine.
The King's Knot, Stirling
Le King’s Knot (image : Amy Palko, Flickr)

La Société d’histoire locale de Stirling(SLHS) et la Société d’archéologie de terrain de Stirling se joindront à des spécialistes du Département d’Archéologie de l’Université de Glasgow pour effectuer un relevé géophysique de toute la surface. Le projet est subventionné par les organisations Historic Scotland et Stirling City Heritage Trust. La technique géophysique utilisée permettra de sonder le sol jusqu’à une profondeur de un mètre, sans destruction des éventuelles structures enfouies. Les responsables de cette étude espèrent ainsi obtenir un éclairage nouveau sur ce monticule énigmatique. Le blog de la SLHS, ainsi que le Smith Museum de Stirling devraient rendre compte, jour après jours, des résultats obtenus. Au mois de septembre, une seconde phase d’investigation devrait avoir lieu, et les résultats finaux de ces analyses sont attendus pour l’assemblée générale de la SLHS, en avril 2012.

Les objets de la Nuit des Musées 2011

Le samedi 14 mai, pour la septième année consécutive, les Musées européens ouvrent leur porte la nuit. Pour l’occasion, le site Internet dédié à l’événement du ministère français de la Culture a fait peau neuve, et constitue un véritable portail d’information pour l’ensemble de la manifestation partout en Europe. Cette nuit-là, près de 3000 musées dans 40 pays du Conseil de l’Europe ouvrent leurs portes. Le lendemain, sera suivit, comme d’habitude, par la journée internationale des musées. Dimanche 15 mai, c’est la mission de mémoire des musées qui sera au centre de la Journée des musées 2011. Pour cela, une série de questions chercheront réponses : «  quels sont les objets et souvenirs que collecte le musée, et quelles sont les raisons de ces choix? Comment préserver des objets pour le présent et pour l’avenir? Comment recherche-t-on l’histoire des objets? Et comment partager ces histoires avec les publics? ». Vaste programme !

Nuit des Musées 2011
Extraits de l’affiche de la Nuit des Musées 2011

Pour ces deux journées et cette nuit, pour la deuxième année consécutive, les musées français et suisses de l’Arc Jurassien ont élaboré un programme commun. Résultant d’une coopération entre la Direction général des Affaires Culturelles de Franche-Comté et l’Association des Musées Suisses de l’Arc Jurassien, ce programme regroupe l’ensemble des propositions des musées de la région le soir de la Nuit et du Jour d’après. Au-delà de la frontière qui nous sépare, il existe un véritable lien géographique et culturel entre ces deux régions. Il est naturel que les musées, conservateurs du patrimoine, profitent de cette double occasion pour souligner ce qui nous rassemble et se jouer de nos différences. Une invitation à découvrir aussi les musées de nos voisins.

Vrais-faux et faux-semblants au Laténium

Se poser la question du vrai et du faux pour un musée est d’emblée courageux. Car rien de plus désagréable pour un conservateur de musée que d’abriter dans ses vitrines des falsifications, autres que des copies qu’il sait être des fac-similés. Parfois pourtant, ce que l’on croyait authentique se révèle faux, et face à une tromperie, rien à faire, sinon admettre l’erreur. Entièrement conçue par l’équipe du Parc et Musée cantonal d’archéologie de Neuchâtel, ou Laténium, l’exposition qui s’ouvre aujourd’hui, intitulée «L’âge du faux», invite ses visiteurs à distinguer les objets authentiques des contrefaçons. Comme l’annonce la plaquette d’information de l’exposition, «certains de ces objets sont de « vrais » faux ; d’autres ne sont qu’à moitié faux, et nombre d’entre eux sont de vraies trouvailles archéologiques dont l’étrangeté défie la compréhension des spécialistes. Or, pour faire la part des choses, le visiteur doit tenter l’expérience du faux !». Cette exposition m’a ainsi rappelé la visite d’une autre exposition sur le même thème présentée en 1990 au British Museum intitulée : « Fake ? The Art of Deception ». On y voyait des falsifications autrement plus célèbres que celles présentées au Laténium, comme les véritables ossements de l’homme de Piltdown (une copie partielle est présentée au Laténium), ou l’un des fameux crânes de cristal. Pourtant le Laténium a manqué de frapper un grand coup à l’occasion de cette exposition. Il aurait été intéressant de rechercher de tels vrais faux au sein de ses propres collections. Ces dernières abritent peut-être un objet qui aurait pu passer de l’exposition permanente à l’exposition temporaire.

L'âge du Faux
Extrait de l’affiche de l’exposition

En effet, la collection permanente du Laténium présente dans l’une de ses dernières vitrines, ce qui est connu comme le plus vieux vestige humain de Suisse, à savoir: un maxillaire supérieur appartenant à un Néandertalien. Exhumé en 1964 au fond de la grotte de Cotencher, sur la commune de Rochefort dans le canton de Neuchâtel, ce maxillaire a été attribué à une femme âgée d’une quarantaine d’année. Celle que l’on appelle la «Dame de Cotencher» est depuis sa découverte l’une des célébrités du musée, avec Julia, une princesse impériale romaine, dont le buste original est présenté dans l’exposition en regard de son fac-similé en résine, si fidèle à l’original, qu’il est difficile de distinguer le vrai du faux. S’il m’est personnellement impossible de juger en quoi cette mandibule est vraiment néandertalienne (d’autres spécialistes s’en sont chargés), le lieu de mise au jour prête sujet à caution, comme en témoigne le récit de la découverte. Le découvreur n’était pas un archéologue professionnel, mais un collectionneur d’objets archéologiques préhistoriques. C’est au cours d’une visite guidée de la grotte qu’il effectuait lui-même, qu’il a découvert devant témoins cette mandibule dans la coupe stratigraphique exposée. Est-ce juste un petit tour de passe-passe qu’on appelle dans le métier un salage de couche, et dont ce blog s’est déjà fait l’écho? Toujours est-il que cette trouvaille lui a valut une certaine reconnaissance. Ces faits sont connus de nombreux archéologues, notamment à Neuchâtel, d’autant plus que sa collection (acquise par le musée d’archéologie après son décès) mériterait aussi une étude critique. L’équipe du Laténium aurait pu saisir cette occasion pour pratiquer quelques analyses physico-chimiques permettant de déterminer si la mâchoire avait bien passé 40’000 ans dans cette couche archéologique. Le Musée saurait de manière définitive s’il possède là un objet authentique ou une falsification. Un musée ne doit pas avoir peur de pratiquer de tels examens. Ces fraudes font partie de l’histoire de l’archéologie ou de l’art et témoignent d’une époque où ces disciplines étaient confondues avec une chasse au trésor. Le Laténium a jusqu’au 8 janvier 2012 pour prêcher la vérité, sans faux-fuyants. Le musée doit tenter l’expérience du vrai !

Indiana Jones au musée

Le Centre des sciences de Montréal profite du 30e anniversaire de la sortie du premier film de la série  pour présenter en primeur mondiale, à partir d’aujourd’hui 28 avril, l’exposition intitulée « Indiana Jones et l’aventure archéologique ». En se basant sur les quatre films de la série Indiana Jones l’exposition fait le lien entre la fiction et la réalité de 14 sites archéologiques que le célèbre archéologue a parcourus lors de ses aventures. Les visiteurs sont guidés en alternance sur la «Piste d’Indy» et dans des «Zones archéologiques». Pour le parcours de la «Piste d’Indy», Lucasfilm a prêté plus de 200 costumes et accessoires provenant des quatre tournages. Il est ainsi possible de voir, entre autres, la fameuse Arche d’alliance des Aventuriers de l’arche perdue, le squelette en cristal d’Akator sur son trône, la motocyclette de Matt, de même que le chapeau et le fouet du héros. L’expérience de visite est enrichie par une tablette numérique, un compagnon de visite portatif gratuit qui contient deux heures de contenu interactif sous forme de films et de textes. La visite sans la tablette est du reste impossible, puisqu’aucune vignette descriptive n’accompagne les pièces exposées. Une quête virtuelle est également proposée pour permettre à chacun d’expérimenter la science de l’archéologie.
L'aventure archéologique
Extrait de l’affiche de l’exposition

En parcourant les « zones archéologiques », les visiteurs découvrent l’évolution de l’archéologie du premier tiers du 20e siècle jusqu’à nos jours. Les quatre zones archéologiques de l’exposition correspondent aux étapes fondamentales du travail d’un archéologue: la quête, la découverte, l’enquête et l’interprétation. Ces zones regroupent des artefacts et documents archéologiques uniques en provenance du Penn Museum, de la National Geographic Society et de la Ville de Montréal. Parmi les objets les plus impressionnants de l’exposition, on retrouve entre autres une collection d’artefacts en or du cimetière royal d’Ur, une série de neuf récipients magnifiquement décorés de la culture Nazca au Pérou, la plus ancienne carte du monde connue à ce jour, ainsi que la plus ancienne preuve de l’origine de la vinification. «Indiana Jones et l’aventure archéologique» se tient au Centre des sciences de Montréal jusqu’au 18 septembre 2011. L’exposition voyagera ensuite pendant six ans dans une dizaine de villes d’Europe et d’Asie et comme le conclu le trailer sur You Tube accompagnant l’événement, «Indiana Jones et l’aventure archéologique» sera bientôt dans un musée près de chez vous.

Des archéologues dans le ciel et l’espace

Devenir archéologue sur Google Earth. Tel est la proposition faite à ses lecteurs par la revue d’astronomie Ciel et Espace, qui consacre dans son numéro du mois de mai un article sur les archéologues ayant échangé leur truelle contre une souris pour découvrir de nouveaux sites archéologiques. On y raconte ainsi l’aventure de Scott Madry, qui à partir de 2005, à l’exemple de Luca Mori, s’est mis à ausculter les images satellites de la Bourgogne, en lieu et place de photos aériennes. De même que celle de David Kennedy, un australien qui annonça au mois de février de cette année la découverte de 2000 sites en Arabie Saoudite, un pays où il n’est même jamais allé. Luc Lapierre et Lionel Decramer sont, quant à eux, parvenus à suivre le tracé de la voie romaine reliant Toulouse à Narbonne grâce aux images satellites. Enfin, la Nasa elle-même n’est pas en reste puisqu’elle participe a quelques projets dans ce domaine, comme à Angkor ou au Yucatán. Ciel et espace, à titre d’exemples, a édité une page Internet donnant des liens permettant de visiter quelques uns des sites découverts grâce à Google Earth.
Géoportail et INRAP
L’INRAP sur le Géoportail de l’IGN

Ciel et Espace invite aussi à redécouvrir le Géoportail de l’Institut géographique national français (IGN), qui depuis le 17 mars, en partenariat avec l’Institut National de Recherche en Archéologie Préventive (INRAP), a mis en ligne une nouvelle couche d’information comprenant les principales interventions menées par l’INRAP depuis sa création. Pour y accéder rien de plus simple. Une fois sur le Géoportail il suffit d’ouvrir dans le catalogue des couches le dossier “Culture et Patrimoine”, puis cochez la couche “Archéologie préventive”. D’un seul clic, des centaines d’icones INRAP couvrant le territoire français se révèlent et permettent de localiser et d’accéder directement aux divers chantiers. Un clic sur une icone affiche une notice descriptive du site archéologique et les informations disponibles, à savoir : reportages vidéos, visites virtuelles, communiqués de presse, événements. La navigation est facile et l’on prend plaisir à découvrir ainsi l’importance des découvertes réalisées par l’archéologie préventive française. L’équivalent du Géoportail existe également en Suisse. Depuis le 14 avril 2011, l’Office fédéral de la topographie (Swisstopo) offre même un nouveau service internet, portant le nom de « swisstopo web access – WMTS» (WMTS pour Web Mapping Tile Service), permettant d’intégrer facilement la Carte nationale et les images aériennes de la Suisse sur son propre site Internet. Il ne reste plus qu’à l’Association des archéologues cantonaux ou au Comité d’Archéologie suisse de demander à l’Office fédéral de la topographie (Swisstopo) de créer une couche des interventions archéologiques, en plus des réserves d’oiseaux cantonales ou des surfaces agricoles cultivées. Et pourquoi pas y chercher de nouveaux sites.