10 ans, ça se fête ou se commémore!

10 ans, ça se fête ou se commémore!

Il y a des événements qui frappent tant l’imagination que des années plus tard on peut dire exactement ce que l’on faisait ce jour là. Il y a dix ans, mardi 11 septembre 2001, au moment des attentats, je me trouvais à Genève pour une soutenance de thèse sur le Campaniforme, celle de Marie Besse, actuelle professeure de la chaire de préhistoire au Département d’anthropologie de l’Université de Genève. Les Etats-Unis commémorent aujourd’hui le dixième anniversaire des attentats. Au Japon aussi, on se souvient du tremblement de terre et du tsunami qui ont eu lieu il y a six mois dans la région de Fukushima. A Hauterive, près de Neuchâtel, c’est à une autre manifestation, moins dramatique, à laquelle la population a été conviée et auquel j’ai participé, celle des «10 ans, ça se fête» du Laténium, avec un slogan digne des meilleures campagnes de marketing: «Une fête attendue depuis 50’000 ans!». Cependant, la coïncidence des événements n’est dû qu’à un hasard du calendrier, car en fait, la cérémonie d’inauguration du musée eu lieu le vendredi 7 septembre 2001, et la première ouverture au public le 8 septembre, donc quelques jours avant le fatidique 11 septembre. Cette ouverture concrétisait le rêve fait 22 ans auparavant par Michel Egloff, de construire dans le canton de Neuchâtel un musée archéologique digne de son passé.

Les maisons néolithiques de Champréveyres
Trois maisons néolithiques en cadeaux d’anniversaire

A l’époque plus de 20’000 personnes avaient profité des journées portes-ouvertes pour visiter durant le week-end la nouvelle institution muséale. Aujourd’hui, pour cet anniversaire, une foule importante était également présente. Une riche palette d’activités était au programme de l’institution, à la fois à l’intérieur du Musée, mais surtout dans le Parc d’archéologie, avec entre autres des démonstrations de tissage néolithique, de taille du silex, de datation dendrochronologique et de fonte du Bronze. Des sangliers à la broche étaient au menu du jour de la cantine, accompagné de musique et de danse celtique, comme lors des banquets d’un fameux village d’irréductibles Gaulois. Enfin chacun pu admirer les reconstitutions de trois des six maisons de la première phase de construction du village néolithique d’Hauterive-Champréveyres de la civilisation de Cortaillod. Lors de l’inauguration du Laténium il y a dix ans, René Felber, en tant que président de la Fondation La Tène avait dit ces paroles : «Quel que soit l’endroit où nous vivons, il y a toujours eu quelqu’un avant nous». Cela est vrai à Hauterive Champréveyres, où avant le Laténium des chasseurs du Paléolithique, et des agriculteurs lacustres s’étaient autrefois établis. Cela est vrai également à New-York, où à Ground Zero, dans le chantier de construction du parking du futur World Trade Center et du Musée-Mémorial du 11 septembre, les archéologues ont mis au jour l’épave d’une embarcation du 18ème siècle, dans un lieu qui devait être à l’époque un ancien ancrage de l’Hudson. Une découverte qui n’aurait sans doute jamais pu avoir lieu, sans la destruction des tours jumelles il y a dix ans.

Des Palafittes bien encadrés

C’est au Laténium à Hauterive que l’Office fédéral de la culture et l’association Palafittes ont conviés les autorités et le public averti à une cérémonie officielle de remise des certificats d’inscription des sites palafittiques préhistoriques autour des Alpes au Patrimoine mondial de l’UNESCO. C’est Claude Frey, président de l’Association Palafittes qui officiait en tant que maître de cérémonie pour donner la parole tour à tour au conseiller d’Etat neuchâtelois Philippe Gnaegi, à un Herr Professor Doktor autrichien, responsable du groupe de coordination international, à Didier Burkhalter, conseiller fédéral, chef du Département de l’intérieur, de l’éducation et de la culture, et, enfin, à Kishore Rao, directeur du Centre du Patrimoine mondial de l’UNESCO. Entre les deux derniers orateurs, furent remis des certificats bien encadrés du Patrimoine mondial au conseiller fédéral et aux ambassadeurs des cinq autres états ayant contribués à cette candidature réussie à savoir l’Allemagne, l’Autriche, la France, l’Italie et la Slovénie.
Remise des certificats
Remise des certificats sous cadre

Ce n’est pas par hasard si le Laténium a été choisi comme cadre de cette célébration. D’une part, la salle des Lacustres est un bon exemple de ce que le public doit découvrir concernant des Palafittes qui, par ailleurs, sont très discrets, sinon engloutis et en très grande partie invisibles. D’autre part, ce magnifique écrin, comme ont aimé à le décrire les orateurs, fêtera ce week-end un important anniversaire. Dimanche, 11 septembre, « une fête attendue depuis 50’000 ans » célébrera sa première décennie. Mais c’est demain à 17h, qu’aura lieu la cérémonie officielle des dix ans du Musée et Parc archéologique de Neuchâtel, à Hauterive. A cette occasion, le Laténium inaugurera la reconstitution grandeur nature de trois maisons du village néolithique du site de Hauterive/Champréveyres, offertes, en guise de cadeau d’anniversaire, par la Fondation La Tène. De plus, le musée célébrera son jumelage avec les musées de Bibracte en Bourgogne et de Manching en Allemagne. Ce lien entre les trois musées se manifestera concrètement par l’exposition dans les trois lieux d’Artéfact 2, une œuvre créée par les artistes conceptuels Charles-François Duplain et Yves Tauvel, créateurs, il y a dix ans, d’Artéfact, œuvre consistant au semis dans les allées du parc archéologique de 75’000 répliques en bronze d’un caillou, tous identiques, hormis leur numéro. Même s’il n’y a pas le feu au lac, comme on dit chez nous et comme l’a rappelé Didier Burkhalter dans son discours, ce week-end sera sans doute la dernière occasion de découvrir l’un ou l’autre de ces artéfacts dans les allées du parc, car la réserve est prête d’en être épuisée.

Horizons 2015 et médias sociaux

Le concours d’idées lancés par le projet Horizons 2015 l’année dernière a récolté une trentaine de contributions. L’assemblée des délégués a réparti ce printemps ces contributions en quatre thématiques dont on trouve les particularités dans la page « actualité » du site internet de l’association. Entre le 31 août et le 7 septembre, trois groupes de travail se sont formés pour aborder l’une ou l’autre de ces thématiques. Pour ma part je me suis retrouvé dans le groupe de travail dénommé « Nouvelles technologies – médias » qui s’est réuni le 31 août à Fribourg dans la salle de conférence du Service archéologique cantonal. Cinq des participants au concours d’idées étaient présents à cette séance conduite par Georg Matter, membre de l’association faîtière d’Horizons 2015, et l’un des directeurs de l’entreprise ProSpect, l’une des rares entreprises privées active dans le domaine de l’archéologie. Après un rapide tour de table des différentes idées proposées, il fut convenu que la prochaine étape de ce groupe de travail serait de faire une évaluation de tout ce qui existe déjà en matière de communication archéologique en Suisse et, dans une seconde temps, de se demander ce que l’on pourrait faire de mieux pour améliorer la situation.

Exemple d’un réseau archéologique organisé

En première analyse, ce qu’il semble manquer à l’archéologie suisse, c’est une véritable communauté d’intérêt. Qu’il s’agisse des services cantonaux ou des universités on constate que chacun reste cloisonné dans son cadre institutionnel et ses frontières cantonales. Il manque aux archéologues une réelle plateforme commune qui permettrait aux professionnels de communiquer entre eux et de s’adresser en même temps au grand public. Le site internet actuel d’Horizon 2015 ne va pas à l’encontre de cette impression, au vu de l’absence de discussion dans son forum. Il nous manque en somme une véritable utilisation des médias sociaux pour former une solide communauté en ligne, soit d’avoir un ou des «community manager» pour organiser et gérer un vrai réseau social avec toutes les parties concernées. Est-ce que notre attachement au passé nous empêche d’utiliser les moyens du présent pour nous projeter dans l’avenir ? Ou n’est-ce qu’un simple problème de génération ? Je laisse à chacun le soin de répondre à cette question: Que pouvons-nous faire ? et de faire état, ici ou ailleurs, de sa ou de ses solution(s). Pour ma part, en tant que responsable nouvellement désigné du groupe de travail « Nouvelles technologies et médias sociaux», je vais poursuivre ce blog, point de départ de mes réflexions. De plus, à titre personnel, je m’apprête à suivre une formation de spécialiste en médias sociaux et communautés en ligne qui me donnera les moyens, je l’espère, de sortir mon horizon 2015 de l’ornière.

Faim d’archéologie au Québec

Pour la septième fois, le Québec connaîtra en août son Mois de l’archéologie. En reprenant le slogan de l’année 2007 : « L’archéologie, j’en mange !», ce seront pour une bonne part des activités liées à l’alimentation qui seront présentées au grand public québécois. Une quarantaine d’archéologues et de spécialistes animeront plus de 90 activités et entretiens répartis dans 53 lieux différents. Parmi les activités proposées, à relever l’ouverture de 18 fouilles dans 8 régions différentes de la Belle Province. Organisée sous l’égide du Réseau Archéo-Québec, la réalisation du Mois de l’archéologie est rendue possible grâce au soutien du Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, ainsi qu’à l’appui du Ministère du Tourisme du Québec et de Parcs Canada.

L’archéologie, ils en mangent au Québec !

L’effort fait par nos collègues québécois est louable. Les activités liées à notre profession se doivent d’être ouverte au grand public car une partie de celui-ci manifeste un réel intérêt pour le passé. Mais comme le révèle une enquête IPSOS « Image de l’archéologie dans le grand public » effectuée pour le compte de l’INRAP, l’intérêt pour l’archéologie est au même niveau que celui de l’astronomie, soit loin derrière l’art, la mode ou le théâtre. Même si 19% de la population semblent intéressés au passé, il faut cependant constater que lors des nombreuses manifestations organisées spécialement pour elle, telles les Journées de l’Archéologie, on ne touche pas même le 1% de la population d’un pays. Ainsi en 2006, bien que plus de 27’000 personnes (sans tenir compte des doubles comptes) aient participé au Mois de l’Archéologie au Québec, cela ne représentait pas même le 0,36% de la population résidente. Il reste donc encore beaucoup d’efforts à faire pour sensibiliser et intéresser la population à nos patrimoines archéologiques, en Suisse, en France, au Québec et partout dans le monde.

Les Palafittes des Trois-Lacs mis en réseau

Il n’a pas fallut longtemps aux responsables politiques de la région des Trois-Lacs pour voir tout le parti qu’ils pourraient tirer, entre autre d’un point de vue touristique, du classement des sites palafittiques préhistoriques au patrimoine mondial de l’UNESCO. Aujourd’hui, 11 juillet 2011, dans le domaine de Sutz-Rütte, base terrestre des plongeurs d’archéologie subaquatique du canton de Berne, les autorités politiques des cantons de Berne, Neuchâtel, Fribourg et Vaud, comme l’indique ce communiqué de presse, ont manifesté leur volonté de travailler en collaboration plus étroite pour renforcer encore davantage l’identité culturelle de la région. Autour des Trois-Lacs se trouvent 22 sites palafittiques, sur les 111 sites classés par l’UNESCO, sélection d’un ensemble de près de 200 sites palafittiques, soit près de la moitié des 450 sites de Suisse et un cinquième des quelque mille sites se trouvant autour des Alpes. Pourtant il faut encore « rendre visible l’invisible », comme l’indique la brochure d’information et comme l’a rappelé le conseiller d’Etat neuchâtelois Philippe Gnaegi, car tout est encore à faire dans ce domaine. Le 8 juillet, un groupe de coordination a été créé. Ce groupe est composé d’un représentant par canton ayant des sites lacustres. Son rôle sera notamment de veiller à l’application du plan de gestion défini dans la candidature. Il suivra également les procédures de protection.

Le village lacustre de Gletterens

Selon les conclusions de Bernhard Pulver, conseiller d’Etat bernois en charge du département de l’instruction publique et président de l’exécutif, pour mettre en place cette collaboration les quatre cantons se sont fixés quelques priorités: 1° les cantons vont coordonner leurs activités archéologiques sur le terrain et leurs travaux scientifiques dans le cadre des possibilités légales ; 2° la médiation culturelle sera améliorée et renouvelée au moyen de mesures dans le domaine du tourisme avec une extension de l’application iPhone « Pallafites Guide » déjà réalisée; 3° le travail de sensibilisation auprès du grand public et des autorités sera intensifié par des mesures de communication efficaces ; 4° les cantons de Fribourg, de Neuchâtel, de Vaud et de Berne amélioreront la transmission du savoir à l’école primaire, avec l’idée de la mise en place, dans le futur, d’un manuel d’enseignement commun moderne. Mais, comme l’a souligné François Marthaler, il incombera aux cantons et aux services archéologiques cantonaux respectifs, de reprendre la question du financement, entre autres avec l’Office fédéral de la culture. Une implication fédérale forte paraît indispensable. Les musées de la région ainsi que les centres d’interprétation, comme celui du village lacustre de Gletterens, sont appelés a jouer un grand rôle dans le cadre de leurs activités de médiation culturelle.

Archéologie et protection des biens culturels

L’Office fédéral de la protection de la population (OFPP) est l’organe compétent en matière de protection des biens culturels. La section Protection des Biens Culturels (PBC) de l’OFPP travaille en étroite collaboration avec les services cantonaux pour établir un recensement des principales zones archéologiques de Suisse. L’Inventaire PBC 2009 dénombre environ 350 sites archéologiques d’importance nationale. Cet inventaire permet à l’OFPP de soutenir financièrement les services d’archéologie cantonaux dans la création de documentations de sécurités. De plus, la Suisse compte une centaine de musées cantonaux, communaux ou privés dépositaires de collections archéologiques. La Convention de La Haye de 1954 impose aux États contractants la protection et le respect des biens culturels en cas de conflit armé mais aussi en temps de paix. Consacré à l’archéologie, le numéro 17 du Forum PBC (téléchargeable sur le site de l’OFPP) propose 20 articles présentant un aperçu assez complet de l’archéologie suisse et du contexte international dans lequel elle évolue dans le cadre de la PBC.


Extrait de la couverture du Forum PBC 17

Ce numéro traite aussi bien des aspects scientifiques, administratifs, politiques et juridiques de l’archéologie, que des méthodes de prospections ou de fouilles et de conservation en fonction de la nature variable des vestiges. Ainsi, qu’il s’agisse de villages palafittiques submergés, de mosaïques romaines, de châteaux et d’églises du Moyen-âge, ou d’anciennes structures de productions industrielles, des soucis de documentation, de protection et de préservation durable pour les générations futures s’imposent. Cela commence par des inventaires détaillés de ces divers témoignages, et, si on ne peut faire autrement, doit se poursuivre par des fouilles. Se pose alors le problème de la gestion des dépôts de fouilles, souvent pleins à craquer, et disséminés un peu partout sur le territoire dans des lieux pas toujours adaptés à une conservation à long terme. Faut-il pour autant arrêter de fouiller ? Enfin, on répond à la question de savoir à qui appartiennent les objets archéologiques dans un monde qui connait l’usage du détecteur de métaux, le pillage organisé et le trafic illicite de biens culturels archéologiques. L’ensemble des articles a été rédigé par des responsables et des spécialistes dans leur domaine et est instructif pour tous.

Les Palafittes sont inscrits au Patrimoine mondial

Aujourd’hui à Paris, 27 juin 2011, après les anciens villages du nord de la Syrie, les oasis d’Arabie Saoudite et les jardins persans d’Iran, la 35ème session du Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO a dit OUI à l’inscription en série et transnationale des « Sites palafittiques préhistoriques autour des Alpes ». La décision est tombée à 17h46, soit à peine 14 minutes avant la petite fête organisée au Laténium pour célébrer l’évènement. La candidature présentée par six pays, l’Allemagne, l’Autriche, la France, l’Italie, la Slovénie sous l’égide de la Suisse, fait état de quelque 1000 sites palafittiques, mais seuls 111 ont été retenus finalement en raison de leur grand potentiel scientifique. Ce qui est paradoxal c’est que certains sites parmi les mieux étudiés et connus et qui ont permis d’enrichir nos connaissances sur les sociétés préhistoriques des bords de lacs, n’en font pas partie, car comme on le sait, toute fouille dans ce domaine conduit à la destruction du site. Aussi, les 111 sites choisis, bien souvent mal connus, vont surtout servir de réserve archéologique, et leur potentiel scientifique ne serra pas appelé à se révéler prochainement. Sur la plupart des gisements, il n’y aura donc rien à voir sur place, et seule une application géoréférencée pour iPhone « Sur la trace des Lacustres » téléchargeable dès ce soir permet de signaler les 56 sites suisses.


La bonne nouvelle annoncée au Laténium

Comme nous l’avons déjà précisé dans ce blog, le terme « Palafittes », recouvre un ensemble d’habitats de bords de lac, d’étangs ou de marais, attribués à plus de 30 groupes culturels différents, datés entre 5000 et 800 av. J.-C., distribués entre le Néolithique, l’âge du bronze et le début de l’âge du fer. De fait, ce sont les musées qui présentent des collections issues des gisements déjà fouillés, comme le Laténium, qui devraient pouvoir exploiter au mieux l’inscription des palafittes sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. En effet, ils accumulent en grand nombre dans leurs dépôts les témoignages issus de plus de 150 ans de découvertes et de recherches lacustres. Des reconstitutions en plein air de ces sites, comme le village lacustre de Gletterens, devraient également profiter de ce nouveau statut pour ajuster leur campagne de promotion auprès du grand public. En attendant, l’heure est à la célébration, et c’est pour cela que par cette belle et chaude journée les membres d’ArchéoNE et les invités du Laténium, archéologues, politiciens et représentants de la Culture ont appris à 18h l’inscription des « Sites palafittiques préhistoriques autour des Alpes » dans le cadre idyllique du Parc et Musée d’Archéologie de Neuchâtel, à Hauterive.

Solstice d’été à Tivoli

Par la présence boréale du soleil au plus loin de l’écliptique, ce jour sera le plus long de l’année dans l’hémisphère nord. Le moment précis, au cours duquel le soleil arrête son ascension dans le ciel est celui du solstice d’été qui aura lieu ce soir à 19h16. On sait depuis longtemps, grâce aux recherches archéoastronomiques, que certains monuments préhistoriques ou antiques sont directement édifiés en fonction d’orientations privilégiées comme celles données par les solstices ou les équinoxes. A Stonehenge, des foules se réunissent chaque année, pour assister au solstice d’été, de même qu’aux équinoxes, au pied d’El Castillo, la grande pyramide dédiée à Kukulcán du site de Chichén Itzá au Mexique. Ce lien entre archéologie et astronomie est présent dans d’autres lieux et sur d’autres monuments. A Rome, on sait que l’Horologium d’Auguste, la Domus Aurea et le Panthéon, possèdent un lien direct avec la position du soleil et les éléments de base du calendrier que sont les solstices, qui marquent le début de l’été ou de l’hiver.

Jeu de lumière solsticiale à la Villa Adriana (photo: M. De Franceschini)

Deux bâtiments de la Villa Adriana, près de Tivoli, à 30 km de Rome à l’instar des monuments romains précités, auraient pu être orientés pour correspondre à la position du soleil lors des solstices. C’est en tout cas ce que l’on peut en conclure des observations réalisées ces dernières années par l’archéologue Marina De Franceschini et l’astronome Giuseppe Veneziano, qui avant de publier un ouvrage plus complet sur la question, ont d’ores et déjà produit un petit fascicule en italien et anglais (à télécharger sur le site) pour rendre compte de leurs premières observations. Dans le premier bâtiment, la Roccabruna, la lumière du soleil pénètre par une fente aménagée dans le mur au dessus d’une porte et vient illuminer une niche où se trouvait une statue de l’autre côté de la grande salle (voir photo ci-dessus). Dans le second bâtiment, le temple de l’Académie, la lumière du soleil passe à travers une série de portes pendant les solstices. Ces deux bâtiments sont reliés entre eux par une vaste esplanade qui se transforme par ces jeux de lumière solaire en une véritable voie sacrée associée aux solstices. Il est possible que d’autres bâtiments de la résidence de l’empereur Hadrien, parmi la trentaine que compte ce site classé au patrimoine mondial de l’Unesco, possèdent également un lien avec la course du soleil. Je ne sais pas s’il y aura foule pour assister au solstice à Tivoli, mais il y aura au moins une personne qui y sera très attentive avec son appareil photo. Aujourd’hui, la journée devrait être bien ensoleillée sur Rome, malgré la présence de quelques nuages. Souhaitons à Marina De Franceschini de belles prises.

Soir d’éclipse totale de Lune

Si les éclipses de Soleil sont à peu près aussi nombreuses que les éclipses de Lune quand on considère la Terre dans son ensemble, on a beaucoup plus de chances d’observer, depuis chez soi, une éclipse totale de Lune. C’est ce qui se passe justement ce soir, au dessus de ma maison. Si de nos jours la plupart des gens ne prêtent plus guère attention à ces phénomènes célestes, qu’ils découvrent plus facilement sur la page d’accueil de Google que de visu dans le ciel, ils demeurent cependant de magnifiques spectacles à observer en direct. Il fut un temps cependant où le cours des astres pouvait décider du destin des hommes qui en étaient les témoins. Du reste, l’observation de ces phénomènes était si importante, qu’aucune armée ne se déplaçait sans avoir auprès d’elle des prêtres, devins ou haruspices capable d’en prédire l’augure, bonne ou mauvaise.

L’éclipse totale de Lune sur la page d’accueil de Google.

Lors de la guerre du Péloponnèse, l’armée envoyée par Athènes pour assiéger la ville de Syracuse en Sicile, alliée de Sparte, était en difficulté et s’apprêtait à lever son camp le plus secrètement possible. Comme le raconte Thucydide, «tout était paré : ils allaient partir, quand il se produisit, au moment même de la pleine lune, une éclipse. La plupart des Athéniens pris de scrupules supplièrent les généraux de surseoir au départ. Nicias, qui accordait aux présages et aux faits de cette nature une importance exagérée, déclara qu’il se refusait à toute délibération sur le départ, avant que trois fois neuf jours se fussent écoulés, selon la prescription des devins. Les Athéniens perdirent du temps et cet incident les fit rester». Les Syracusains profitèrent de ce délai pour détruire la flotte athénienne et ôter à son armée tout espoir de s’échapper. Les Athéniens tentèrent bien de s’enfuir à pied, mais presque tous les hommes furent tués ou réduits en esclavage. Grâce à l’éclipse de Lune, qui eut lieu le 27 août 413 av. J-C on peut dater l’ensemble de cette campagne désastreuse qui provoqua la perte de 29’000 soldats et 200 bateaux, et amena finalement Athènes à une capitulation sans condition en 406 av.  J.-C.

Le Message culture menace le patrimoine

Depuis le 30 mai, le Parlement fédéral est en session. Parmi les décisions habituelles prisent par les parlementaires figurent les allocations de budget, en particulier dans le domaine de la culture. Le budget fédéral de 16 millions de francs par an prévu pour la protection du patrimoine culturel et la conservation des monuments historiques selon le Message culture (voir page 33) pour les prochaines années (2012-2015), ne suffit pas à assurer à moyen et à long terme la conservation de notre patrimoine historique. Ce déficit de financement est d’ailleurs un problème récurrent dans la politique fédérale, comme s’en est déjà fait l’écho à plusieurs reprises ce blog. Demain, soit mercredi 15 juin, les membres du Conseil des États devront se prononcer sur une demande urgente d’augmentation de subventions de l’ordre de 20 millions de francs (5 millions par année) présentée par certains Conseillers aux Etats à la demande pressante des milieux de la protection du patrimoine culturel et de la conservation des monuments historiques.

Évolution et prévision des budgets alloués.

La protection du patrimoine culturel et la conservation des monuments historiques demeurent une tâche conjointe de la Confédération et des cantons, même après la mise en place de la réforme de la péréquation et de la répartition des tâches (RPT). C’est pourquoi la Confédération octroie des aides financières pour la conservation d’objets à protéger. Le Message culture reconnaît que les besoins financiers dans les domaines des monuments historiques et de l’archéologie s’élèvent à quelque 105 millions de francs par an, en ne tenant compte que des objets d’importance nationale. Les 16 millions de francs prévus ne permettraient donc plus à la Confédération d’assumer sa part de la tâche conjointe susmentionnée. Une augmentation de ce budget est donc absolument nécessaire. De fait, comme le montre le graphique ci-dessus, plutôt que d’une augmentation, il s’agit d’ailleurs simplement de renoncer à la réduction proposée, pour maintenir au moins les montants des subventions alloués au budget par le Parlement ces dernières années, qui étaient de l’ordre de 30 millions de francs.