Pour un Musée archéologique des Univers numériques

La dernière exposition de la Maison d’Ailleurs intitulée Play Time s’intéresse à la relation qu’entretient la société avec le monde du jeu vidéo. La présentation du thème s’articule autour de cinq sections, dont une section historique intitulée : Archaeology of Fun. Cette partie de l’exposition qui s’intéresse aux jeux auxquels on jouait avant l’arrivée des jeux vidéo, montre bien qu’il n’y a, dans le fond, pas de grand changement dans la tête du joueur.  Ce dernier peut tout aussi bien être captivé et s’immerger dans des jeux traditionnels ou des jeux de rôles que devant un écran. L’usage des dés permet de produire de l’aléatoire dans le déroulement du jeu et la réflexion ainsi que la prise de décision sont au cœur du jeu d’échec. De plus une paire de dés ou un jeu de cartes, offraient déjà la possibilité d’avoir avec soi un jeu à emporter partout, comme de nos jours un téléphone portable.

Le jeu des Rois ou le roi des jeux

Dans les mondes numériques l’archéologie trouve souvent sa place, soit de manière directe comme dans la série des Tomb Raider, soit sous la forme de monuments ou de ruines archéologiques aperçues aux cours du déroulement du jeu, comme dans certains parcours routiers de Need for Speed. Le joueur progressant dans ces univers enregistre des souvenirs de lieux et de places qui lui deviennent aussi familiers que les espaces de sa réalité quotidienne. Qu’advient-il de ces espaces une fois que la prise est débranchée, ou que la technologie qui les faits exister devient obsolète ? Y-a-t-il une manière de les revoir ou de les conserver ? Devra-t-on un jour penser à classer au patrimoine mondial de l’Unesco certains espaces numériques ? La question est posée. Peut être que pour y répondre on inaugurera un jour le Musée archéologique des Univers vidéoludiques, comme le suggère, dans un des textes du catalogue, José Luis de Vicente, commissaire invité de l’exposition.

Visite virtuelle en Irak

La Mésopotamie, vaste plaine  arrosée par le Tigre et l’Euphrate à l’origine de l’histoire est, archéologiquement parlant, riche de son passé.  Le Pergamon Museum à Berlin, le Louvre à Paris et le British Museum à Londres, peuvent en témoigner. La partie essentielle de cet ensemble culturel se situe sur le territoire de l’Irak. Compte tenu de la situation actuelle dans ce pays, et malgré la réouverture du Musée National en 2009, il est difficile dans le monde réel, pour ne pas dire dangereux,  de visiter les collections archéologiques  irakiennes dans le pays même.  Pour palier à cet obstacle il suffit d’allumer son ordinateur et de se connecter sur Internet pour  accéder à une autre richesse, celle des visites numériques.

Hall d’entrée du musée virtuel

Le Musée National d’Irak, a défaut d’une visite réelle, propose à ses visiteurs potentiels une visite virtuelle de ses salles à l’aide de l’application Google Street View. Mais, s’il est facile de se faire une idée de l’architecture et de la disposition des lieux, en revanche, par ce biais, il est malaisé de voir en détail les objets exposés et impossible de pouvoir s’informer sur eux. Pour atténuer cette déception, dix-sept objets sont présentés en « 3D »,  c’est-à-dire exposés en vision panoramique à 360°. Il s’agit cependant d’objets sans grand intérêt, et, de plus, dépourvus d’une description détaillée. En définitive, ce site internet n’est qu’un site alibi, qui témoigne juste de son existence, malgré les vicissitudes subies ces dernières années. Une équipe italienne, sensibilisée par le drame qu’à connu ce musée a mis en œuvre diverses compétences et ressources  pour  compléter  cette vue d’ensemble virtuelle.  Le projet, soutenu par le Ministère italien des affaires étrangères  en partenariat  avec le Conseil italien de la recherche scientifique, à donner naissance au site : « The Virtual Museum of Irak ». La page d’accueil du site est faite en trois langues, anglais, arabe et italien. A partir de là, un petit film présente par l’image l’histoire du musée, avant d’aboutir dans le hall d’entrée qui permet d’accéder aux huit sections de l’institution. Dans chacune des sections, un choix d’objets caractéristiques des différentes périodes à été effectué, et apporte infiniment plus d’informations et de détail sur ces artefacts que le site officiel du musée. Dommage cependant que les images de ces objets, présentés dans le mode exploration, ne soient pas mieux réalisées. En définitive, l’idéal pour un tel Musée virtuel, aurait été d’associer les contenus virtuels de ces deux sites.

Les archives du sol

Le dernier numéro de la revue « environnement », publiée par l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) téléchargeable ici, traite dans sa partie dossier des principales fonctions du sol. En tant qu’archéologue aimant ouvrir la terre à la recherche du passé, il est utile de s’intéresser à la façon dont les sols se construisent naturellement par l’accumulation de matières organiques et minérales et sous l’action des organismes qu’ils contiennent ou disparaissent sous l’effet de l’érosion. Mais de manière générale, la plus grande cause de perturbation des sols est actuellement due à l’activité humaine, ce qui nécessite nos interventions sur le terrain. En effet, chaque seconde qui passe dans notre pays, c’est près d’un mètre carré de sol qui est transformé en zone industrielle, en surface d’habitation ou en infrastructure de transport. Le sol est aussi une source de matières premières et l’élément essentiel à la production de notre alimentation. Mais lui et les organismes vivants qu’il contient doivent aussi faire face à un danger de pollution de plus en plus important qui menace leur fertilité, et notre propre survie. Au fil des pages on apprend que le plus grand organisme vivant connu est un champignon, dont le mycélium s’étend sur une superficie de neuf kilomètres carrés, qu’il pèse près de 600 tonnes et qu’il serait vieux de 2400 ans. On apprend également que le ver de terre le plus courant peut appartenir à deux espèces différentes. Cette connaissance doit faire plaisir à une étudiante en archéologie que j’ai connue et qui n’aimait pas fouiller par dégoût des vers de terre.

Hochdorf LU (extrait de la couverture)
Ce dossier instructif se termine avec un article avec lequel il aurait pu commencer, puisqu’il traite de la fonction d’archivage du sol. Il est basé sur une interview d’Elena Havlicek, actuellement collaboratrice à la section protection des sols de l’OFEV, qui a eu l’occasion de participer en tant que pédologue aux travaux archéologiques de l’Office cantonal d’archéologie de Neuchâtel, liés au chantier de Rail 2000 et de l’autoroute A5, en particulier sur le site de Saint-Aubin/Derrière la Croix. Cet article montre combien les sols représentent de bons témoins de l’histoire du paysage, du climat et des hommes, tant et si bien que l’on pourrait même être encouragé à définir des “pédotopes”. De fait, comme le rappelle dans son éditorial Gérard Poffet, sous directeur de l’OFEV, les mots « homme » et « humus » proviennent de la même origine étymologique indo-européenne. Il nous faut donc retrouver ce lien qui uni l’Homme à la Terre, en prônant une utilisation durable du sol, car c’est une ressource limitée . En conclusion, nous devons nous aussi veiller dans nos recherches à sa sauvegarde, au même titre que les sites archéologiques qu’il contient, en séparant et en préservant ses divers horizons dans nos travaux de terrassement. Une partie de nos archives du passé s’y trouve aussi.

AS se présente aux parlementaires fédéraux

Le dernier numéro d’as. , la revue d’archéologie trimestrielle éditée par la société Archéologie Suisse (AS), vient de paraître. Il contient un dossier entièrement bilingue, français et allemand, avec un résumé en italien. Ce dossier, d’une dizaine de pages est dédiés à la société elle-même, qui de manière succincte résume ses buts, ses activités récentes ainsi que le rôle de ses deux commissions (Commission scientifique et Commission Archéologie et aménagement du territoire). En plus des membres d’Archéologie Suisse et des abonnés d’as. , ce numéro a été envoyé à tous les élus des dernières élections fédérales. L’objectif de la société étant de se faire mieux connaître et de donner des indications sur ses orientations à venir. Avec l’achèvement des grands projets autoroutiers, qui, en vertu de l’arrêté du Conseil fédéral du 13 mars 1961, incluaient l’archéologie dans les frais de construction des autoroutes, les archéologues devront établir de nouveaux rapports avec les milieux politiques et économiques, pour assurer le financement des grandes fouilles du futur.

Extrait de la revue as 4/2011

Parmi les nouvelles d’avenir, en plus de la réactualisation en projet du site internet d’AS, on apprend que la Commission de surveillance archéologique pour les Routes nationales, structure chargée de coordonner les interventions archéologiques engendrées par la construction des autoroutes entre l’Office fédéral des routes (OFROU) et les Services cantonaux d’archéologie, et dont un représentant d’AS fait partie, va bientôt être remplacée par une nouvelle structure, en raison du changement induit par la Réforme de la Péréquation financière et de la répartition des Tâches entre la Confédération et les cantons (RPT). Ce changement s’est déjà manifesté au mois de juin de cette année par l’engagement par l’OFROU d’un spécialiste pour les questions archéologiques qui « devra à l’avenir assurer dans tous les cantons l’uniformisation des processus  et des instruments en relation avec l’archéologie des autoroutes ». Souhaitons que les 246 élus du Parlement fédéral fassent un bon accueil à cet envoi non sollicité, et qu’un certain nombre d’entre eux aient à cœur de défendre à l’avenir certains des objectifs liés à la protection du patrimoine archéologique.

Profession archéologue

Qu’est-ce qu’un archéologue ? C’est une question à laquelle j’ai été confrontée à de nombreuses reprises. En général je réponds que pour les archéologues, c’est comme pour les médecins, il y a des généralistes et des spécialistes. Le point commun entre tous, c’est que chacun vise par ses diagnostiques et ses traitements à mettre au jour une parcelle du passé de l’humanité à travers l’analyse des vestiges laissés par nos prédécesseurs. C’est cette même question que l’exposition « Profession archéologue », inaugurée le 28 novembre 2011 au siège de l’Unesco à Paris, dans le cadre de la 17ème assemblée générale du Conseil international des monuments et des sites, cherche également à donner une réponse.

Exposition “Profession archéologue” (Photos : Pierre Buch)

Le but de cette exposition itinérante est d’aller au-delà des idées reçues concernant notre profession. Pour ce faire, le photographe Pierre Buch a sillonné sept pays européens pour rencontrer les archéologues dans leur cadre quotidien. La Convention européenne pour la protection du patrimoine archéologique, établie à Malte en 1992, qui donne les bases pour l’établissement de l’archéologie préventive, a changé fondamentalement l’idée que le grand public doit se faire de l’archéologue, encore trop souvent perçu comme un chasseur de trésor à l’exemple d’Indiana Jones, qui a fêté ses trente ans au cinéma, ou celle de Lara Croft, qui a célébré ses 15 ans d’aventures virtuelles. Dans les faits, l’archéologie est plutôt une profession atypique, qui a besoin de reconnaissance officielle, car encore trop souvent assimilée à une forme de dilettantisme. Notre tort, sans doute, c’est d’exercer une profession de rêve, soutenu par notre passion, car l’archéologie est sexy, comme le montre de manière humoristique ce petit film sur YouTube.

Archéovision modélise le passé

« Le colloque Virtual Retrospect 2011 est reporté. Des informations seront données ultérieurement ». C’est par ce message sibyllin sur le site Internet du CNRS que l’on apprend que le colloque biennal organisé par Archéovision, la plateforme technologique 3D de l’Université de Bordeaux 3, qui aurait dû se tenir les 16, 17 et 18 novembre 2011 à l’Archéopôle de Pessac a été renvoyé sine die. En espérant que cette annonce ne cache pas une mauvaise nouvelle, elle me permet de mettre en lumière le travail de l’équipe que dirige Robert Vergnieux, qui collabore actuellement à plus de 100 projets de modélisation 3D. La modélisation, envisagée de manière scientifique en intégrant toutes les données à dispositions permet de recréer, dans un environnement virtuel en 3D, des points de vue que l’on ne peut plus voir, et que l’on a du mal à imaginer autrement.
Archeovision en public
Modélisation devant public du Cirque Maxime

Archéovision regroupe une dizaine de postes de travail, dans le but de disposer d’un panel complet d’intégration des données 3D dans le cadre de recherches en archéologie. Installé dans un bâtiment à côté du centre Ausonius, la plateforme technologique 3D dispose comme outils de travail de scanners pour l’acquisition et la modélisation des volumes, de huit postes informatiques et de logiciels pour la manipulation et la visualisation dynamique des espaces. L’équipe d’Archéovision a créé, entre autres, la représentation virtuelle du Cirque Maxime dans le cadre du projet, Rome Reborn. Grâce à cette modélisation quelques doutes sont apparus quant à la capacité d’accueil de cet hippodrome. Selon les publications faites avant cette restitution, on peut lire que le Circus Maximus pouvait accueillir jusqu’à 250’000 personnes. Or ce que montre le modèle 3D c’est une capacité maximale de 95’000 spectateurs. Ainsi, comme le souligne Robert Vergnieux, la modélisation permet de valider des hypothèses. Aujourd’hui, mon blog Archéo Facts a cinq ans. C’est dans une démarche semblable à celle d’Archéovision que je souhaite poursuivre, avec mon entreprise Archéo Facts, ma présence dans le domaine de l’archéologie.

Le 11.11.11 annonce-t-il la fin du calendrier maya?

Aujourd’hui est une date singulière dans le calendrier grégorien utilisé dans le monde occidental, puisqu’on peut la résumer par une suite de uns, soit 11.11.11. Certains y voient une occasion unique de célébrer leur mariage avec une date dont les couples ainsi formés n’auront pas de difficultés à se souvenir dans l’avenir. D’autres avancent déjà celle du 12.12.12 pour jouer les oiseaux de mauvais augures et annoncer la fin du monde. Ces derniers se voient confortés dans leur croyance par la fin programmée du calendrier maya, le 21 décembre 2012. Les Mayas furent pour l’Amérique ce que les Grecs furent pour l’Occident, la civilisation la plus développée sur le plan des mathématiques et de l’astronomie. Ces connaissances leur permirent de développer un système de calendrier basé sur un ensemble de cycles complets de jours, de mois et d’années.

Modèle de correspondance des cycles calendaires

L’unité de base du système, comme pour nous, est le jour ou kin. La seconde unité, n’est pas la semaine de sept jours, mais l’unial, une série de vingt jours correspondant à nos mois. Dans ce système vigésimal (à base vingt), le troisième niveau de lecture est le tun, qui n’est pas de 20 unials ou 400 jours, mais exceptionnellement de 18 unials soit 360 jours, cycle qui permet de se rapprocher de l’année solaire, qui se termine par un 19ème mois de 5 jours pour compléter l’année. Ce cycle annuel de 365 jours est mis en relation avec un cycle court de 260 jours pour créer un compte long. Ce calendrier complexe se révèle de fait aussi précis que le nôtre puisqu’il permet de donné une date unique à chaque jour qui passe, comme nous pouvons le faire en évoquant, par exemple, le 14 juillet 1789. Sur cette base le début du cycle du calendrier maya, le 0.0.0.0.0 du cycle long correspond au 11 août 3114 av J.-C. et il se terminera le 13.0.0.0.0 du cycle long, soit le 21 décembre 2012. Mais comme la fin d’une année, d’un siècle ou d’un millénaire ne constitue pas pour nous la fin du monde, il en est de même avec le calendrier maya qui amorcera tout simplement un nouveau cycle le 22 décembre 2012. Rendez-vous donc à l’année prochaine !

L’île de Pâques sans dessus dessous

Le musée de la science fiction, de l’utopie et des voyages extraordinaires d’Yverdon-les-Bains, connu autrement sous le nom de La Maison d’Ailleurs, a inauguré hier soir sa nouvelle exposition temporaire intitulée : L’île de Pâques sans dessus dessous. Du 22 octobre 2011 au 8 janvier 2012, cette institution, dirigée par Marc Atallah, se propose de présenter les divers aspects de cette île lointaine dont le nom originel est Rapa Nui. D’une part en exposant des objets issus de diverses collections publiques et privées suisses, rassemblés par Charles-Edouard Duflon révélant la réalité concrète et matérielle de cette terre et de ses habitants depuis son accostage par une frégate hollandaise commandée par le capitaine Jakob Roggeveen le dimanche de Pâques 1722 jusqu’à aujourd’hui. D’autre part en disposant sous forme de livres ou d’illustrations les fantasmes et les spéculations véhiculés par certaines études pseudo-scientifiques qui ont trouvés à se prolonger dans la littérature de science fiction et la bande-dessinée.

Vernissage sans dessus dessous

Lors de son discours d’inauguration, le directeur Marc Atallah a bien démontré par des citations tirées des œuvres de Jules Vernes qu’il y a du sens à lire SANS et non pas SENS dans le titre de l’exposition, et qu’ainsi ce n’est pas une erreur de français. Parmi les personnes présentes au vernissage, a relever celle du belge Bernard Philippe, créateur d’un blog entièrement consacré à l’île de Pâques, et celle du canadien Jean-Hervé Daude, auteur de plusieurs ouvrages publiés ou à venir concernant Rapa Nui et qui est invité à donner aujourd’hui à 16h une conférence sur le thème : “Île de Pâques, carrefour de grandes expéditions extraordinaires”. En bref, l’exposition donne à voir de l’Ile de Pâques à la fois la réalité des objets archéologiques et artistiques et celle de la foison d’œuvres littéraires ayant puisé dans son imaginaire. Pour compléter cette vision deux ouvrages ont été réalisés spécialement pour cette occasion par l’éditeur Frédéric Dawance: « L’Île de Pâques est ailleurs » de Denise Wenger et Charles-Edouard Duflon et « Rapa-Nui. Un rêve nécessaire. L’Île de Pâques dans la littérature, la bande dessinée et au cinéma » de Francis Valéry. Par ailleurs cette exposition fait écho à celle montée à Sion en 2009 « Pierres de mémoire, pierres de pouvoir », qui par la plus heureuse des coïncidences est actuellement à voir jusqu’au 18 décembre 2011 dans le château et le musée d’Yverdon et régions, qui se trouve juste en face de l’entrée de la Maison d’Ailleurs.

Dans le sillage des Arkéonautes

Venant de terminer le premier module d’un cours de formation sur les médias sociaux et les communautés en ligne, je me demande ce que peut être un réseau social pour archéologues et fans d’archéologie? Il semble que notre domaine relié au passé part sur de bonnes bases car la Bible, le Nouveau Testament et le Coran, constituent pour certains spécialistes les premiers récits rédigés comme des hypertextes dans la mesure où ils contiennent des liens entre les différentes parties du texte et que la structure du récit est non-linéaire. De même, une découverte archéologique n’a de valeur qu’à l’intérieur de son contexte, et ce sont les liens entre les artefacts entre eux et leur environnement qui leur donne leur importance. De ce fait, toute antiquité sans contexte archéologique, car issue du pillage de site, ou, ce qui est aussi grave, non publiée, est une découverte perdue pour la connaissance humaine. Encore faut-il faire passer les informations et c’est pour cela que le développement d’une véritable communauté en ligne serait nécessaire.

Un réseau à tisser.

L’archéologie pour se développer à besoin de se constituer en réseaux de connaissances, à la fois humaines et matérielles. C’est dans cet esprit de mise en réseau qu’a été conçu l’Atelier des Arkéonautes (ADA). Ce portail, comme il l’indique dans sa page d’accueil, veut donner la parole « aux chercheurs, enseignants, artistes, professionnels, journalistes, hommes et femmes politiques, représentants de la société civile, ainsi qu’à l’ensemble des acteurs concernés par le patrimoine archéologique » dans le but de le promouvoir et de le valoriser. Ce sont les vidéos qui forment l’essentiel du fonds documentaire de l’association. Pour être en contact avec son public et les internautes, l’ADA s’est enregistré dans de nombreux médias sociaux, tels Facebook, Twitter, Scoop.it, YouTube ou Tumblr. La partie la plus collaborative du site se trouve actuellement sur la plateforme Dailymotion, qui propose, sous la forme de concours, de visionner et de voter d’ici au 6 octobre, pour l’un ou l’autre des films archéologiques en compétition. Le film gagnant sera promu sur la page d’accueil de l’ADA et prendra part à la prochaine Fête de la Science qui aura lieu du 12 au 16 octobre 2011. L’Atelier des Arkéonautes, un exemple à suivre.

Vicques – Vicus – Vici !

Le village de Vicques, près de Delémont, dans le canton du Jura, possède un nom dont la toponymie suggère immédiatement un passé romain de Vicus. De fait, dès le XIX siècle, on a découvert l’existence d’une villa gallo-romaine. Des fouilles importantes, entreprises entre 1935 et 1938 par André Rais et Alban Gerster, mirent en évidence une grande propriété s’étendant sur au moins cinq hectares comprenant une pars urbana avec thermes, jardin, salles à hypocaustes et une pars rustica pourvue de nombreux ateliers. Une monographie consacrée à ces fouilles fut publiée en 1982. Depuis quelques années un groupe de revalorisation de la villa gallo-romaine de Vicques s’est constitué, essentiellement formé de bénévoles du village et de la région qui s’activent pour faire reconnaître ce patrimoine sur les lieux mêmes où il se trouve. Dans ce but un pavillon d’information vient d’y être construit, qui abrite des objets (ou leurs copies) trouvés dans la villa, des informations pédagogiques, ainsi qu’une maquette de la pars urbana. C’est par une fête romaine, organisée entre aujourd’hui et demain, que l’inauguration officielle de cet espace se fait. Pour l’occasion, tous les panneaux d’entrées du village ont été modifiés pour faire apparaître le nom de Vicus en lieu et place de Vicques.

Restitution virtuelle en 3D de la Villa de Vicques

Cette fête romaine à « Vicus » est la première du genre dans le canton du Jura. Pour animer ces journées, la population de Vicques a fait appel à quelques groupes organisés et à des artisans. Ainsi en parcourant les stands peut-on apprendre comment se faisait les peintures murales et les mosaïques (Olim), de quelle manière les souliers à clous des légionnaires s’usaient (Gentle-Craft), appréhender les différentes formes de poteries gallo-romaine restituées par Mayou Nia la potière du village, quelle force doit on exercer pour frapper une monnaie (Ciel et Terre), la technique de la fabrication des cordes, ou se faire une idée de l’équipement du légionnaire en campagne (Genva). Une partie de ces artisans et animateurs en archéologie font partie de l’association AnimArc, toujours prête à s’entendre avec les organisateurs de manifestations pour étoffer leur programme. Enfin, dans un proche avenir, à l’occasion de la prochaine réouverture du Musée jurassien d’art et d’histoire de Delémont, il sera possible à tout un chacun, depuis chez soi, à l’aide d’un ordinateur, de faire une visite virtuelle en 3D de la villa gallo-romaine de Vicques et à travers son avatar de s’écrier : Veni, Vidi, Vici !, comme autrefois le fit un célèbre romain.