Archéologie et tourisme en Suisse

Les liens entre tourisme et archéologie sont évidents, comme le démontre chaque année à Paestum, en Italie, la Bourse méditerranéenne du tourisme archéologique, dont la 15ème édition aura lieu du 15 au 18 novembre. Pourtant, ce qui semble aller de soit d’une manière générale dans le bassin méditerranéen et dans d’autres régions, n’est pas perçu de la même façon en Suisse, où le tourisme repose avant tout sur la visite de nos villes et de nos montagnes et la pratique des sports d’hiver. En complément du grand concours d’idées engagé en Suisse par le projet Horizont 2015, un petit groupe d’archéologues s’était réuni à Berne,  le 1er septembre 2011, sur le thème «Evènements et communication ». Il s’en était dégagé trois propositions, dont l’une était d’organiser un « Colloque sur l’Archéologie et le Tourisme en Suisse ». Partant de ce projet, deux groupes d’archéologues réunis au sein de deux sociétés privées, ArchaeoConcept et Nomads of Time, ont fondé l’association ArchaeoTourism 2012 chargée d’organiser ce premier colloque, au château de Thoune, du 8 au 10 novembre 2012.

Extrait de la page d’accueil d’ArchaeoTourism 2012

Ce colloque sur l’Archéologie et le Tourisme en Suisse est avant tout destiné aux spécialistes suisses de ces domaines. Comme prolégomènes au programme de ces journées se trouve deux visions: celle de l’archéologie en Suisse expliquée aux professionnels du tourisme, suivie par  celle du tourisme en Suisse expliqué aux archéologues. Pour les premiers, l’idée commune est sans doute qu’il n’y a rien à montrer en Suisse de très intéressant du point de vue archéologique, alors que pour les seconds le tourisme  peut être perçu comme une menace sur les sites qu’ils doivent protéger. Sur cette base de réflexions croisées, quatre ateliers sont prévus. Un premier atelier essayera de définir les bénéfices de l’archéologie pour le tourisme et les avantages du tourisme sur l’archéologie tandis qu’un second s’efforcera de créer un produit touristique en rapport avec l’archéologie. Un troisième groupe sera consacré aux relations publiques et au marketing de sites archéologiques, et le dernier enfin se concentrera sur le thème de l’authenticité et des traditions culturelles, thème phare de Suisse Tourisme en 2013. Les résultats de ces réflexions feront par la suite l’objet d’une publication qui devrait pouvoir éclairer les uns et les autres sur les possibilités d’interactions et de synergies entre ces deux domaines et donner des réponses aux questions suivantes: « Où se situent les chances et les défis pour la coopération entre l’archéologie et le tourisme ? Quelle est la position actuelle concernant le tourisme pour les monuments archéologiques et les sites en Suisse? Une meilleure connexion entre archéologie et tourisme est elle activement souhaitée ? Et le cas échéant, comment y parvenir ? ». Trouver des réponses satisfaisantes à ces questions est un des objectifs fixé par les organisateurs de cette manifestation.  Cet événement devrait aussi permettre aux professionnels de l’archéologie et du tourisme en Suisse de tisser des liens solides entre eux pour la réalisation dans un avenir proche de projets ambitieux. C’est en tout cas tout le bien que nous pouvons leur souhaiter. Si ce colloque vous intéresse pour y participer, les inscriptions sont encore ouvertes jusqu’au 1er novembre.

Vente de doublets en archéologie

Les doublets, objets en double, sont des éléments que tout collectionneur de timbres-poste ou de cartes Panini cherche à négocier de la manière la plus favorable possible, soit par échange, soit par vente.  Dans le cadre de l’archéologie, cet esprit de collection est plutôt mal perçu, comme doivent l’apprendre les amateurs de détecteur de métaux. Les lois et les règlements en vigueur dans tous les pays conscients de la valeur de leur patrimoine culturel, tendent à soustraire l’objet archéologique de sa valeur marchande, et rendent sa propriété inaliénable de celle de l’état dans lequel il a été découvert.  Pourtant, au cours de deux conférences présentées hier au Laténium dans le cadre des  journées organisées par le Projet collectif de recherche (PCR) « Archives et correspondances de Joseph Déchelette » sur « Le financement et la réglementation étatique de l’archéologie (fin XIXe- XXe)», certains participants furent surpris d’apprendre que la pratique  du doublet avait bien eu cours de manière tout à fait officielle avec les collections réunies par Paul Vouga, au nom du musée de Neuchâtel. En particulier, lors des fouilles scientifiques, méthodiques et exhaustives conduites entre 1907 et 1917 du célèbre site de La Tène, éponyme du Second âge du Fer, une partie du financement des fouilles put être obtenue grâce à la vente de doublets (ou doublons) provenant des sites palafittiques situés au bord des lacs. Pour Vouga, il ne s’agissait pas de s’enrichir personnellement, juste de couvrir une partie des frais des recherches de la “Commission La Tène”,  par ailleurs très mal subventionnée.

Fouilles interdites sous peine d’amende

Il faut cependant se demander, à l’heure des réductions des subventions étatiques dans les musées, si la pratique du doublet ne pourrait pas avoir quelque intérêt dans la gestion et la sauvegarde de certaines collections d’objets. Au demeurant, même si  tout objet est unique en soi, il ressort des typologies que l’on s’ingénie à construire que l’on peut très bien rassembler certains objets semblables, voire identiques, dans des types bien définis, comme on le fait avec des pièces de monnaies, des amphores romaines ou des haches en bronze. Ne serait-il dès lors pas possible, afin de palier aux réductions de crédits, de vendre une partie des collections des musées ou des objets de fouilles après étude, au lieu de les mettre en dépôts non visitables?  Dans le texte de l’Ordonnance sur le fonds des musées de l’Office fédéral de la culture (OFC), qui règle le cas des collections de la Fondation Musées Suisses directement gérées par la Confédération, la possibilité de vendre des objets des collections pour alimenter les comptes est bien évoquée. Cependant il est précisé que « La vente d’objets de collections n’est possible qu’en vue du financement de l’achat de nouveaux objets de collections et est soumise à l’approbation de la direction de l’OFC », ce qui est en accord avec le code de déontologie prôné par l’ICOM. Est-ce que les pays au patrimoine archéologique riche, comme l’Italie, la Grèce ou l’Egypte, mais pauvres en financement ne pourraient pas penser à la cession de leur doublets pour assurer la conservation de leurs collections ou de leur patrimoine en place de l’acquisition de nouveaux objets? Cela permettrait peut-être, par la vente d’artéfacts de fouilles légales, de casser le marché des antiquités résultant des fouilles clandestines.

La Saga de Paris en 3D

Après nous avoir fait découvrir l’hypothèse de Jean-Pierre Houdin sur la construction de la Grande Pyramide, puis nous avoir entrainé dans une reconstitution de la villa de Livie à Prima Porta au bord de la via Flaminia, la technologie 3DVia de Dassault Système va nous permettre d’entrevoir à notre aise les principaux  monuments de Paris  à travers le temps en 3D interactive. Le lancement officiel de cette nouvelle animation doit avoir lieu ce soir à 21h sur le parvis de l’Hôtel de Ville de Paris. C’est à  une expérience interactive inédite comme le montre le teaser de l’évènement que sont conviés les Parisiens et les hôtes de la capitale la plus visitée au monde, par plus de 20 millions de touristes par année. Neuf écrans géants seront mis en œuvre pour présenter des extraits des vues réalisées pour faire ce programme.

Visite libre du Forum romain de Lutèce

On peut d’ores et déjà parcourir en visite guidée ou en navigation libre (avec la souris et/ou le clavier) divers monuments comme l’oppidum de l’époque gauloise de -52 av.J-C. au moment de la conquête de la Gaule par Jules César  ou les Arènes, les Thermes et le Forum de la Lutèce gallo-romaine vers 210 après J.-C. D’autres monuments sont en préparation comme le Louvre sous Charles V , Henri IV et  Napoleon 1er ou La Bastille lors de la révolution française. En plus de la navigation sur Internet, une application pour  i-Pad, un livre en réalité augmentée  édité aux Editions Flammarion et une série documentaire sur 3 DVDs édités par Studio Canal permettront dès le 3 octobre de prolonger l’expérience.

Empreintes et archéologie lunaire

Il y a des événements qui marquent une vie et dont on ne peut que se souvenir, tels les premiers pas de l’homme sur la Lune pour ceux qui étaient déjà nés et assez grands pour le vivre. Ce premier homme, que sa famille à présenté comme un héros malgré lui, s’appelait Neil Armstrong et réalisait par procuration le rêve que des milliards d’humains ayant vécu sur la Terre depuis des milliers d’années croyaient impossible. Il a quitté ce monde samedi dernier à l’âge de 82 ans. Un groupe de scientifiques et d’anthropologues, dans le cadre du Lunar Legacy Projet, cherchent depuis plusieurs années à inscrire au Patrimoine Mondial de l’Humanité le site d’alunissage de la mission Apollo 11 sur la Mer de Tranquillité. Outre les fragiles empreintes laissées par Neil Armstrong et Buzz Aldrin, ils ont fait l’inventaire de 106 artefacts abandonnés par les astronautes.  Selon le « Traité sur les principes régissant les activités des États en matière d’exploration et d’utilisation de l’espace extra-atmosphérique, y compris la lune et les autres corps célestes » du 27 janvier 1967, tous ces objets demeurent la propriété des Etats-Unis d’Amérique.  Le classement du site a pour but de préserver l’information archéologique in situ, par crainte que de futures missions, voire même touristes spatiaux ne viennent le perturber d’ici cinquante ans. Car tels qu’ils sont, les vestiges et les empreintes de la mer de la Tranquillité peuvent rester intacts pendant des milliers d’années et constitueront sûrement un lieu important de mémoire dans l’avenir comme le suggère la plaque commémorative fixée sur l’un des pieds du module lunaire : «Ici, les hommes de la planète Terre, ont pour la première fois posé le pied sur la Lune en Juillet 1969 ap. J-C.  Nous sommes venus en paix pour l’ensemble de l’humanité. »

3,7 millions d’années entre ces deux empreintes

«Un petit pas pour l’homme mais un bond de géant de l’humanité» est la phrase prononcée par Neil Armstrong qui aura marqué l’événement. Il dira ensuite : «La surface est fine et poudreuse. Je peux la disloquer avec mon orteil. Elle adhère en couches fines comme du charbon en poudre à la semelle et les côtés de mes bottes. Je ne pénètre que d’une petite fraction d’un pouce, peut-être un huitième d’un pouce, mais je peux voir les empreintes de mes bottes et les aspérités dans les fines particules de sable. » En quelques milliers d’années nous sommes passés de l’âge de la Pierre (Stone Age) à l’âge de l’Espace (Space Age). D’autres empreintes apparaissent alors en mémoire pour l’archéologue, celles laissées sans le savoir à Laetoli en Tanzanie, il y a 3,7 millions d’année, par les pieds nus de deux de nos lointains ancêtres bipèdes. Que de pas évolutifs parcourus et de bonds accomplis depuis lors. Et soudain, la transition proposée dans « 2001, l’Odyssée de l’Espace »par Stanley Kubrick entre ces deux âges devient visionnaire et apparaît dans mon esprit comme un clin d’œil à la Lune et à Neil Armstrong.

Je ne suis pas archéologue

Vendredi 27 juillet 2012, le Chef de la police valaisanne Christian Varone, devait embarquer dans un avion pour regagner la Suisse après des vacances passées en famille en Turquie, lorsqu’il a été arrêté par les douaniers turcs à Antalya en raison d’une «pierre» retrouvée dans ses bagages lors des contrôles de sécurité. Relâché mardi dernier, il pu regagner la Suisse. Vendredi passé, dans une conférence de presse très médiatisée qu’il avait convoquée, l’un des arguments avancé pour se disculper de la gravité des charges qui pèsent sur lui en Turquie m’avait fait sourire. Il avait déclaré: «Je ne suis pas archéologue et ne pouvais pas savoir si cette pierre était antique ou pas». Selon son avocate turque commise d’office l’objet en question serait en fait un morceau de marbre appartenant à une colonne de l’époque romaine. Lui-même avait déclaré qu’il avait pris cette pierre au bord d’une route, à 200 mètres  du site archéologique de Side. Elle tenait dans une main, était jolie selon lui, bien que sale et sans inscription.

Exemple de colonnes corinthiennes du site de Side (Flickr)

Aujourd’hui les autorités turques nous ont donnés plus de détail sur cette découverte fortuite. Il s’agit bien d’un fragment de colonne romaine en marbre, qui plus est, d’un fragment de chapiteau corinthien.  Or cela, aux yeux de n’importe qui, même s’il n’est pas archéologue, est différent d’un simple caillou sale.  Dès lors il faudrait être bien naïf pour croire que ce commandant de police, par ailleurs candidat à la candidature au Conseil d’Etat du canton du Valais, ignorait la vraie nature de l’objet qu’il avait ramassé. Plus grave encore, s’il s’agit d’un élément architectonique, je doute fort qu’il ait pu être ramassé au bord de la route. Il pourrait tout aussi bien provenir du site archéologique lui-même. C’est un point qui ne sera sans doute pas difficile à établir par les spécialistes locaux, car les fragments de cette nature sont rarement sans comparaisons possibles. Il y a encore beaucoup d’éléments contradictoires dans cette affaire. Il serait bon de mettre tous ces éléments sur la table, à commencer par une photographie de ladite pierre. Cela m’a fait penser qu’il y a quelques années, moi qui suis archéologue-céramologue, j’ai eu la tentation d’emporter avec moi du Mexique quelques souvenirs de voyages. Il s’agissait de quelques tessons de céramiques trouvés en surface sur le site maya de Tulum au Yucatan. Je me disais qu’ils étaient menacés de destruction par le piétinement répété des visiteurs du site et que c’était une manière de les sauver d’une destruction certaine que de les emporter avec moi. Voyant cela dans mes bagages à l’heure du départ, mon épouse m’a enjoint de ne pas emporter ces quelques tessons, pour ne pas risquer d’être fouiller et arrêté à l’embarquement. Je les ai donc relâchés sur une plage de Cancun. Compte tenu de la mésaventure de Christian Varone, je dois être en ce jour reconnaissant de la lucidité mon épouse.

Des prix pour les archéologues britanniques

Alors que Londres, la Grande-Bretagne et le monde vivent à l’heure des XXX ème jeux olympiques de l’ère moderne, les archéologues britanniques ont aussi eu l’occasion, en ce mois de juillet, de concourir pour des distinctions attribuées par leur pairs, lors des XX ème British Archaeological Awards (BAA). Les prix archéologiques britanniques constituent une véritable vitrine de l’archéologie du Royaume-Uni et représentent un événement central dans le calendrier archéologique. Fondés en 1976 et attribués tous les deux ans, ils englobent maintenant six prix, couvrant tous les aspects de l’archéologie du pays : meilleur projet, meilleur projet communautaire, meilleur livre, meilleure représentation dans les médias, meilleure découverte, meilleure innovation. L’annonce des résultats a été faite le 9 juillet lors d’une cérémonie organisée à Londres au British Museum. Le site Internet des BAA présente des informations sur tous les nominés et les vainqueurs de cette année et des cérémonies précédentes.


Aperçu de quelques découvertes du site de la Must Farm

Sans entrer dans les détails des nominations et des prix distribués, que je vous invite à découvrir par vous-même, relevons malgré tout quelques éléments. Ainsi, le meilleur projet archéologique a consacré l’étude faite autour  du site de la « Must Farm » travail réalisé dans le district du Fenland par l’unité archéologique de l’Université de Cambridge pour mieux connaître les paysages archéologiques de l’âge du Bronze sur une large échelle à l’aide de l’observation des dépôts sédimentaires particulièrement bien préservé dans cette région plate et sans relief. Associés a cette véritable étude du paysage de nombreux objets comme des épées, des pointes de lance et des pirogues monoxyles ont été mis au jour dans un état de conservation qui n’a rien a envié à ce que nous trouvons pour la même période dans les Palafittes situés autours des lacs alpins. C’est du reste la découverte de 6 pirogues monoxyles dans ce cadre qui valent à l’équipe de la « Must Farm » de remporter également le prix de la meilleure découverte. Quand au prix du meilleur ouvrage archéologique britannique  il est revenu à Alasdair Whittle, Frances Healy et Alex Bayliss pour leur ouvrage « Gathering Time : Dating the Early Neolithic Enclosures of Southern Britain and Ireland ». Cet ouvrage présente les résultats d’un important programme de datation des enceintes préhistoriques qui permet de réécrire les débuts du Néolithique en Grande-Bretagne et en Irlande. L’ouvrage  a combiné des centaines de nouvelles datations au radiocarbone avec des centaines de dates existantes, en utilisant la puissance discriminante et robuste de la statistique bayésienne pour accroitre la précision des dates proposées.

L’archéologie à la une au Liban

L’archéologie fait cette semaine la une de l’actualité libanaise. En cause, la destruction d’installations portuaires phéniciennes opérée mardi dernier sur le site de  Minet el-Hosn à Beyrouth par  les promoteurs d’un complexe immobilier en construction malgré l’opposition manifestée par un mouvement citoyen trois jours auparavant. Le ministre libanais de la Culture, Gaby Layoun, a été mis directement en cause par les membres de l’Association pour la protection du patrimoine libanais (APPL), car il a émis la décision écrite de déclasser la zone de Minet el-Hosn du patrimoine historique à protéger, permettant à l’entreprise de construction d’opérer la destruction du site. Cette décision résulte d’une controverse entre diverses commissions d’experts. La première nommée par l’ancien ministre de la Culture atteste l’existence des vestiges de cales de bateaux datant de l’époque phénicienne alors que la deuxième, chargée par l’actuel ministre de procéder à une nouvelle étude, rejette catégoriquement ce rapport. Les organisations et les experts internationaux consultés se prononcent plutôt pour la première hypothèse. Mais comme le souligne Pascale Ingea, présidente de l’APPL, « que le site soit ou pas un site de cales, ou qu’il soit une simple carrière, comme d’aucuns le prétendent, rien ne justifie la destruction de vestiges historiques ! ». L’APPL est une jeune ONG  fondée en 2010, apolitique, et qui s’est fixé pour objectif la protection du patrimoine libanais. Elle a commencé son combat pour la protection du port phénicien lorsque l’actuel ministre de la Culture a refusé de publier dans le Journal officiel la décision de son prédécesseur, qui classait le port « patrimoine culturel ».

Le port avant sa destruction  (photo:  APPL)

Autre sujet à la une et de crainte pour le passé libanais, le sort qui sera réservé aux vestiges de l’hippodrome romain de Beyrouth à Wadi Abou Jmil. Mis au jour en février 2008, cet hippodrome présente trois rangées de gradins, de 15 mètres chacune, et les restes de la spina. Selon un projet de construction en cours d’élaboration, un centre commercial doit être édifié sur ces ruines. Toutefois, selon le ministre de la Culture, le site devrait être maintenu en l’état et mis en valeur dans le cadre d’un musée. « Loin de détruire l’hippodrome, a-t-il ajouté, le projet rendra tout à la fois le site accessible, compréhensible et attrayant pour le plus large public possible et permettra le développement du bien-fonds. Ce n’est pas une solution médiane que nous proposons mais une opération sérieuse. Le plan d’aménagement, insiste M. Layoun, protégera l’hippodrome romain de l’érosion des éléments naturels et des herbes folles, et permettra qu’il soit visité par tous les temps».  La décision finale concernant ce projet sera prise par le Conseil d’Etat libanais. Pour suivre ces diverses affaires,  je vous invite à suivre le blog de Marie-José Rizkallah, auteure de plusieurs articles relatifs au dossier, sur le site Libnanews.com.

Course contre la montre à Chevenez

Un site archéologique inconnu a été découvert le 1er mai par un passant, à l’emplacement prévu pour la nouvelle usine TAG Heuer à Chevenez dans le canton du Jura. Les travaux de construction, officiellement lancés par la pose de la première pierre le 3 mai ont dû être arrêté rapidement. Après des discussions que l’on peut qualifiée de serrées avec les autorités jurassiennes et l’entreprise neuchâteloise, les archéologues ont obtenu un délai de six semaines, à partir du 7 mai, pour libérer l’emprise de l’usine établie sur une surface d’environ 70 x 35 m. La zone prévue pour le parking de l’usine sera éventuellement traitée dans un deuxième temps, si besoin. Les couches  archéologiques sont disposées sur une épaisseur de plus ou moins 50 cm sur l’ensemble de la surface. Elles contiennent des vestiges de l’époque romaine, de l’âge du Fer et du Néolithique. Les délais sont très courts, mais TAG Heuer a déjà commandé ses machines de production et il s’agit de 100 à 150 emplois qui sont en jeu. Une course contre la montre est engagée, que l’on espère gagnante pour l’archéologie jurassienne.

Vue du chantier de fouille (Image RTS)

Au-delà d’une découverte anecdotique, c’est la place de l’archéologie dans l’aménagement du territoire et dans les décisions prisent par la promotion économique qu’il nous faut considérer. Une fois encore, des terrains sont offerts à la construction, avant même qu’une campagne de sondage archéologique n’ait pu être mise en route préalablement au chantier. Celle-ci aurait mis rapidement en évidence la présence de vestiges archéologiques sur la parcelle proposée à l’industrie horlogère et aurait permis de donner les moyens en temps de fouiller le terrain, et de livrer à la construction une parcelle libérée de tous vestiges archéologiques. La révision de la loi sur l’aménagement du territoire en discussion actuellement au Parlement prévoit que les propriétaires dont le terrain prend de la valeur suite à un changement d’affectation devront verser à la collectivité 20% de leur gain. Cet argent doit permettre aux cantons de financer les changements d’affectation des zones à bâtir surdimensionnées qui pourraient redevenir  zones agricoles. Tant qu’à faire, pourquoi ne pas prévoir aussi qu’une partie de cette nouvelle taxe puisse servir aussi à financer  les sondages archéologiques dans les zones à bâtir définies pour les quinze prochaines années.  Cela éviterait dans le futur,  qu’à la veille des travaux de construction, un passant découvre fortuitement un site archéologique, une situation dans laquelle personne n’est gagnant,  en définitive.

Howard Carter célébré par un Doodle Google

Le 138 ème anniversaire de Howard Carter est célébré par le Doodle Google de ce jour, avec une représentation de l’archéologue britannique devant une exposition d’objets issus de la tombe de Toutânkhamon. Pour rappel, la découverte du tombeau, le 4 novembre 1922, fut un des grands moments de l’histoire de l’archéologie car c’était la première fois, et la seule, que le dernier séjour d’un pharaon et de tous ses trésors purent être intégralement et méthodiquement mis au jour, après plus de 3300 ans d’enfouissement. Il attendra le retour d’Angleterre de son commanditaire Lord Carnavon pour desceller l’entrée de l’hypogée et à la question de ce dernier «Pouvez-vous voir quelque chose ?», Carter répondit avec ces mots désormais célèbres: “Oui, des choses merveilleuses !”. Une partie de celles-ci sont représentées ci-dessous, dans l’esprit d’une ancienne gravure de presse.

Doodle Google du 9 mai 2012

Howard Carter, qui est né le 9 mai 1874 à Londres, a reçu une formation d’artiste et a été envoyé en Egypte à l’âge de 17 ans pour aider aux fouilles et l’enregistrement des tombes égyptiennes. En 1899, il fut nommé inspecteur au Service des antiquités égyptiennes. Après un différent avec son employeur et la remise de sa démission, il s’engage en 1907 au service de Lord Carnarvon pour superviser ses fouilles égyptiennes. Après seize années de recherches peu fructueuses, alors qu’il entame sa dernière campagne de fouille, il touche enfin au but. Une intuition lui dicte de fouiller près de l’entrée de la tombe de Ramsès VI, et quelques jours plus tard, il peut écrire dans son journal : « Premières marches d’une tombe trouvées ». Ce ne sont pas moins de 5398 objets qui furent portés à l’inventaire par la suite, et qui rendent compte de multiples aspects de la vie dans l’Ancienne Egypte. Une base de donnée en ligne des fouilles de Carter est accessible aux archives de l’Institut Griffith déposées à l’Université d’Oxford. Pour une visite de la Vallée des Rois vous pouvez consulter le Theban Mapping Project. Quand aux anciens Doodles de Google, on peut les redécouvrir sous ce lien.

L’archéologie nationale en Romandie

L’exposition « Trésors du Musée National Suisse » qui vient de s’ouvrir au musée du Château de Prangins, présente pour la première fois en Suisse romande les pièces maîtresses de la collection archéologique du Musée national suisse de Zurich. En raison des travaux de rénovation du bâtiment principal à Zurich, les salles d’exposition permanente consacrées à l’archéologie ont été démontées en 2009. La plus grande partie de la collection prendra sa place dans les salles de la nouvelle aile en construction, dont les premiers coups de pioches ont été donnés le 2 mars dernier, et  qui devrait être inaugurée en été 2016. Pour les conservateurs du musée,  et en premier lieu Anne Kappeler, conservatrice de la section d’archéologie et commissaire de l’exposition,  l’occasion était donc toute trouvée pour présenter les plus belles pièces de la collection archéologique au Château de Prangins, comme la coupe en or de Zurich-Altstetten de l’âge du Bronze, ou le splendide trésor celtique d’Erstfeld.  De plus, un film sur le Centre des collections du Musée national suisse et des bornes multimédias permettent aux visiteurs de parfaire leurs connaissances sur les missions de l’institution muséale et sur l’archéologie suisse.


Coupe en or de Zurich-Altstetten (Photo : MNS)

Le dossier de presse attaché à l’exposition rappelle que “l’archéologie joua un rôle primordial dans l’histoire et la création du Musée national suisse. Au cours de la deuxième moitié du 19e siècle, période où le sentiment identitaire se manifeste fortement dans toute l’Europe, la Confédération acquiert alors de grandes collections privées d’objets provenant des sites lacustres, afin de sauvegarder ce patrimoine suisse menacé de dispersion à l’étranger. L’idée de présenter au public ces objets au sein d’un musée national fait petit à petit son chemin dans le monde politique. En 1890, un arrêté fédéral institue le Musée national suisse. Inauguré en 1898 à Zurich, le « temple à la gloire de nos ancêtres» consacrait une part essentielle de son exposition permanente aux vestiges archéologiques. La collection s’enrichit par la suite grâce aux dons, legs et achats mais aussi grâce aux fouilles menées par le musée. Tandis que les services archéologiques cantonaux étaient encore inexistants, le musée entreprit de nombreuses campagnes de fouilles sauvant et documentant ainsi des sites souvent voués à la destruction”.  Nous avons ainsi jusqu’au 14 octobre 2012 pour découvrir près de chez nous l’exposition extraordinaire de ces objets.