Noidenolex avant Novum Castellum

La ville de Neuchâtel célèbre aujourd’hui les 1000 ans de son existence historique. C’est en effet le 24 avril 1011 qu’un acte de donation établi par le roi de Bourgogne Rodolphe III au profit de son épouse Irmengarde, lui offre, en plus d’un certain nombre d’autres possessions, le siège très royal (regalissima sedes) de « Novum Castellum ». Bien sûr ce château neuf était déjà construit, et s’il dût y avoir une fondation de ce castel, elle remonte à quelques lustres antérieurs, lorsque le lieu de résidence du pouvoir royal dans la région s’est déplacé de la villa de Colombier à la colline du château de Neuchâtel. Cependant, il n’en fut pas toujours ainsi, car aux cours des XVIIIe et XIXe siècles, les bourgeois de Neuchâtel ont pu croire qu’ils étaient les successeurs en ce lieu des habitants de l’antique Noidenolex ou Noïdenolex.
Millénaire de Neuchâtel
Neuchâtel célèbre son Millénaire.

L’affaire commence à partir d’une erreur de transcription d’un manuscrit des Notitia Galliarum. Ce texte présente une liste des provinces et des civitates de la Gaule romaine. Certaines versions imprimées de ce texte, reprenant l’erreur manuscrite, font mention d’une localité, Noïdenolex dans le pays d’Avenches (Aventicum). Pour la plupart des savants de l’époque, Noïdenolex devait se situer sur la Vy d’Etraz, l’ancienne voie pavée (via Strata) reliant Eburodunum (Yverdon) à Salodurum (Soleure), et l’emplacement le plus favorable semblait devoir être l’actuel quartier de la Maladière, entre Vieux-Châtel à l’ouest et le Nid-du-Crô à l’est. Cet emplacement semblait d’autant plus assuré que de nombreuses inscriptions latines portant la mention de Noidenolex y avait été découverte selon un Mémoire sur le Comté de Neuchâtel rédigé par le Chancelier, Georges de Montmolin (1628-1703), une personnalité politique intègre et irréprochable de la Principauté. De plus, la toponymie même de Vieux-Châtel semblait en fournir un indice. Or, tous ces éléments de preuves épigraphiques furent inventés de toute pièce au milieu du XVIIIe siècle par le vrai auteur du Mémoire apocryphe, Abraham Pury. Il fallut cependant attendre le début du XXe siècle pour que la falsification puisse être définitivement établie, et que Neuchâtel perde ainsi les fondements de ses origines romaines.

La “New Archaeology” est orpheline

Je viens d’apprendre que Lewis Binford, le célèbre archéologue américain, est mort. Il est décédé lundi, mais ce n’est qu’aujourd’hui, au hasard de mes messages sur Twitter, que j’ai pris connaissance de sa disparition. Avec Lewis Binford disparaît l’un des archéologues les plus importants d’un point de vue théorique, et s’il ne fut pas, a proprement parlé, le fondateur de la « New Archaology », il a été l’un des plus efficaces propagateurs de cette nouvelle approche. Une de ses idées fortes est de penser qu’il doit exister une corrélation systémique entre les différentes sortes de vestiges qui se trouvent enfouie dans le sol et le lieu de leur découverte. Il fut aussi un des premiers a utiliser la puissance des ordinateurs et des statistiques dans l’usage de la profession. Enfin, il étendit ses observations archéologiques sur le terrain de l’ethnoarchéologie.
Lewis Binford (1931-2011)
Lewis Binford tel Hamlet

Ses travaux furent une source de réflexion dans ma propre pratique du métier. Il y a quelques années de cela, j’ai eu l’occasion de croiser la route de Lewis Binford, lorsqu’il est passé à Neuchâtel pour rendre visite à mes collègues travaillant sur les vestiges magdaléniens des sites de Champréveyres et de Monruz. C’est dans l’espace étroit du même véhicule que je me suis retrouvé en sa compagnie, avant de partager avec toute l’équipe de Denise Leesch le repas de midi dans un restaurant de la ville. Je n’ai malheureusement pas eu le temps d’échanger avec lui quelques « New Perspectives in Archaology », mais ce blog a pour vocation de les annoncer. Une manière pour moi de rester « In Pursuit of the Past ». Etre, ou ne pas être, telle est la question.

Coca-Cola terminus post quem

Un des principaux concepts de l’archéologie est celui de «fossile directeur» ou de «fossile indicateur». Il s’agit en général d’un objet facilement identifiable qui en fonction de sa forme et de son décor caractéristiques permet d’assurer une datation précise du contexte dans lequel il y été mis au jour. Il en est ainsi de certaines céramiques, comme les tessons à impressions de cordelettes de la Civilisation Cordée, des gobelets en forme de cloche du Campaniforme, ou des céramiques sigillées à travers l’Empire romain. En suivant ce concept, il est hors de doute que la bouteille de Coca-Cola sera pour les archéologues du futur l’un des marqueurs chronologiques des strates attribuables au 20ème siècle, en raison de sa large diffusion à travers le monde, n’en déplaise aux publicitaires travaillant pour la concurrence.
Coca-Cola Evolution
Évolution de la bouteille de Coca-Cola.

Depuis la création de cette boisson, la forme et le décor de la bouteille a subit une évolution perceptible. Les plus anciennes bouteilles, commercialisées dès 1894, étaient de forme cylindrique et obturée d’un simple bouchon de liège, comme les bouteilles de vin. La forme sinueuse que nous lui connaissons actuellement n’apparaîtra que plus tard, mais le premier prototype est rapidement abandonné car sa base trop étroite par rapport au diamètre maximum de sa panse la rendait instable sur les bandes de transports de la station d’embouteillage. D’une forme inspirée par la cabosse contenant les graines de cacao, c’est métamorphosée en suivant les courbes et le galbe d’une femme que nous la connaissons désormais. Il est donc assez naturel qu’un styliste comme Karl Lagerfeld, se soit vu confier, dès l’année dernière, la mission d’habiller à sa manière la bonne vieille bouteille de Coke. Cette année, sa seconde édition du Coca-Cola Light sur fond blanc, sortie le 8 avril, s’apparente à une collection déclinée en trois motifs soit à pois argentés, à rayures roses ou à étoiles noires. Ainsi, si chaque année connait une nouvelle série, la célèbre bouteille, deviendra pour nos collègues du futur, un terminus post quem aussi utile et précis qu’une pièce de monnaie.

La fabuleuse découverte de Brazul

Le dernier numéro de la revue AS d’Archéologie suisse nous apprend qu’au cœur de l’Amazonie, à la frontière entre le Venezuela et le Pérou, une expédition d’archéologues lausannois a découvert en 2008 les vestiges d’une civilisation précolombienne disparue. En 2009, une campagne de fouille, menée en accord avec le Departamento del patrimonio arqueológico du Venezuela, permis de mettre au jour une quantité incroyable de tessons de céramique d’une qualité et d’une facture tout à fait exceptionnelle dans les couches inférieures, alors que les niveaux supérieurs livraient une production mal cuite et plus sommaire. Des datations radiocarbones de l’ensemble des couches permettent de dater le niveau le plus ancien du 2ème siècle avant J.-C., alors que la dernière couche date du 7ème siècle après J.-C.

Expédition à Brazul
Les membres de l’expédition de 2008.

L’emplacement de cette découverte, dénommé « Brazul », selon un mot emprunté à la langue locale, devient ainsi le site éponyme d’une nouvelle grande culture précolombienne, la civilisation brazulienne. Pendant le Brazulien ancien (2ème siècle av. J-C – 5ème siècle apr. J.-C), on voit se développer une culture dans laquelle la poterie semble progressivement prendre la place prépondérante, tant et si bien qu’au Brazulien moyen (6ème apr. J.-C), la production et la consommation deviennent hors de proportion avec les ressources locales. La forêt alentours a été surexploitée, tant et plus qu’en son absence, au Brazulien récent (7ème siècle apr. J.-C.) la poterie connait un rapide déclin, tant en quantité, qu’en qualité, avant de disparaître complètement, dans des circonstances tragiques et sanglantes. Une exposition «Brazul» présente, jusqu’au 1er mai 2011 au Musée romain de Lausanne-Vidy , un film de l’expédition ainsi que de nombreuses pièces de céramique brazulienne, qui permettent de mesurer l’ampleur de cette fabuleuse découverte.

Palafittes, la sélection finale

Hier, l’association Palafittes a enfin donné de ses nouvelles pour faire part, dans sa deuxième Newsletter, des dernières informations concernant le classement au patrimoine mondial de l’UNESCO des sites lacustres établis autour des lacs de Suisse, de France, d’Italie, d’Allemagne, d’Autriche et de Slovénie. Elle reprend un communiqué de l’Office fédéral de la culture qui signalait qu’entre le 29 septembre et le 17 octobre 2010, une experte de l’ICOMOS s’est rendue dans ces différents pays pour une mission d’évaluation. Elle était accompagnée de membres des autorités nationales et régionales ainsi que de spécialistes. A cette occasion, elle a également pu rencontrer des représentants des autorités politiques des différents pays, régions et villes. A la suite de cette tournée on y apprend que l’ICOMOS a demandé aux pays associés de fournir des informations complémentaires. Ainsi, certains sites, pour lesquels aucune conservation in situ à long terme ne pouvait être garantie, devaient être exclus du classement. Ces informations complémentaires ont été envoyées à Paris à la fin février 2011. De ce fait, la liste définitive passe de 152 à 111 sites, dont 56 en Suisse (sur 82 présélectionnés). Les recommandations finales de l’ICOMOS seront publiées en mai 2011, et c’est sur cette base que le Comité du patrimoine mondial se prononcera quant à l’inscription des palafittes de l’arc alpin sur la liste du patrimoine mondial, lors de sa 35ème  session qui se déroulera à Bahreïn à la fin juin 2011.
Pfahlbauten Palafittes Lake Dwellings

Image de couverture de la brochure « Palafittes… »

Pour finir, la Newsletter de l’association Palafittes nous invite à aller jeter un coup d’œil à son site internet qui s’est quelque peu étoffé depuis sa création en 2008. Parmi les nouveautés on trouve une brève description de chacun des 111 sites nominés, classés par pays. Des cartes, établies pour chaque lac, permettent de voir en gros où se situent les différents gisements retenus, et permet aussi de se faire une idée de la densité générale des sites connus à ce jour. On peut également télécharger (au lieu de l’acheter 15 CHF / 10 €) la brochure d’information «Pfahlbauten – Palafittes – Palafitte – Pile dwellings – Kolisca » sortie l’été dernier, et qui fut envoyée gratuitement aux quelques membres enregistrés de l’association. Elle présente sur 104 pages et avec 340 images en couleur la vie quotidienne des habitants des sites lacustres entre 5000 et 800 av. J-C. La valeur scientifique du contenu a été assurée par Peter Suter (Service archéologique du canton de Berne) et Helmut Schlichtherle (Landesamt für Denkmalpflege, Baden-Württemberg), deux spécialistes reconnus en la matière, et la collaboration de nombreux archéologues travaillant dans les services archéologiques concernés. Mais les plus intéressants des documents téléchargeables sont sans aucun doute le dossier de nomination déposé à Paris en janvier 2010, ainsi la version révisée du plan de gestion des sites palafittiques déposée en février 2011.

Archéo Facts a son Paper.li

Tenir un blog sur un sujet particulier comme celui de l’archéologie nécessite un certain investissement en temps pour suivre l’actualité dans ce domaine. Il faut pouvoir être informé sur les nouvelles découvertes si possible parmi les premiers, et pour cela il faut mettre en place un réseau de renseignement qui, à l’heure actuelle, passe essentiellement à travers les outils disponibles sur le web, comme les alertes Google, les journaux en ligne, les blogs, les forums et les moteurs de recherches. Depuis quelques temps il faut aussi y ajouter Twitter et Facebook. Avec cette masse d’information supplémentaire en ligne, il devient fastidieux de tout suivre, et plus encore de choisir un sujet à publier pour le partager avec les internautes sur son blog, alors que d’autres en ont déjà publié un commentaire.
Archéo Facts Paper.li
Première édition de « Archéo Facts, le Journal »

Une solution élégante à ce problème de traitement de l’information est offerte par la société SmallRivers, avec l’application Paper.li. SmallRivers est une startup fondée par Edouard Lambelet et Iskander Pols et hébergée dans l’enceinte de l’EPFL. Lancée l’été dernier,  l’application Paper.li utilise une adresse enregistrée au Lichtenstein (.li) et permet d’agréger le contenu des infos livrées par les adresses Twitter et Facebook auxquelles un utilisateur est abonné pour les lire sous la forme d’un petit journal (la terminaison li, indique aussi la petitesse en suisse allemand). En somme, sur une seule page, se trouvent résumées l’ensemble des dernières contributions twittées sur le sujet que l’on souhaite suivre, et cela permet aussi de faire profiter nos suiveurs de nos propres sources d’information sans avoir besoin de les re-twitter nous même. Ainsi, dès aujourd’hui, j’invite mes lecteurs à s’abonner à « Archéo Facts, le journal » et à suivre quotidiennement avec moi le développement de l’activité archéologique.

L’archéologie au sein du Territoire Suisse

L’archéologie étudie les vestiges et les traces enfouies dans le sol qui servent à reconstituer l’histoire la plus ancienne de notre passé. Ce rôle de témoins de l’histoire est une des fonctions du sol. Or, comme le montrent les études menées conjointement par l’Office fédéral de la statistique (OFS) et l’Office fédéral du développement territorial (ARE), ce ne sont pas moins de 10’000 m2 de terrain qui disparaissent toutes les trois heures au profit de surfaces d’habitat et d’infrastructure. Le 21 janvier 2011, des représentants politiques de la Confédération, des cantons, des villes et des communes ont présenté à Berne le Projet de territoire Suisse au public. Le Projet de territoire Suisse expose les objectifs et les stratégies en vue d’une meilleure coopération et de l’utilisation durable du sol, ressource limitée. La croissance démographique et économique, ainsi que les exigences nouvelles de chacun en matière de logement, de loisirs et de mobilité ont abouti à une extension des surfaces urbanisées dans de nombreuses régions du pays ainsi qu’au mitage de paysages naguère libres de construction. Les réseaux de transport ont aujourd’hui atteint leurs limites en matière de capacité, de financement et d’impact environnemental. En 2005, l’Office fédéral du développement territorial (ARE) constatait dans le rapport sur le développement territorial que le développement territorial de la Suisse n’était pas durable. Confédération, cantons, villes et communes ont alors décidé d’élaborer conjointement un projet de territoire pour la Suisse. Ce projet vise à établir pour la première fois une conception commune du futur développement territorial de la Suisse, qui soit acceptée par les trois niveaux politiques.

Projet Territoire Suisse
Le Projet de territoire Suisse en consultation

A l’occasion de la conférence de presse du 21 janvier 2011, l’organisation tripartite du projet a donné le coup d’envoi à une vaste procédure de consultation. Le Conseil fédéral, les gouvernements cantonaux, les exécutifs des villes et des communes, les partis, les associations ainsi que les autres organisations et groupes d’intérêt en Suisse et dans les régions frontalières à l’étranger sont invités à prendre position sur cet avant-projet. Au terme de la procédure de consultation fin juin 2011, le Projet de territoire sera adapté sur la base des prises de position reçues, puis adopté sur le plan politique par les partenaires des trois niveaux de l’Etat. Les archéologues, en tant que groupe d’intérêt, ont ainsi jusqu’au mois de juin pour se poser la question de savoir comment l’archéologie peut s’inscrire dans une politique de développement durable qui voudrait promouvoir, entre autre, un usage parcimonieux du sol tout en intégrant exigences écologiques, économiques et sociales. Nous nous devons de participer à ce projet qui s’il est correctement appliqué permettra un développement contrôlé des constructions, et, par voie de conséquence, évitera la destruction aveugle du patrimoine archéologique enfoui.

Attention soutenue à Pompéi

Le 24 août 79 après J.-C. le Vésuve recouvrait d’un linceul de lapillis et de cendres la bourgade campanienne de Pompéi. Ce n’est que près de 17 siècles plus tard, à partir de 1748, que la ville fut à nouveau, progressivement, remise au jour. Avec ses 44 hectares déjà dégagés, Pompéi constitue le plus grand musée archéologique à ciel ouvert. Il reste pourtant encore 40% de la surface de la ville à découvrir. Mais avant cela il faudra bien trouver un moyen de conserver ce qui a déjà été exhumé. Car il ne suffit pas de fouiller, il faut être en mesure de conserver ce que l’on a mis au jour. En effet, le 6 novembre, la Maison des Gladiateurs située à côté de la Maison de Lucretius Fronto sur la Via de Nole, s’effondrait sur elle-même, semble-t-il minée par des infiltrations d’eau de pluie. Le 30 novembre, c’est un mur bordant la Maison du Moraliste qui s’effondrait à son tour. Entre septembre 2003 et février 2010, ce ne sont pas moins de seize effondrements qui se sont produits à Pompéi, comme l’a rappelé Sandro Bondi, le ministre italien de la Culture. De fait, 70% du site est en péril, selon Pier Giovanni Guzzo, l’ancien intendant de Pompéi.
Cave Canem
Attention au chien !

Le site est classé au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1997. Une mission d’experts mandatée par l’organisation s’est rendue dernièrement sur place pour examiner la question et rendra son rapport lors de la prochaine session du Comité du patrimoine mondial à Bahreïn en juin 2011. La Maison des Gladiateurs, qui comprenait une grande salle carrée de 8,50 mètres de côté, était décorée de dix victoires ailées portant des glaives et des boucliers, de trophées et de chars ainsi que de peintures murales recouvertes du célèbre rouge pompéien. Par manque d’entretien, d’autres monuments de Pompéi seraient menacés, comme le Temple d’Apollon, la Maison du faune, la Maison du poète tragique avec sa célèbre mosaïque portant l’inscription «cave canem». Pourtant, a priori, ce ne sont pas les moyens qui devraient manquer. Depuis le vote d’une loi en 1997 accordant l’autonomie de gestion à Pompéi, la surintendance archéologique du site perçoit l’intégralité de la vente des billets aux 2 millions de visiteurs qui affluent chaque année, ce qui rapporte environ 22 millions d’euros. Si la conservation de Pompéi ne peut être assurée à long terme, tous les efforts scientifiques et l’habileté politique de Celsius, au 26ème siècle, pour ensevelir la cité et la préserver, afin de témoigner de l’existence passée du Sud, auront été vains (voir « Péplum » d’Amélie Nothomb ).

L’archéologie sort de l’ombre au Sénégal

Aujourd’hui se termine à Dakar le 13ème Congrès de l’Association Archéologique Panafricaine de Préhistoire et des Disciplines Associées (PANAF) conjointement à la 20ème Conférence de la Société des Archéologues Africanistes (SAFA). Cette réunion, qui a débuté le 1er novembre dans l’enceinte du campus de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar a été l’occasion pour quelques 350 archéologues, historiens et chercheurs de diverses disciplines scientifiques de faire une rétrospective, mais également un bilan des recherches africaines et de mener d’une manière générale une réflexion sur le thème de la préservation du patrimoine culturel africain.
IFAN
L’IFAN et le Musée de Dakar

La tenue de ce Congrès à Dakar fut une bonne occasion pour les archéologues sénégalais de sortir de l’ombre et de faire entendre leur voix. Selon Moustapha Sall archéologue et enseignant au département d’histoire de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, le Sénégal ne compte que 10 archéologues en activité. Les étudiants en archéologie, une fois leur maitrise acquise, par manque de débouchés et de perspectives, se spécialisent en histoire et deviennent des enseignants. Il espère que la réforme du Système licence-Master-Doctorat (LMD), et l’introduction d’un Master en archéologie et gestion du patrimoine (AGEP) va permettre d’inverser cette tendance. De son côté le chef du laboratoire d’archéologie de l’Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN), Ibrahima Thiaw, a plaidé la cause de l’archéologie préventive qui est encore peu développée au Sénégal. Selon lui seuls deux ou trois projets de constructions ont fait recours à l’archéologie préventive. Une réforme de la législation actuelle, qui date de 1971, devrait permettre de prendre en compte l’archéologie préventive comme cela se fait actuellement en Mauritanie, au Mali ou en Afrique du Sud.

Horizons 2015 en quête d’idées

Comme s’en est fait l’écho ce blog ici, le 29 janvier dernier s’est tenu, à Berne, le colloque inaugural du forum de discussion «Horizons 2015 » sous le titre « Archéologie en Suisse – Situation et perspectives». La déclaration finale, des résumés de certaines communications, de même qu’un enregistrement sonore du débat final,  peuvent être podcastés ici sur le site internet du forum . Cependant si un débat doit avoir lieu dans les cinq années à venir, il est plutôt mal parti, car personne ne semble prêt à y participer et à y ajouter ses idées à la réflexion générale. Pour preuve : la page qui se veut être un forum de discussion pour tous les acteurs de l’archéologie suisse reste désespérément vide depuis le mois de janvier car on ne compte à ce jour qu’une seule contribution, la mienne. A croire qu’il n’y a rien à débattre et qu’il n’y a aucun problème urgent. En somme, tout va très bien, madame la Marquise !
Concours d'idées Horizons 2015
De la parole aux actes !

A la fin de l’été, pour relancer le débat, l’Assemblée des délégués de l’association et le Comité directeur ont décidé d’organiser deux concours d’idées. Le premier, intitulé « Archéologie et société » vise à analyser la perception que la société peut avoir de l‘archéologie et de prévoir des mesures concrètes pour la redynamiser. Le second, plus ambitieux, dénommé « Collaborations et recherches archéologiques suprarégionales » vise à faciliter la recherche régionale et suprarégionale et d’encourager la collaboration entre les différentes institutions s’occupant d’archéologie, soit en premier lieu les services cantonaux, les universités et les musées. La condition commune à chacune des propositions faites dans le cadre de ce concours d’idée est quelles doivent être réalistes tant sur le plan politique que financier, et, en principe, elles doivent être réalisables dans un délai de 5 ans.
Si vous avez des idées à partager, et que ces problématiques vous intéressent, il suffit d’envoyer au comité d’Horizons 2015 un bref résumé de vos propositions et cela jusqu’au 21 novembre 2010, le comité ayant décidé de prolonger le délai du dépôt d’idée initialement fixé au 31 octobre. Il est temps de passer de la parole aux actes. Pour ma part, j’ai déjà l’idée d’un projet. J’espère ne pas être le seul.