Un rêve réalisé

Qui n’a jamais rêvé de découvrir une cité engloutie ? Pour certains, dont Franck Goddio, le rêve est une réalité. Et pour s’en assurer il suffira de se rendre à Paris, entre le 9 décembre et le 16 mars 2007, avec en poche une réservation pour l’exposition des Trésors engloutis d’Egypte, qui se tiendra dans la nef du Grand Palais. Car sur les fonds marins égyptiens, n’en déplaise à Jean-Yves Empereur, il n’y a pas seulement les vestiges du Grand Phare, l’une des sept merveilles de l’Antiquité, mais également ceux du palais de Cléopâtre VII, et des cités d’Héracléion et de Canope dans la baie d’Aboukir.

Page de réservation en ligne pour l’exposition

Cette exposition, déjà présentée à Berlin entre mai et septembre 2006, consacre l’esprit d’entreprise d’un homme qui, sans être archéologue de formation, a su mettre son esprit d’entreprise au service de l’archéologie subaquatique. Avec le support d’une importante fondation privée, Franck Goddio a réuni le financement nécessaire pour mettre en œuvre de nombreux projets de recherche scientifique et pour s’entourer d’une équipe de personnalités aux multiples talents, sans laquelle, selon lui, rien n’aurait été possible. On veut bien le croire et surtout le grand public lui saura gré de lui faire partager sa passion de rêve.

Le retour de Saint Paul

Selon une dépêche datée de hier de l’agence Zenit, des travaux réalisés dans la basilique de Saint-Paul-hors-les-murs viennent de mettre au jour la tombe de Saul de Tarse, né vers l’an 9, citoyen romain d’origine juive et de langue grecque, plus connu sous le nom de Saint Paul. Une présentation à la presse de la découverte est annoncée pour le lundi 11 décembre.

La basilique de Saint Paul Hors-les-murs

En fait, la dépêche en question parle plus exactement du sarcophage de l’apôtre. Est-ce à dire qu’il n’y a pas de corps dans le coffre, où qu’une ouverture officielle du sarcophage est prévue à ce moment là pour en révéler le contenu? En tous les cas, on devrait en savoir plus lundi sur la confession de Saint-Paul, c’est-à -dire sur le lieu d’inhumation du saint homme, qui périt décapité et non crucifié, privilège de citoyen romain, en l’an 64 sous le règne de l’empereur Néron. Selon la tradition, au soir de son martyre, la communauté chrétienne de Rome ensevelit en cachette le corps de l’apôtre des Gentils dans la nécropole bordant la via Ostiense, située près de l’endroit de son supplice. Son humble tombe fut recouverte de l’enseigne en marbre d’un boucher. A propos de boucher, c’est aujourd’hui la Saint-Nicolas.

La bourse du tourisme archéologique

Comme je n’aime pas bronzer à ne rien faire, j’ai du mal à concevoir des vacances dans une région qui n’offre aucun potentiel de découverte archéologique. Aussi, pour ma petite famille, lorsque vient le temps de penser à partir se pose la question suivante : Où irons-nous passer nos prochaines vacances ? C’est à cette question que les responsables touristiques des pays du pourtour de la Méditerranée cherchent à nous donner une réponse en se réunissant chaque année à Paestum pour la « Bourse méditerranéenne du tourisme archéologique ». Elle permet la rencontre entre prestataires de service culturel et tour-opérateurs provenant de 13 pays : Allemagne, Autriche, Belgique, Canada, Espagne, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Hollande, Japon, Russie, Suède et Suisse.

Temple de Neptune Paestum

Le temple de Neptune à Paestum

La neuvième édition de cette bourse particulière s’est tenue du 16 au 19 novembre, avec la Grèce comme hôte d’honneur. A cette occasion une exposition, ArcheoVirtual, a présenté à près d’une dizaine de milliers de visiteurs un certain nombre de réalisations illustrant le thème de l’archéologie virtuelle, sous la forme de visites interactives de sites comme ceux de Pompeï, de la via Appia, d’Angkor ou de la Domus Aurea, entre autres. Furent également évoquées les possibilités offertes par les téléphones portables ou les lecteurs MP3 pour télécharger (podcaster) des visites guidées interactives. Le visiteur dispose ainsi de son propre audio-guide ce qui évite des frais de maintenance de matériel pour les institutions patrimoniales. Pour cela, il importe que les régions et les sites culturels qui veulent s’assurer une part du tourisme mondial développent leur site internet ,outil de plus en plus privilégié pour s’informer sur leurs offres et pour préparer le prochain voyage en famille.

Le mécanisme d’Anticythère révèle ses secrets

L’un des plus étranges objets que l’Antiquité nous a laissé, est en passe de livrer ses secrets. Depuis l’automne 2005 trois équipes de chercheurs des Universités de Cardiff, Thessalonique et Athènes se sont données comme tâche d’étudier en détail cet objet découvert au fond de la mer près de l’île d’Anticythère entre la Crète et le Péloponnèse par des pêcheurs d’éponges.

Mécanisme d'Anticythère

Partie principale du mécanisme d’Anticythère

Le mécanisme d’Anticythère était composé de 32 roues dentées. Le nombre de dents et les relations d’engrenage correspondent à des constantes astronomiques permettant de calculer la position du soleil et de la Lune, de même que les phases de cette dernière. La précision de l’engin est telle qu’il est possible de prévoir précisément les éclipses de lune et de soleil. Il semblerait également que le mouvement des cinq planètes connues à l’époque, à savoir, Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne pouvait également être simulé à l’aide de ce mécanisme, ce qui permettait de les situer leur position par rapport aux constellations du zodiaque.

Des pyramides en béton?

Comment les anciens Egyptiens ont-ils fait pour ériger un monument tel que la Grande Pyramide en seulement vingt ans ? Depuis quelques années une hypothèse captivante était à vérifier: et si les Pyramides de Gizeh n’étaient pas faites en pierres de taille, mais en pierre artificielle? Dès 1979, un scientifique français, Joseph Davidovits, a cherché à démontrer cette possibilité. Il en résulte selon lui, que les gigantesques blocs qui forment les assises des pyramides auraient tout simplement été modelé sur place à l’aide d’une pâte fluide composée de calcaire, d’argile et de natron agglomérés durcissant en quelques jours, à la manière du béton. En tant que chimiste, spécialiste des géopolymères, il est parvenu à en reconstituer. Deux articles qui viennent d’être publier, l’un dans la revue Science & Vie, et l’autre dans le Journal of the American Ceramic Society apportent un nouveau crédit à cette hypothèse. Dans ces études, des échantillons de calcaire provenant des carrières proches des pyramides et d’autres provenant des pyramides ont été analysés et comparés. Ils ont montrés une différence dans leur structure. Le matériel des pyramides contient en particulier une espèce de liant absent du matériel naturel.


Les pyramides du plateau de Gizeh

On sait depuis longtemps que l’Antiquité connaissait le béton. La maitrise technique du mélange composé en partie de pouzzolane avait permis aux Romains d’édifier de gigantesques et splendides bâtiments comme les thermes de Caracalla ou de Dioclétien. Mais rien de tel n’était attesté chez les Egyptiens. Si l’usage du béton est démontré chez les anciens Egyptiens, cela permettrait d’expliquer plus facilement comment ils sont parvenus à ériger un monument tel que la Grande Pyramide en seulement deux décennies. Ainsi, le matériel nécessaire à la construction fut amené non sur des traîneaux, mais dans de simples paniers et versé dans des coffrages directement sur le monument. Cette manière de faire permet de répondre à de nombreuses questions qui jusqu’à présent posaient problème comme celui du transport et de la mise en place des pierres à plus d’une centaine de mètres de hauteur et de l’ajustement aussi parfait, au sein de la structure, de bloc pesant plusieurs tonnes. Si cette hypothèse se confirme, une partie du mystère de la Grande Pyramide, notamment celui de sa construction, serait ainsi levé. Une fois cette technique mise au point on a de la peine à imaginer qu’une telle pratique ait pu être oubliée sans suite et n’ait pas été mise en œuvre pour d’autres constructions, en particulier celles des temples. La recherche ne fait donc que commencer. Malheureusement, il semble que les autorités égyptiennes ne soient pas très enclines à faciliter le travail des scientifiques et à permettre des analyses sur les monuments afin de vérifier l’hypothèse à partir d’échantillons prélevés dans les règles de l’art. On se demande bien pourquoi.

La Grande Muraille protégée

La Grande Muraille a été édifiée dès la fin du 3ème siècle av. J.-C. par le premier empereur Qin Shi Huang-ti pour protéger la Chine du Nord des incursions des Mongols. D’une longueur initiale de plus de 6000 km, l’ouvrage n’est plus conservé que sur 2500 km. Un système de télédétection aérienne sera prochainement mis en œuvre pour en faire un relever complet et en connaitre sa dimension exacte. De nombreuses dégradations ont été constatées ces dernières années, dues au vandalisme et à une certaine exploitation touristique. C’est pour cela qu’aujourd’hui, 1er décembre 2006, entre en vigueur une nouvelle règlementation visant à protéger la Grande Muraille, contre les déprédations de la Chine moderne. Dorénavant, il ne sera plus possible de traverser en véhicule le tracé du mur, de graver ou de graphiter les parois, de creuser le sol ou d’arracher une brique au monument sans encourir une amende allant de 50’000 à 500’000 yuans. C’est la première fois que la Conseil des Affaires d’État de la République populaire de Chine promulgue une loi visant à protéger un site de l’héritage culturel. Parallèlement à cette mesure, d’autres règlementations alourdissent les sanctions prévues pour les personnes portant atteinte à des sites naturels, notamment par la construction d’hôtels, afin de protéger la beauté du paysage, la végétation et les environs de ces sites. Ainsi, même en Chine perçue comme un pays jusque là peu sensible à l’environnement, des lois visant à promouvoir les principes du développement durable se mettent en place.

La Grande Muraille de Chine
Une petite section de la Grande Muraille

La Grande Muraille est visitée chaque année par 4 millions de visiteurs. Pour ceux qui, malgré tout, voudraient témoigner de leur passage en laissant leur griffe sur le lieu, un facsimilé d’une partie du mur d’une longueur de 80m de longueur et de 7,5m de hauteur a été construit près de Badaling à 60km de Beijing. Pour 999 yuans (environ 150 francs), il est possible de réaliser un grafitto sur l’une des 9999 briques de marbre imbriquées dans cet ouvrage. Une opération plus lucrative que patrimoniale. Les astronomes affirmaient, avant les vols spatiaux, que la Grande Muraille était la seule réalisation humaine visible de l’espace à l’œil nu. En la cherchant sur Google Earth on se convaincra aisément que cette assertion est fallacieuse. Cette allégation était pourtant relayée depuis des années dans les manuels scolaires des petits chinois. Il a fallu attendre le vol orbital du premier taïkonaute, Yang Liwei, qui a reconnu ne pas avoir vu la muraille de l’espace, pour que le ministère de l’éducation songe à retirer cette affirmation des manuels.

Engagez-vous dans la légion

Pour ceux qui se demandent quelle était la vie dans la légion romaine, il y a possibilité, s’il le souhaite, de revêtir au 21e siècle la cuirasse et les sandales du légionnaire en intégrant l’une ou l’autre des unités constituées. Parmi elles, la Legio XI Claudia Pia Fidelis. C’est l’unité qu’un groupe de passionnés de l’histoire militaire romaine de la région de Bâle se sont donnés pour tâche de faire revivre en prenant comme cadre temporel, l’intervalle entre l’an 69 et l’an 101 après J.-C, soit la période au cours de laquelle cette légion était en garnison à Vindonissa, actuellement Windisch, dans le canton d’Argovie.

Legio XI

La Legio XI, en pause

Dans une démarche d’archéologie expérimentale, chaque pièce de l’équipement du légionnaire a été consciencieusement répliquée, du casque aux caligae, en fonction des connaissances que nous pouvons en avoir. Celles-ci se base autant que possible sur les vestiges archéologiques du matériel utilisé, mais aussi sur les représentations de l’armée romaine que l’on trouve sur des monuments comme la colonne de Trajan à Rome, ou dans des textes comme l’ Epitoma rei militaris, le fameux traité de l’art militaire de Végèce.
Mais si la vie militaire ne vous convient pas, vous pouvez aussi vous draper dans la toge ou les coturnes de simples civils.
De nombreux autres groupes offrent des prestations à peu près semblables. Par exemple, la Legio VIII, basée en France qui a participé au spectacle Ben Hur mis en scène l’été dernier par Robert Hossein au Stade de France ou la Legio XX, qui a traversé l’Atlantique pour s’établir aux Etats-Unis d’Amérique.

Pour compléter votre engagement n’oubliez pas de graver votre nom au bas de cette tablette.

La télédétection au service de l’archéologie

Question : Qu’y a-t-il de commun entre la ville de Venise, les chutes d’eau d’Iguazu, les temples d’Angkor et les gorilles d’Afrique centrale ?

Réponse : ce sont tous des éléments inscrits à l’inventaire du patrimoine mondial et qui peuvent entrer en ligne de compte dans le projet intitulé « Partenariat ouvert pour l’utilisation des technologies spatiales dans la surveillance des sites du patrimoine naturel et culturel de l’UNESCO ».

Temple d'Angkor Wat

Temple d’Angkor Wat vu par Google Earth

Ce « Partenariat ouvert » est issu d’une collaboration initiale entre l’agence spatiale européenne (ESA) et l’Unesco, auxquels se sont joints d’autres agences spatiales, des instituts de recherche et des organisations non-gouvernementales, pour offrir aux pays qui le souhaitent une surveillance par images satellites de leur patrimoine naturel et culturel. Parmi les projets en cours, plusieurs concernent directement l’archéologie. Ainsi, le contrôle des zones archéologiques protégées dans la forêt tropicale au Guatemala, l’inventaire des kourganes dans les montagnes de l’Altaï entre la Russie, le Kazakhstan, la Mongolie et la Chine ou l’observation et la surveillance de la ville d’Uruk en Irak. Comme chacun peut s’en rendre compte par lui-même en consultant Google Earth, les images satellites à haute résolution, disponibles à certains endroits, permettent de voir des détails au sol de dimension inférieure au mètre. On parvient ainsi à établir facilement des cartes topographiques et des plans de site, là où il est normalement difficile, voire impossible, d’en dresser de manière conventionnelle. De plus l’analyse et l’actualisation des images permettent d’observer toutes modifications dans l’état du sol, ce qui conduit à contrôler et à lutter plus efficacement contre les fouilleurs clandestins. L’ensemble des images collectées permettra une intégration rapide des données patrimoniales dans les systèmes d’information géographique (SIG) dont le développement s’est fortement accéléré ces dernières années notamment grâce à une informatique de plus en plus performante, tant au niveau des appareils que des logiciels.

Le roman de la momie

Il y a quelqu’un qui risque de s’attirer quelques ennuis. C’est le particulier qui a passé aujourd’hui ce message sur un site d’annonces gratuites : « 2000 € – Vends mèches de cheveux de la momie de Ramsès II ». Ce n’est sans doute pas une offre mensongère puisque des prélèvements de cheveux du pharaon, ainsi que des fragments de résine et de bandelette qui l’embaumait ont été effectués sur sa momie entre 1976-1977, pendant son séjour en France pour la guérir d’un mal qui le rongeait: des champignons. Ces restes n’auraient pas dû être conservés après analyse et rendus à l’Egypte.

site d'annonces

Une petite annonce étonnante!

Peut-on vendre de tels vestiges? D’un point de vue moral, il est clair que la réponse doit être clairement non. Cependant la conservation d’un corps humain derrière une vitrine n’est elle-même pas moralement plus défendable : il en va du principe de la paix des morts. Mais en faisant abstraction de ces problèmes d’éthique, que risque le vendeur ? Selon les lois sur le trafic illicite des antiquités la personne qui a conservé ces prélèvements à l’insu du propriétaire, le gouvernement égyptien, a commis un délit, et dans ce cas, il doit être poursuivi et condamné. Mais il faut savoir que dans la plupart des lois sur le trafic illicite des antiquités il existe un délai de prescription plus ou moins long en fonction des pays. Généralement en Europe cette loi prévoit un délai de prescription de 30 ans. Ainsi, le détenteur de ces reliques pourrait les vendre en toute impunité puisque son forfait, ou plus exactement, celui de son père, n’a pas été éventé avant l’expiration de ce délai, pour autant que le prélèvement date de 1976 et non de 1977.

Menaces patrimoniales en Irak

L’Irak se trouve au cœur de la Mésopotamie, le pays entre les deux fleuves, le Tigre et l’Euphrate. C’est également la région du début de l’histoire et de la civilisation, une terre ayant accouché de la première écriture et des premières villes. La guerre en Irak est une vraie catastrophe pour notre héritage culturel. Cela a commencé dès les premiers jours de la prise de Bagdad par le pillage du musée d’archéologie sous le regard indifférent des troupes étasuniennes. Plus que le vol et la destruction de nombreux objets déposés au Musée archéologique de Bagdad, c’est également tous les vestiges encore présents dans le sol irakien qui sont aujourd’hui menacés.


Retour des touristes à Ur en Irak (image: confluence.org)

Tout ce que le régime tyrannique de Saddam Hussein avait réussi à préserver, à savoir l’héritage unique des cultures mésopotamiennes, a commencé à souffrir dès 1991 et la première Guerre du Golfe, en raison des bombardements intensifs de l’aviation alliée. Mais ce n’est rien par rapport à ce qui se passe aujourd’hui. Le laisser faire de l’administration actuellement en place, conduit a un pillage systématique des 1500 sites connus, ainsi que de 10’000 sites inconnus de la communauté archéologique, mais pas des pilleurs. Dans un pays ravagé par l’insécurité et la pauvreté cette richesse archéologique offre à une population acculée aux expédients un moyen de gagner quelques revenus pour le plus grand profit du marché international des antiquités. Un faible espoir subsiste cependant: celui de voir appliquer la résolution 1483 de l’ONU qui interdit le commerce et l’exportation des antiquités irakiennes et pour laquelle Interpol a créé une cellule spéciale. On peut rêver.