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Conflit autour d’un temple classé

Si on dit que la musique adoucit les mœurs, il ne semble pas en être de même, d’une façon générale, de la culture, surtout lorsque des intérêts nationalistes sont en jeu. Ainsi en est-il du temple hindou de Preah Vihear situé sur la ligne de crête de la chaîne des Dangrek sur sol cambodgien, mais dont l’accès est plus facile à partir du territoire thaïlandais. De fait, en raison de cette situation particulière, les touristes doivent s’acquitter d’un droit de visite à la fois auprès des administrations thaïlandaise et cambodgienne. Depuis quelques jours la tension est montée entre les deux pays voisins tant et si bien qu’aujourd’hui des centaines d’hommes, se font faces de part et d’autres de la frontière et que des craintes sérieuses pour la paix sont formulées.

Preah Vihear
Entrée du sanctuaire de Preah Vihear (image CISARK)

Ce temple vient pourtant d’être accepté le 7 juillet, parmi 26 autres sites, dans la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, lors de la 32ème session de son Comité qui s’est tenue à Québec. A cette occasion, le temple de Preah Vihear a été reconnu comme un “chef d’oeuvre remarquable de l’architecture khmère”. “Il est très pur dans sa configuration comme dans la finesse de ses décors”, précise le Comité. Il a également encouragé le Cambodge et la Thaïlande à collaborer pour obtenir une nouvelle “inscription transfrontalière” de l’ensemble du site, afin que sa “valeur exceptionnelle” soit conservée. Selon les dernières nouvelles, un comité mixte, dirigé par les ministres de la Défense des deux royaumes, devrait se réunir lundi 21 juillet dans la province thaïlandaise de Srah Keo, pour trouver une issue à la crise et parvenir à un accord sur la gestion du site.

De part et d’autre du Summus Poeninus

La route du Grand-Saint-Bernard a toujours constitué une voie de transit privilégiée à travers les Alpes pour relier l’Italie, au Nord de l’Europe, et ceci malgré son altitude élevée de 2473 m au-dessus de la mer. Des fouilles effectuées dès la fin du XVIIIe siècle par les chanoines de l’Hospice ont mis au jour au sommet du col que les Romains appelaient Summus Poeninus, une série d’édifices culturels, comme un temple dédié au dieu Penn et des aménagements routiers et hydrauliques. Pour témoigner de ce riche passé, une association, baptisée Pro-Grand-Saint-Bernard, a vu le jour en 1984, dont un des buts est de conserver et mettre en valeur le patrimoine historique et culturel du col. De plus, un programme européen Interreg III (2000-2006) a donné les moyens financiers, de part et d’autre de la frontière, de dégager des vestiges, de récolter un abondant mobilier archéologique et de compléter la connaissance du rôle joué par le col au cours de l’histoire des deux régions limitrophes.

Summus Poeninus
La voie romaine du col

Le 11 et 12 avril 2008, s’est tenu à Fort de Bard dans la Vallée d’Aoste un séminaire de clôture de ce vaste projet pluridisciplinaire Interreg III placé sur le thème de «l’archéologie des voies et des passages dans les Alpes à l’époque romaine: cols, sanctuaires, viabilité et relations commerciales ». Lundi, c’est l’archéologue cantonal du Valais, François Wiblé, qui a présenté au journal Le Nouvelliste la publication qui résulte de toutes les communications soumises. L’ensemble des travaux s’est concentré, pour l’essentiel, sur deux sites : le plan de Jupiter côté italien et le replat de Barasson aménagé sur le versant suisse. Placé sous la direction conjointe de Lorenzo Appolonia, Patrizia Framarin et François Wiblé l’ouvrage, intitulé « Alpis Poenina, Grand Saint-Bernard. Une voie à travers l’Europe », rassemble en 493 pages, les contributions des archéologues suisses et italiens. Leurs analyses montrent, entre autres, que le col du Grand-Saint-Bernard a été fréquenté dès l’époque préhistorique ce qui, soit dit en passant, n’étonne plus personne depuis la découverte d’Ötzi. Cet ouvrage de référence, destiné avant tout aux scientifiques, devrait contribuer à réactualiser les informations du musée de l’hospice et pourrait être suivi, à terme, d’un ouvrage synthétique destiné au grand public.

Allianoi en péril

Le site antique d’Allianoi en Turquie présente au visiteur un complexe thermal particulièrement bien préservé, remontant à l’empereur Hadrien, dont l’état l’a fait surnommé un « Pompéi thermal ». Situé à dix-huit kilomètres de l’ancienne Pergame il constitue un complément important à l’attrait touristique de la région. Hélas ce site est menacé par la construction du barrage de Yortanli sur la rivière Ilya. Ainsi après Zeugma, sur les rives de l’Euphrate, déjà engloutie, et Hasankeyf, au bord du Tigre, qui le sera bientôt, la Turquie argumente, une fois de plus, que conserver l’eau derrière un barrage se révèle plus important pour la société que la préservation d’un patrimoine millénaire comme celui d’Allianoi, dont seul 20% de la surface a pu être reconnues par les archéologues.

Allianoi

Le site d’Allianoi (photo: Europa Nostra)

Malgré un appel à la sauvegarde lancé en 2005 par Europa Nostra, l’ICOMOS et l’European Association of Archaeologists (EAA), appel réitéré en mars 2007, ainsi qu’une pétition signée par 35’000 visiteurs dont 30’000 de nationalité turque, rien ne semble infléchir la décision du gouvernement turc de recouvrir sous 17 mètres d’eau un site de première classe, qui aurait pu, vu sa qualité, prétendre à son inscription au Patrimoine mondial s’il ne s’opposait pas au « progrès » décidé par la toute puissance DSI, l’influente Direction des affaires hydrauliques. Aux dernières nouvelles il paraît que le site est déjà fermé aux visiteurs et que tous les panneaux de signalisation y conduisant ont été barbouillés ou retirés. Les archéologues turcs, en guise de dernière tentative pour sauver le site, ont déposé un recours à la Cour européenne des droits de l’homme au mois de février. Quel espoir demeure-t-il que justice leur soit rendue dans un sens favorable ? Bien faible, semble-t-il.

Bonnes nouvelles de Zhoukoudian

Alors que l’opinion internationale a les yeux braqués sur le sort que le gouvernement chinois réserve au Tibet et à sa population autochtone, deux groupes d’architectes chinois, l’un de l’Institut de design du Liaoning, l’autre provenant de l’Université Qinghua, ont chacun de leur côté proposé la construction d’une grande tente pour abriter l’une des grottes de Zhoukoudian. Ce lieu, comme celui de la Grande Muraille, fait partie des sites archéologiques majeurs aux alentours de la capitale de la Chine qui se prépare, comme chacun le sait, à accueillir les prochains Jeux Olympiques. Ces projets de mise en valeur architecturale du site, comme d’autres tentatives précédentes, devront au préalable être acceptés par les archéologues et approuvés par l’administration d’état du patrimoine culturel qui s’est déjà opposés à d’autres tentatives de réalisations précédentes.

Souvenirs de Zhoukoudian
Carte postale de Zhoukoudian (photo : Flickr)

Cet ensemble de grottes, situé à une cinquantaine de kilomètres au sud ouest de la ville de Pékin (Beijing), était connu dans la pharmacopée chinoise pour renfermer des os de dragon. En fait de dragon il s’agissait parfois de vestiges de Sinanthrope. C’est là en particulier que l’on découvrit en 1929 la calotte crânienne d’un Homo erectus, que l’on baptisa l’Homme de Pékin. Par la suite, d’autres restes d’Homo erectus pekinensis ou Sinanthropes, au moins une quarantaine d’individus, y furent mis au jour. En 1937, les Japonais envahirent la Chine et, en 1941, dans l’urgence de l’avancée des troupes nipponnes, les scientifiques cherchèrent à mettre la collection d’ossements à l’abri aux Etats-Unis. Malheureusement, le chargement n’arriva jamais à destination et fut, soit bombardé sur terre ferme, soit coulé en mer.  La violence est aveugle et n’épargne ni les Sinantropes, ni les Tibétains. Par la suite, le site a été inscrit en 1987 sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco et un musée dédié à l’Homme de Pékin a été édifié à Zhoukoudian. Il y a peu, de nouvelles recherches y sont conduites qui devraient amener à la découverte de nouveaux fossiles pour compléter les pertes dues à la guerre. On espère ainsi de bonnes nouvelles de Zhoukoudian, et pourquoi pas, du Tibet.

Bilan et perspectives du patrimoine culturel suisse

Au début de cette semaine, l’Office fédéral de la culture (OFC) a donné une conférence de presse pour rendre compte du bilan de son activité en 2007 et des perspectives pour la période 2008-2011. On apprend ainsi que sa section Patrimoine culturel et monuments historiques a alloué l’année dernière pour près de 34 millions de francs d’aides financières réparties sur 431 objets protégés. Cette année, moins de 22 millions de francs sont budgétisés pour ces tâches par l’OFC, et de 2009 à 2011, les montants alloués ne dépasseront pas 16 millions de francs par année. De plus, sur les 69,5 millions de francs à disposition pour la période, 34 millions sont destinés aux crédits déjà engagés, ce qui ne laisse plus que 35,5 millions de francs pour les nouveaux engagements. Or, en date du 17 mars 2008, les requêtes des cantons représentaient déjà un montant de 54 millions de francs. On peut ainsi craindre que, jusqu’en 2011, aucune nouvelle demande de subventions ne sera accordée. A l’avenir, en accord avec la nouvelle répartition des tâches entre Cantons et Confédération entrée en vigueur le 1er janvier 2008, il dépendra des autorités cantonales d’établir avec l’OFC des conventions-programmes pour convenir du financement des nouveaux projets.

Plongée lacustre
Les stations lacustres candidates au Patrimoine mondial

Parmi les tâches prioritaires de l’OFC pour la période 2008-2011, on trouve l’inscription de cinq nouveaux sites sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, qui viendront s’ajouter aux sept sites déjà classés. Dans la liste des nouvelles inscriptions proposées, se trouve le classement des sites préhistoriques lacustres dans les lacs et tourbières. L’élaboration de ce projet transfrontalier est coordonné par la Suisse et rassemble l’Allemagne, la France, l’Italie, la Slovénie et l’Autriche. L’inventaire des sites lacustres suisses fait état de 450 gisements, dont la moitié sont situés dans la région des Trois-Lacs, qui englobe les lacs de Neuchâtel, Bienne et Morat. Le dépôt du dossier est actuellement prévu pour 2009 et la décision de classement ne devrait pas intervenir avant 2011.

ADS: des données archéologiques par millions

Au mois de février de cette année l’Archaeological Data Service (ADS) a eu le plaisir d’annoncer la conclusion d’un accord pour le maintien des subventions qui lui sont versées par l’Arts and Humanities Research Concil (AHRC). Ceci permettra à l’ADS de poursuivre sa tâche essentielle, celle de la préservation de toutes les données archéologiques du Royaume-Unis en accord avec la mission qui lui a été assignée en 1995 par l’Arts and Humanities Data Service (AHDS) dans le domaine de l’archéologie. Cet accord est le fruit de négociations entamées l’année dernières entre l’AHRC et l’AHDS. Pour défendre le niveau des subventions menacées par de sérieuses coupes budgétaires les utilisateurs des données collectées en étaient même venus à lancer une pétition de soutien en ligne.

Hache de l'âge du Bronze et fibules romaines

Planche d’objets provenant de la Société des Antiquaires de Londres

L’ADS, qui est hébergé par l’Université de York, assure la collecte, la conservation et la diffusion des résultats de fouilles effectuées au Royaume-Uni ou par des archéologues britanniques ailleurs dans le monde. Et lorsque l’on jette un coup d’œil, en cliquant sur les bases rassemblées et mises en ligne par l’ADS, on ne peut que rester ébahi et pantois devant les quantités de données conservées dans l’un ou l’autre de ses dépôts. Ainsi la base ArchSearch contient des informations sur plus d’un million d’entrées de type sites, monuments ou fouilles situés en Grande-Bretagne. D’autres bases permettent d’avoir accès à des thèses, des rapports de fouilles, des articles, des bibliographies, des revues, des cartes et des archives. Pour diffuser ses informations, l’ADS a choisi des formats standardisés, pour partager des images, des textes, des cartes ou des géodonnées entre archéologues-internautes. Et toute cette impressionnante documentation est en accès libre, sans inscription, sous réserves de l’acceptation des règles habituelles sur le copyright. Lorsque je vois ça, je me dis que nos collègues britanniques ont bien de la chance de disposer d’un tel outil pour entamer ou poursuivre leurs recherches.

Europeana, un vaste puzzle prochainement en ligne

Il y a près d’une année, le 22 mars 2007, au salon du livre de Paris, apparaissait le projet d’une bibliothèque numérique appelée Europeana initiée par la Bibliothèque Nationale de France (BNF), dont le but avoué était de défier Google Book sur le terrain de la mise à disposition de livres numérisés. Au début du mois dernier, le 11 février 2008, sous le même nom, a été présenté au salon du livre de Francfort un projet nettement plus ambitieux car il ne s’agit plus seulement de mettre à disposition des internautes des livres numérisés mais également des journaux, des tableaux, des photographies, des objets, des enregistrements audio et vidéo numérisés par l’ensemble des institutions européennes spécialisées dans la sauvegarde du patrimoine comme les musées, les bibliothèques, les archives et les médiathèques. Pour s’en faire une idée une démonstration et une présentation vidéo d’Europeana sont accessibles en ligne. Le but visé par ce projet étant de promouvoir l’identité culturelle de l’Europe et de diffuser son patrimoine on peut cependant s’étonner que la musique de présentation retenue soit celle de These Boots Are Made For Walkin de Nancy Sinatra, même si elle s’accorde aux souliers de Van Gogh.

Europeana Headline
Europeana, des millions de pièces à comparer

Les défis de ce portail sont nombreux. Il s’agit de rassembler sur un même site et selon un même standard des données issues d’institutions très différentes et ne partageant pas la même langue. La recherche de documents devrait se faire à l’aide d’un moteur de recherche utilisant les tags qui leur seront attribués par les institutions contributives et par les utilisateurs comme cela se fait efficacement pour les photos dans Flickr. Pour nous autres archéologues il faut espérer que nous pourrons trouver dans Europeana les outils nous permettant de partager et de comparer le contenu de nos inventaires, de nos dépôts de fouilles et de nos collections de référence. Mais pour cela il faudra bien sûr une volonté de tous les partenaires potentiels de mettre à disposition leurs données, et cela est loin d’être acquis. J’ai pour l’heure du mal à imaginer que des conservateurs de musée qui interdisent encore aujourd’hui aux visiteurs de prendre quelques clichés de leurs objets puissent mettre demain, gracieusement à disposition des internautes, des images numériques de ces mêmes objets. Pour cela il faudrait que la Commission Européenne qui soutient le projet puisse persuader ou contraindre les réfractaires à mettre leurs données sur le web. Le lancement de la version prototype d’Europeana est prévue en novembre 2008 et devrait contenir au moins deux millions de documents. J’espère être alors déçu en bien comme on dit chez nous.

Histoire perdue

C’est sous le titre portugais « História Perdida » ou anglais « History Lost » que se tient actuellement au Musée national d’Archéologie, situé dans le magnifique cadre du monastère des Hiéronymites à Lisbonne, une exposition retraçant l’histoire ancienne et récente du commerce illicite d’antiquités dans le monde. La présentation, mise en place sous l’égide de la Fondation hellénique pour la Culture, est conçue en forme de parcours didactique composé de textes, photos et films réalisés avec la contribution d’une centaine d’archéologues et chercheurs à travers le monde. Déjà présentée à Nicosie, Athènes, Corinthe, Némée et Trieste l’exposition retrace l’histoire du pillage des antiquités, les techniques employées par les voleurs, les moyens utilisés pour revendre les oeuvres, souvent avec la complicité de musées, des grandes maisons de vente aux enchères, de collectionneurs et de marchands d’arts établis, entre autres, en Suisse. On constate que la Convention de l’Unesco de 1970, malgré son adoption par 109 pays, n’a pas freiné ce commerce illicite, bien au contraire.

Exposition

L’entrée d’une Histoire perdue

Cette exposition très instructive doit une bonne partie de son riche contenu documentaire au travail réalisé par The Illicit Antiquities Research Centre (IARC) basé à l’Université de Cambridge, Angleterre, au sein du McDonald Institute for Archaeological Research. C’est en effet les recherches menées depuis 1996 par l’équipe de ce centre dirigé par Neil Brodie qui servent de support aux textes présentés aux visiteurs. Des premières grandes campagnes de fouilles du 18ème siècle au profit des grands musées comme le Louvre ou le British Museum, au pillage du musée de Bagdad en 2003, en passant par le trafic de statues au Cambodge ou la restitution récentes par le musée Getty de Los Angeles d’oeuvres volées à l’Italie et la Grèce, l’exposition montre aussi la constance du phénomène, et son ampleur. Face à cette perte de la mémoire collective de l’humanité, car on ignore dans 90% des cas la provenance exacte des objets apparaissant sur le marché des antiquités, il est regrettable que l’IARC ait du fermer ses bureaux à la fin septembre 2007 par faute de ressources financières. Modeste par sa taille mais riche dans son propos, cette exposition en forme de testament de l’activité de l’IARC est visible à Lisbonne jusqu’au 23 mars. J’espère que dans les mois prochains d’autres musées à travers le monde seront intéressés à la présenter, cela en vaut la peine.

La commission est née au Laténium

Après près de six années de gestation la commission «Archéologie et aménagement du territoire » est enfin sortie des limbes. C’est dans le cadre idyllique du Laténium au bord du lac de Neuchâtel, en ce beau jour baigné de soleil, que s’est tenu aujourd’hui la première séance de cette commission tant attendue. En présence de la vice-présidente et du secrétaire de l’organisation Archéologie Suisse, onze membres fondateurs, sur treize inscrits, se sont réunis pour l’occasion. Le premier mandat qui a été donné à la commission par Archéologie suisse est de s’informer sur le qui, quoi, quand et comment des grands projets de constructions en préparation sur le territoire des 26 cantons de la Confédération, soit de façon détaillée à s’intéresser à tous les projets soumis d’office à une étude d’impact sur l’environnement. En vertu de la Loi fédérale sur la protection de la nature et du paysage et conformément à son article 12, l’organisation Archéologie suisse a un droit de recours sur toute décision pouvant menacer le patrimoine archéologique. Cette tâche de contrôle sera d’autant plus importante à accomplir scrupuleusement dans les sept cantons suisses qui ne comptent pas encore de services cantonaux d’archéologie soit Appenzell Rhodes-Intérieures, Appenzell Rhodes-Extérieures, Glaris, Nidwald, Obwald, Schwyz et Uri.

Le Laténium

Première journée de commission au Laténium (Image: Flickr)

C’est lors de l’assemblée générale du 22 juin 2002, tenue également au Laténium par une splendide journée, que l’association Archéologie suisse, qui s’appelait encore Société Suisse de Préhistoire et d’Archéologie (SSPA), a arrêté la création d’une commission chargée de veiller à l’application, par la Confédération et les cantons, de la Convention européenne pour la protection du patrimoine archéologique (révisée), connue sous le nom de Convention de Malte. Mais comme nous sommes en Suisse, les choses évoluent généralement lentement et il a fallu attendre jusqu’à aujourd’hui, 22 février 2008, pour qu’enfin se matérialise dans les faits une telle commission. Son règlement que l’on peut consulter en ligne, indique cependant clairement les limites de son action, puisque, en définitive, il revient au seul comité d’Archéologie suisse le pouvoir de décider d’utiliser ou non le droit de recours accordé à l’organisation. Cependant , on peut rêver que dans un avenir proche, grâce à l’action efficace des membres bénévoles de la nouvelle commission, le fameux « 22 voilà les flics » des bandits soit redoublé d’un « 22 voilà les archéologues » par les aménageurs destructeurs, conscients ou non, du patrimoine enfoui.

L’INRAP avance à grand pas

Créé par la loi sur l’archéologie préventive de 2001, l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) vient de célébrer son sixième anniversaire. Depuis lors l’INRAP a réalisé 1100 fouilles, a dressé 11’000 diagnostics portant sur plus de 62’500 hectares du sol français. De 2002 à 2007, les surfaces diagnostiquées sont passées de 7’700 à 11?400 hectares et ses équipes mènent quelque 300 fouilles par an. Sur le site internet de la chaîne de télévision France 2 on découvre un intéressant article intitulé « INRAP : la montée en puissance » du journaliste Laurent Ribadeau Dumas qui traite des conditions actuelles de l’archéologie préventive en France, et qui donne, en rappel, le liens vers deux dossiers très utiles à méditer. Le premier dossier présente le paysage actuel de l’archéologie préventive en France, le second pose la question du rôle des sociétés privées dans l’archéologie.

Archéologues au travail

Archéologues au travail en France (photo : INRAP, Loïc de Cargouët)

La redevance payée par les aménageurs est le vrai détonateur de cette effervescence archéologique en France. La Suisse, qui était très bien partie dans le domaine de l’archéologie préventive il y a plus de quarante ans, grâce à l’arrêté du Conseil fédéral du 13 mars 1961 qui assurait le financement par la Confédération des fouilles sur le tracé des futures routes nationales et pour ses propres travaux, n’a pas su mettre à profit cette expérience pour l’imposer dans les législations cantonales, si bien qu’en 2008, alors que le réseau de 2000 km d’autoroutes est presque achevé, plus aucun financement public ou privé ne vient remplacé la manne fédérale, qui se fera, sans doute, plus rare encore, avec l’entrée en vigueur, le 1er janvier dernier, de la nouvelle répartition des tâches entre les cantons et la Confédération. Frédéric Rossi, l’un des fondateurs et administrateur d’Archeodunum S.A, présente bien, dans ses réflexions à lire sur le site de France 2, ce que l’on peut maintenant faire en France, que l’on ne pourra bientôt plus faire en Suisse. De plus, dans l’article qu’il a écrit pour le dernier numéro de la revue Archéologie suisse (4/2007), Frédéric Rossi pose, en conclusion, la bonne question pour notre pays :« Doit-on en arriver à une loi de financement qui impose aux aménageurs le coût des investigations archéologique ? Il n’y a qu’un pas qui… ». Malheureusement, peu de bonnes volontés semblent se manifester pour répondre à la question et faire ce grand pas.