Category Archives: Antiquité

Rezzable à la rencontre de Toutankhamon

La société Rezzable bien connue parmi les utilisateurs des univers virtuels s’est distinguée dans le monde 3D de Second Life (SL) pour avoir créé des espaces particulièrement  réussis, comme le monde des Greenies. Au mois de juillet 2009, cette entreprise a décidé de quitter SL pour gérer son propre espace virtuel dans le cadre d’OpenSim, métavers ou grid qui reprend l’essentiel de l’architecture logicielle de SL.  De plus, elle vient de s’investir dans un projet fantastique pour les passionnés d’archéologie, car, forte de son expérience dans SL , elle est devenu une des chevilles ouvrières du projet Heritage Key.  Pour ce site elle propose comme première attraction, King Tut Virtual Experience, soit la visite virtuelle de la tombe de Tout-Ank-Amon en 3D. Une fois pourvu d’un avatar, après un court voyage en ballon, on arrive dans la Vallée des rois dont la topographie a été reproduite et,  parmi les entrées des mastabas, en suivant les traces de Howard Carter, on descend dans la fameuse tombe KV62. Quelques objets sont encore en place, les autres sont partis au musée que l’on peut visiter plus tard. A l’intérieur de la sépulture, en enclenchant un audio-guide  on entend en anglais l’histoire de la découverte de la tombe ainsi qu’une description de chacune des peintures murales.

King Tut Virtual Experience

Visite de la tombe de Toutankhamon avec  Heritage Key

Bien sûr, une fois encore, c’est Toutankhamon qui est en vedette.  Comme je l’ai signalé auparavant, on peut voir des vues et des plans de cette tombe dans le cadre du Theban Mapping Project. De même, après sa création en Zurich en 2008, c’est à Hambourg qu’il est possible de découvrir,  jusqu’au 31 janvier 2010, la réplique en grandeur nature des quatre chambres funéraires du pharaon, ainsi que les copies de 2000 objets parmi ceux mis au jour avec la momie. La visite virtuelle, ne présente elle, à l’heure actuelle,  qu’une vingtaine d’objets en 3D, restitués à partir des photos de Sandro Vannini. Mais comme il s’agit d’une version Alpha du programme, il est possible que la collection s’enrichisse d’autres artéfacts plus tard. Cette balade dans la Vallée des rois, mais aussi le long de la Vallée du Nil au 14 siècle av. J-C. ou à l’intérieur d’une galerie cosmique dans laquelle les objets du musée sont magnifiés, préfigure ce que pourrait être l’approche des connaissances  à partir de l’Internet dans un avenir proche, non pas seulement une série de textes,  de photos, de sons ou de vidéos à découvrir en solitaire, mais également un véritable espace social ou images et sons seront à percevoir en immersion en compagnie d’autres vraies personnes représentées par leurs avatars.

Amor au nord de Roma

Le lundi est généralement le jour habituel de fermeture hebdomadaire des musées, et le lundi de Pentecôte ne déroge bien souvent pas à cette règle administrative. Ce n’est pourtant pas le cas partout, et en particulier au Musée romain d’Avenches qui non seulement sera ouvert ce lundi de Pentecôte, mais le sera également pendant tous les lundis du mois de juin. Une bonne occasion pour aller découvrir la nouvelle exposition temporaire : « AMOR – L’amour au nord des Alpes ». Comme tout le monde le découvre aisément Amor , est l’anagramme de Roma, mais comme le reste du titre l’annonce clairement ce n’est pas directement l’amour dans la capitale de l’empire ou en Italie que l’on peut découvrir à travers cette exposition, mais les témoignages de la vie amoureuse et de  la sexualité tels que l’on a pu les mettre en évidence dans les provinces du Nord des Alpes.

Amor

Extrait de l’affiche de l’exposition.

L’exposition présente aux visiteurs  des objets découverts en Suisse, en Allemagne, en Autriche et en France, provenant d’une trentaine de prêteurs. De même que le catalogue, elle est conçue en deux langues, français et allemand et repose sur le travail scientifique de l’archéologue autrichien Günther Thüry.  En parcourant les trois salles d’exposition aux lumières tamisées, on distingue sur  les objets du quotidien tels que lampes à huile, moules à pâtisserie, miroirs, poteries, poids et mesures,  des figures et des scènes à l’érotisme sans tabou. Ces représentations sont suffisamment équivoques pour qu’une mise en garde, destinée aux parents et aux enseignants, soit apposée à l’entrée, qui invite ceux-ci à visiter cette exposition en premier, avant d’y emmener leur petite famille en excursion dominicale ou leur classe en course d’école annuelle, et cela, d’ici le 4 octobre 2009.

Le buste de Néfertiti, Jugendstil ?

Le buste de Néfertiti, exposé actuellement sur l’Île des Musées à Berlin, est sans conteste l’une des principales icônes de l’Ancienne Egypte. Une analyse au scanner, menée en 1992, avait confirmé que sous le visage de plâtre peint se trouvait une âme en calcaire. Une nouvelle étude par tomographie 3D, réalisée en 2007 par l’Imaging Science Institute de l’Hôpital de la Charité à Berlin, et publiée dans le numéro d’avril de la revue Radiology, révèle plus qu’une simple ébauche, un autre visage de l’épouse d’Akhenaton. Le visage de pierre montre un nez moins fin, des pommettes moins saillantes, et des ridules à la commissure des lèvres. Ce serait ainsi le vrai visage de Néfertiti, tel que le sculpteur Thoutmose eu l’occasion de l’observer et de le sculpter dans la pierre.

Nefertiti in Radiology
Extrait de la couverture du mois d’avril de Radiology

Le célèbre buste polychrome, que tout le monde connaît, montre ainsi, plus qu’un lifting, une autre esthétique. C’est du moins ce que l’on doit en conclure à la lecture du dernier ouvrage de Henri Stierlin publié aux éditions Infolio dont le titre révèle clairement les tenants et les aboutissants: « Le buste de Néfertiti. Une imposture de l’égyptologie ? ». Selon lui, le visage en plâtre qui fait l’admiration du monde entier et que Zahi Hawass aimerait revoir sur la terre d’Egypte, ne serait que le fruit d’une expérience scientifique, menée par le découvreur du buste, Ludwig Borchardt, et exécuté par le sculpteur de son équipe de fouille à Tell el Amarna, Gerhard Mark. C’est sous l’influence de l’Art nouveau (Jugendstil), que ce dernier aurait réalisé les désirs de son patron d’avoir un portrait en couleur de la reine, réalisé en se fondant sur les nombreuses figurations connues, et, mieux encore, sur un buste authentique de la reine, comme le démontre l’analyse tomographique.

L’oppidum de Corent en attente d’une décision

L’oppidum gaulois de Corent se trouve à une quinzaine de kilomètres au sud-est de la ville actuelle de Clermont-Ferrand, dans le Puy-de-Dôme, en Auvergne. Il a été occupé pendant près d’un siècle, entre les années 130 et 50 av. J.-C. Des fouilles archéologiques y sont menées chaque été depuis 2001 et permettent une fructueuse collaboration entre chercheurs des Universités de Lumière Lyon 2, de Toulouse Le Mirail, de Lausanne ainsi que de  l’Ecole Normale Supérieure de Paris. Les découvertes réalisées lors de ces travaux apportent un regard nouveau sur le processus d’urbanisation en Gaule, car elles portent sur l’organisation et l’évolution d’une grande ville identifiée à la capitale du peuple des Arvennes, juste avant la conquête romaine. On peut se faire une bonne idée de la richesse de ce gisement en consultant les rapports de fouilles accessibles en ligne sur le site internet de l’association Luern, de même qu’en visualisant les restitutions 3D réalisées par la société informatique « Court-jus production ».

Luern
Page d’accueil du site de l’association Luern

Cependant, malgré l’indéniable intérêt scientifique des recherches menées sur l’oppidum de Corent, la poursuite des travaux sur le terrain est remise en cause, pour la seconde année consécutive, en raison d’une décision de la Commission Interrégionale de la Recherche Archéologique (CIRA) qui refuse de subventionner les travaux de fouilles sous divers prétextes. Matthieux Poux, le professeur en archéologie romaine et gallo-romaine à l’Université Lumière Lyon 2 qui coordonne chaque année ces fouilles, s’est exprimé vendredi dernier sur la tribune publique Agora.Vox. Dans son billet d’humeur intitulé: « Le marteau et l’enclume », il revendique, en particulier, le droit au travail bénévole. Pour ce faire, il demande aux autorités compétentes de reconsidérer leur décision, par l’entremise d’une pétition en ligne adressée à Mme Christine Albanel, Ministre française de la Culture et de la Communication. La pétition est ouverte depuis le 16 mars et le sera jusqu’au 16 avril. Il reste donc un peu plus d’une semaine pour exprimer par sa signature son soutien à cette juste cause.

Le vrai visage de Cléopâtre VII

Après la découverte d’un buste antique dans les eaux du Rhône à Arles cet été, censé être le vrai visage de César, voici que sur de nombreux sites du web s’affiche le vrai visage de son amante, Cléopâtre, en image de synthèse. Il est le résultat de l’analyse systématique des représentations connues de la dernière souveraine de l’Egypte. De fait, si ce visage n’est pas de pierre, il ne nous laisse cependant pas de marbre et est susceptible de relancer la polémique entre ses nombreux admirateurs pour savoir qu’elle est la dominance de son ascendance: hellénistique ou égyptienne, car cette restitution la présente bien métissée. Les cinéphiles constateront que si ce portrait est peu comparable au visage de l’actrice Liz Taylor dans le Cleopatra de Joseph Mankiewicz, il n’est pas loin de ressembler à celui de la comédienne Lynsdey Marshal qui prête ses traits à la reine dans la série télévisée Rome.

Cléopâtre VII virtuelle
Cléopâtre VII virtuelle (photo : Atlantic Productions)

Ce nouveau visage de Cléopâtre nous le devons au travail de comparaison effectué pendant une année par l’égyptologue Sally Ann Ashton et une équipe d’informaticien, en vue de la production d’un documentaire sur la vie et la mort du dernier pharaon d’Egypte. Curatrice auprès du Fitz William Museum de Cambridge, Angleterre, qui possède l’une des plus remarquable collection d’antiquité égyptienne de Grande-Bretagne, Sally Ann Ashton est surtout l’auteur de nombreux livres sur l’Ancienne Egypte et en particulièrement sur Cléopâtre, dont le récent « Cleopatra and Egypt ». Quant à Cléopâtre on sait qu’elle est née à Alexandrie en 69 avant notre ère, qu’elle est montée sur le trône à l’âge de 17 ans, trois ans avant de rencontrer Jules César et on dit qu’elle est décédée à la suite de la morsure d’un serpent venimeux après le suicide de son prince, Marc-Antoine, en 30 avant J.-C.

Axoum et la Reine de Saba

Le 4 septembre 2008, une grande cérémonie a rassemblé un nombreux publics à Axoum, dans la province du Tigré, en Ethiopie, venus là pour accueillir le retour du second plus grand obélisque de ce site, classé au patrimoine mondial de l’Unesco en 1980. Ce monument, de 24 mètres de haut et pesant 152 tonnes, a été découvert couché en trois pièces séparées et emporté en 1937 par les troupes de Benito Mussolini, pour être exposé à Rome. Les accords d’armistice de 1947 prévoyaient le retour de cet objet. Mais ce n’est qu’en avril 2005 que le premier bloc de granit a été rapatrié et le dernier a été mis en place cet été. Cette stèle gravée, vieille de 1700 ans, est un témoin de l’importance du royaume d’Axoum, du temps où cette ville était la capitale d’un puissant état chrétien. De plus, une légende en fait également la capitale de la reine de Saba, et le dernier domicile connu de l’Arche d’Alliance.

Les stèles d'Axoum
Les stèles d’Axoum (photo: Unesco)

A propos de cette légende et à l’occasion de la sortie de son dernier livre, Marek Halter et les éditions Robert Lafont, avec les contributions de chercheurs invités viennent d’ouvrir un blog participatif permettant aux lecteurs, aux amateurs d’archéologie et d’histoire d’apporter leurs commentaires sur le mythe de la reine de Saba. Comme le présente l’auteur, ce blog doit « raconter non seulement l’histoire de cette reine qui a fait rêver des générations mais aussi les résultats de toutes les recherches qui ont été faites autour d’elle. M’appuyant sur les dernières recherches archéologiques, j’ai tenté de dessiner les frontières du royaume de Saba, raconter la vie mouvementée de cette jeune reine, éclairer les guerres qu’elle a menées au Yémen de l’autre côté de la Mer Rouge et son alliance avec le royaume d’Israël du sage Salomon ». Voici une jolie entrée en matière, susceptible d’attiser notre curiosité envers cet ouvrage.

Ave Google Earth, internauti te salutant !

L’année dernière était présenté à la mairie de Rome le projet « Rome Reborn » qui aurait du conduire à une présentation sur place de la ville antique en 3D. Mais, malgré cette annonce officielle, rien n’a été réalisé in situ, comme j’ai pu le constater dernièrement. Entre temps, comme nous l’apprend le site internet de l’Université de Virginie en charge du projet, une version 2 de « Rome Reborn » est en préparation. Cependant, rien de ce travail n’est perdu, car les données collectées pour la version 1 viennent d’être reprises par la société Google qui, en partenariat avec la société Past Perfect Productions, les a misent en ligne pour les internautes sous la forme d’un calque intégré à Google Earth. Pour activer ce nouveau module 3D, il suffit, une fois le logiciel téléchargé et ouvert, d’ouvrir la section Infos pratiques, de chercher le sous-menu Galerie puis de sélectionner la case « La Rome antique en 3D ». On peut également s’en faire une idée grâce à une petite vidéo sur You Tube.

Forum romain dans Google Earth
Vue du Forum romain dans Google Earth

Le modèle de la Rome antique présenté ici est censé être celui de la ville sous le règne de l’empereur Constantin, soit en l’an 320 de notre ère. Mais une petite visite sur le forum nous montre qu’en face de la tribune des rostres on découvre la colonne de Phocas, qui n’a été dressée qu’en 608 ap. J.-C. Mais ne boudons pas notre plaisir. Après le téléchargement de 270 Mo de données, ce ne sont pas moins de 6700 bâtiments de l’Urbs, plus ou moins détaillés, qui s’offrent à notre contemplation avec un accent particulier mis sur onze monuments, parmi les plus célèbres, que l’on peut également parcourir de l’intérieur soit le Colisée, le Ludus Magnus, le temple de Vénus et de Rome, le temple de Vesta, le forum Julii, la Regia, la Curie, le Tabularium et les basiliques Julienne, Emilienne et de Maxence. De plus, 250 notices permettent d’en savoir plus sur les monuments. Enfin, si vous êtes un spécialiste de la topographie de la Rome antique et que vous voulez contribuer par vos connaissances à la publication du modèle numérique, Bernard Frischer, responsable du projet Rome Reborn, vous invite à prendre directement contact avec lui, pour y intégrer vos données. A terme, on devrait même pouvoir naviguer dans le temps, grâce à un curseur de type Time line, et ne faire apparaître que les monuments présents à un moment précis de l’histoire de la ville éternelle.

De la musique et des jeux

La plus grande fête romaine de Suisse aura lieu ce week-end, les 30 et 31 août, dans les vestiges de la colonie romaine d’Augusta Raurica (Augst, Bâle Campagne). Pour la treizième fois, les curieux du passé goûteront, le temps d’un week-end, à la manière de vivre des romains dans le cadre de la treizième Römerfest. Au programme de cette année on trouve la compagnie italienne Ars Dimicandi dont la présence à la manifestation est de faire revivre dans le théâtre d’Augst, sous forme de spectacles, les combats des gladiateurs. Pour la circonstance, leurs passes d’armes seront accompagnées par les instruments de musiques du groupe allemand Musica Romana.

Ars Dimicandi
Thrace contre mirmillon (photo : Ars Dimicandi)

Les deux compagnies, hôtes d’honneur de la manifestation, sont renommées dans leurs domaines respectifs. L’institut Ars Dimicandi a été créé en 1994 à Bergame, dans le but de reconstituer toutes les formes de combats telles qu’elles se présentaient dans le passé, que ça soit sur les champs de batailles ou dans les arènes. Le détail de leurs activités se trouve présenté sur leur site internet, où l’on peut également accéder à des démonstrations de combat par l’intermédiaire de vidéos, dont celle-ci. Quant à lui, le groupe Musica Romana se destine, comme son nom l’indique, à restaurer et retrouver les sons et les musiques de l’époque romaine. Ainsi, depuis 2001, des archéologues, des historiens, des ethnologues, des musiciens et autres spécialistes intéressés se sont mis ensemble pour faire revivre, par l’expérience, les mélodies et les danses antiques. Un échantillon de leur travail musical est accessible sur leur page MySpace. Ces deux ensembles sont des dignes représentants de l’archéologie expérimentale. Alors si vous en avez l’occasion, venez à Augst pour cette réunion exceptionnelle. Sinon, attendez qu’ils passent près de chez vous, car l’un et l’autre groupe participent régulièrement à d’autres manifestations semblables, ailleurs en Europe.

Un sosie romain d’Elvis

La maison de vente aux enchères Bonhams, fondée en1793, est l’une des plus anciennes et, à la suite d’achats et de fusions, est devenue, si ce n’est la plus grande, l’une des plus grandes sociétés dans son domaine. Elle dispose de deux salles de vente à Londres, de sept autres en Angleterre et des enchères sont également conduites aux Etats-Unis, en France, à Monaco, en Australie, à Hong-Kong, à Dubaï et en Suisse. Elle possède un réseau de bureaux et de représentants régionaux dans 25 pays à travers le monde et offre des conseils et des services d’expertises spécialisées dans 57 domaines. Le 15 octobre de cette année, cette société procédera à Londres à la vente de 150 objets issus de la collection Graham Geddes, l’un des plus grands collectionneurs d’art australien, pour un montant estimé à 1 million de livres sterlings.

Sosie romain d'Elvis
Un Elvis romain.

Si les plus importantes pièces mises en vente seront des vases grecs et des statues romaines, il en est une qui retiendra plus particulièrement l’attention puisqu’il s’agit d’un élément d’acrotère d’angle de sarcophage baptisé « Elvis ». Ce surnom, donné par le collectionneur lui-même, s’impose immédiatement lorsque l’on observe la pièce de profil. Les fans du King du Rock’n Roll n’ont en effet aucun mal à reconnaitre dans ces traits un sosie de leur idole décédée en 1977. Pourtant ce portrait romain, découvert en Egypte, est daté du 2ème siècle après J.-C. C’est donc Elvis qui lui ressemble et pas le contraire, preuve que si l’histoire peut se répéter, il en est de même de la figure humaine.

Datation d’une éclipse légendaire

Les astres ont de tout temps attiré le regard des hommes et, dès la plus haute antiquité, ces derniers ont cherché un sens dans leurs apparitions et leurs disparitions. Le disque en bronze de Nebra, daté des alentours de 1600 avant notre ère, présente ainsi le Soleil, la Lune et les Pléiades sous forme de figures en feuilles d’or. Ce sont ces corps que l’on retrouve en bonne place dans les récits anciens et les historiens savent depuis longtemps que les phénomènes célestes auxquels ils sont liés constituent une aide précieuse à leur datation. Ainsi, pendant la guerre du Péloponnèse, alors que la flotte athénienne faisait le siège de la ville de Syracuse survint une éclipse de Lune. Compte tenu des circonstances d’apparition de cette éclipse, celle-ci a pu être datée, a posteriori, du 27 août 413 avant Jésus-Christ, donnant ainsi l’opportunité de dater, selon notre calendrier, l’ensemble de la campagne militaire relatée par Thucydide.

Ithaque, plage d'Ulysse
La plage du retour d’Ulysse à Ithaque

Les textes grecs par excellence que sont l’Iliade et l’Odyssée semblent pouvoir être également datés de la sorte. Deux chercheurs, Marcelo Magnasco, de l’université Rockefeller, à New York et Constantino Baikouzis de l’Observatoire astronomique de La Plata, en Argentine, viennent de publier dans les Annales de l’Académie Américaine des Sciences une étude sur les phénomènes astronomiques décrits dans l’Odyssée en essayant de corréler ces événements avec les tables astronomiques que l’on peut facilement établir pour l’époque si l’on dispose d’un logiciel approprié. Selon l’Odyssée, le jour funeste choisit par Ulysse pour massacrer les prétendants de Pénélope, est marqué par l’apparition d’une éclipse totale du soleil. De plus, six jours avant cette tuerie, Vénus apparaît élevée dans le ciel, et vingt-neuf jours avant, l’amas des Pléiades et la constellation du Bouvier sont visibles au coucher du Soleil. Enfin, 33 jours avant, Mercure est haute à l’aube et proche de la fin ouest de sa trajectoire. Pendant le siècle pouvant correspondre au déroulement de l’Iliade et de l’Odyssée, soit entre 1250 et 1115 avant notre ère, sur les 1684 nouvelles Lunes de la période étudiée par ces chercheurs, seule la nouvelle Lune en date du 16 avril 1178 avant J.-C, doublée d’une éclipse de Soleil visible en Mer Ionienne, semble pouvoir correspondre avec les autres phénomènes célestes présents dans le récit. Ainsi, lorsque au 8ème siècle avant notre ère, sous le nom d’Homère, ces récits oraux furent transcrits, la tradition parvint à transmettre, non seulement un ensemble de lieux et de personnes, mais également le souvenir d’une séquence unique de phénomènes célestes permettant, des millénaires plus tard, de parvenir à une datation précise d’événements légendaires.