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Les archives du sol

Le dernier numéro de la revue « environnement », publiée par l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) téléchargeable ici, traite dans sa partie dossier des principales fonctions du sol. En tant qu’archéologue aimant ouvrir la terre à la recherche du passé, il est utile de s’intéresser à la façon dont les sols se construisent naturellement par l’accumulation de matières organiques et minérales et sous l’action des organismes qu’ils contiennent ou disparaissent sous l’effet de l’érosion. Mais de manière générale, la plus grande cause de perturbation des sols est actuellement due à l’activité humaine, ce qui nécessite nos interventions sur le terrain. En effet, chaque seconde qui passe dans notre pays, c’est près d’un mètre carré de sol qui est transformé en zone industrielle, en surface d’habitation ou en infrastructure de transport. Le sol est aussi une source de matières premières et l’élément essentiel à la production de notre alimentation. Mais lui et les organismes vivants qu’il contient doivent aussi faire face à un danger de pollution de plus en plus important qui menace leur fertilité, et notre propre survie. Au fil des pages on apprend que le plus grand organisme vivant connu est un champignon, dont le mycélium s’étend sur une superficie de neuf kilomètres carrés, qu’il pèse près de 600 tonnes et qu’il serait vieux de 2400 ans. On apprend également que le ver de terre le plus courant peut appartenir à deux espèces différentes. Cette connaissance doit faire plaisir à une étudiante en archéologie que j’ai connue et qui n’aimait pas fouiller par dégoût des vers de terre.

Hochdorf LU (extrait de la couverture)
Ce dossier instructif se termine avec un article avec lequel il aurait pu commencer, puisqu’il traite de la fonction d’archivage du sol. Il est basé sur une interview d’Elena Havlicek, actuellement collaboratrice à la section protection des sols de l’OFEV, qui a eu l’occasion de participer en tant que pédologue aux travaux archéologiques de l’Office cantonal d’archéologie de Neuchâtel, liés au chantier de Rail 2000 et de l’autoroute A5, en particulier sur le site de Saint-Aubin/Derrière la Croix. Cet article montre combien les sols représentent de bons témoins de l’histoire du paysage, du climat et des hommes, tant et si bien que l’on pourrait même être encouragé à définir des “pédotopes”. De fait, comme le rappelle dans son éditorial Gérard Poffet, sous directeur de l’OFEV, les mots « homme » et « humus » proviennent de la même origine étymologique indo-européenne. Il nous faut donc retrouver ce lien qui uni l’Homme à la Terre, en prônant une utilisation durable du sol, car c’est une ressource limitée . En conclusion, nous devons nous aussi veiller dans nos recherches à sa sauvegarde, au même titre que les sites archéologiques qu’il contient, en séparant et en préservant ses divers horizons dans nos travaux de terrassement. Une partie de nos archives du passé s’y trouve aussi.

AS se présente aux parlementaires fédéraux

Le dernier numéro d’as. , la revue d’archéologie trimestrielle éditée par la société Archéologie Suisse (AS), vient de paraître. Il contient un dossier entièrement bilingue, français et allemand, avec un résumé en italien. Ce dossier, d’une dizaine de pages est dédiés à la société elle-même, qui de manière succincte résume ses buts, ses activités récentes ainsi que le rôle de ses deux commissions (Commission scientifique et Commission Archéologie et aménagement du territoire). En plus des membres d’Archéologie Suisse et des abonnés d’as. , ce numéro a été envoyé à tous les élus des dernières élections fédérales. L’objectif de la société étant de se faire mieux connaître et de donner des indications sur ses orientations à venir. Avec l’achèvement des grands projets autoroutiers, qui, en vertu de l’arrêté du Conseil fédéral du 13 mars 1961, incluaient l’archéologie dans les frais de construction des autoroutes, les archéologues devront établir de nouveaux rapports avec les milieux politiques et économiques, pour assurer le financement des grandes fouilles du futur.

Extrait de la revue as 4/2011

Parmi les nouvelles d’avenir, en plus de la réactualisation en projet du site internet d’AS, on apprend que la Commission de surveillance archéologique pour les Routes nationales, structure chargée de coordonner les interventions archéologiques engendrées par la construction des autoroutes entre l’Office fédéral des routes (OFROU) et les Services cantonaux d’archéologie, et dont un représentant d’AS fait partie, va bientôt être remplacée par une nouvelle structure, en raison du changement induit par la Réforme de la Péréquation financière et de la répartition des Tâches entre la Confédération et les cantons (RPT). Ce changement s’est déjà manifesté au mois de juin de cette année par l’engagement par l’OFROU d’un spécialiste pour les questions archéologiques qui « devra à l’avenir assurer dans tous les cantons l’uniformisation des processus  et des instruments en relation avec l’archéologie des autoroutes ». Souhaitons que les 246 élus du Parlement fédéral fassent un bon accueil à cet envoi non sollicité, et qu’un certain nombre d’entre eux aient à cœur de défendre à l’avenir certains des objectifs liés à la protection du patrimoine archéologique.

Des Palafittes bien encadrés

C’est au Laténium à Hauterive que l’Office fédéral de la culture et l’association Palafittes ont conviés les autorités et le public averti à une cérémonie officielle de remise des certificats d’inscription des sites palafittiques préhistoriques autour des Alpes au Patrimoine mondial de l’UNESCO. C’est Claude Frey, président de l’Association Palafittes qui officiait en tant que maître de cérémonie pour donner la parole tour à tour au conseiller d’Etat neuchâtelois Philippe Gnaegi, à un Herr Professor Doktor autrichien, responsable du groupe de coordination international, à Didier Burkhalter, conseiller fédéral, chef du Département de l’intérieur, de l’éducation et de la culture, et, enfin, à Kishore Rao, directeur du Centre du Patrimoine mondial de l’UNESCO. Entre les deux derniers orateurs, furent remis des certificats bien encadrés du Patrimoine mondial au conseiller fédéral et aux ambassadeurs des cinq autres états ayant contribués à cette candidature réussie à savoir l’Allemagne, l’Autriche, la France, l’Italie et la Slovénie.
Remise des certificats
Remise des certificats sous cadre

Ce n’est pas par hasard si le Laténium a été choisi comme cadre de cette célébration. D’une part, la salle des Lacustres est un bon exemple de ce que le public doit découvrir concernant des Palafittes qui, par ailleurs, sont très discrets, sinon engloutis et en très grande partie invisibles. D’autre part, ce magnifique écrin, comme ont aimé à le décrire les orateurs, fêtera ce week-end un important anniversaire. Dimanche, 11 septembre, « une fête attendue depuis 50’000 ans » célébrera sa première décennie. Mais c’est demain à 17h, qu’aura lieu la cérémonie officielle des dix ans du Musée et Parc archéologique de Neuchâtel, à Hauterive. A cette occasion, le Laténium inaugurera la reconstitution grandeur nature de trois maisons du village néolithique du site de Hauterive/Champréveyres, offertes, en guise de cadeau d’anniversaire, par la Fondation La Tène. De plus, le musée célébrera son jumelage avec les musées de Bibracte en Bourgogne et de Manching en Allemagne. Ce lien entre les trois musées se manifestera concrètement par l’exposition dans les trois lieux d’Artéfact 2, une œuvre créée par les artistes conceptuels Charles-François Duplain et Yves Tauvel, créateurs, il y a dix ans, d’Artéfact, œuvre consistant au semis dans les allées du parc archéologique de 75’000 répliques en bronze d’un caillou, tous identiques, hormis leur numéro. Même s’il n’y a pas le feu au lac, comme on dit chez nous et comme l’a rappelé Didier Burkhalter dans son discours, ce week-end sera sans doute la dernière occasion de découvrir l’un ou l’autre de ces artéfacts dans les allées du parc, car la réserve est prête d’en être épuisée.

Horizons 2015 et médias sociaux

Le concours d’idées lancés par le projet Horizons 2015 l’année dernière a récolté une trentaine de contributions. L’assemblée des délégués a réparti ce printemps ces contributions en quatre thématiques dont on trouve les particularités dans la page « actualité » du site internet de l’association. Entre le 31 août et le 7 septembre, trois groupes de travail se sont formés pour aborder l’une ou l’autre de ces thématiques. Pour ma part je me suis retrouvé dans le groupe de travail dénommé « Nouvelles technologies – médias » qui s’est réuni le 31 août à Fribourg dans la salle de conférence du Service archéologique cantonal. Cinq des participants au concours d’idées étaient présents à cette séance conduite par Georg Matter, membre de l’association faîtière d’Horizons 2015, et l’un des directeurs de l’entreprise ProSpect, l’une des rares entreprises privées active dans le domaine de l’archéologie. Après un rapide tour de table des différentes idées proposées, il fut convenu que la prochaine étape de ce groupe de travail serait de faire une évaluation de tout ce qui existe déjà en matière de communication archéologique en Suisse et, dans une seconde temps, de se demander ce que l’on pourrait faire de mieux pour améliorer la situation.

Exemple d’un réseau archéologique organisé

En première analyse, ce qu’il semble manquer à l’archéologie suisse, c’est une véritable communauté d’intérêt. Qu’il s’agisse des services cantonaux ou des universités on constate que chacun reste cloisonné dans son cadre institutionnel et ses frontières cantonales. Il manque aux archéologues une réelle plateforme commune qui permettrait aux professionnels de communiquer entre eux et de s’adresser en même temps au grand public. Le site internet actuel d’Horizon 2015 ne va pas à l’encontre de cette impression, au vu de l’absence de discussion dans son forum. Il nous manque en somme une véritable utilisation des médias sociaux pour former une solide communauté en ligne, soit d’avoir un ou des «community manager» pour organiser et gérer un vrai réseau social avec toutes les parties concernées. Est-ce que notre attachement au passé nous empêche d’utiliser les moyens du présent pour nous projeter dans l’avenir ? Ou n’est-ce qu’un simple problème de génération ? Je laisse à chacun le soin de répondre à cette question: Que pouvons-nous faire ? et de faire état, ici ou ailleurs, de sa ou de ses solution(s). Pour ma part, en tant que responsable nouvellement désigné du groupe de travail « Nouvelles technologies et médias sociaux», je vais poursuivre ce blog, point de départ de mes réflexions. De plus, à titre personnel, je m’apprête à suivre une formation de spécialiste en médias sociaux et communautés en ligne qui me donnera les moyens, je l’espère, de sortir mon horizon 2015 de l’ornière.

Faim d’archéologie au Québec

Pour la septième fois, le Québec connaîtra en août son Mois de l’archéologie. En reprenant le slogan de l’année 2007 : « L’archéologie, j’en mange !», ce seront pour une bonne part des activités liées à l’alimentation qui seront présentées au grand public québécois. Une quarantaine d’archéologues et de spécialistes animeront plus de 90 activités et entretiens répartis dans 53 lieux différents. Parmi les activités proposées, à relever l’ouverture de 18 fouilles dans 8 régions différentes de la Belle Province. Organisée sous l’égide du Réseau Archéo-Québec, la réalisation du Mois de l’archéologie est rendue possible grâce au soutien du Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine du Québec, ainsi qu’à l’appui du Ministère du Tourisme du Québec et de Parcs Canada.

L’archéologie, ils en mangent au Québec !

L’effort fait par nos collègues québécois est louable. Les activités liées à notre profession se doivent d’être ouverte au grand public car une partie de celui-ci manifeste un réel intérêt pour le passé. Mais comme le révèle une enquête IPSOS « Image de l’archéologie dans le grand public » effectuée pour le compte de l’INRAP, l’intérêt pour l’archéologie est au même niveau que celui de l’astronomie, soit loin derrière l’art, la mode ou le théâtre. Même si 19% de la population semblent intéressés au passé, il faut cependant constater que lors des nombreuses manifestations organisées spécialement pour elle, telles les Journées de l’Archéologie, on ne touche pas même le 1% de la population d’un pays. Ainsi en 2006, bien que plus de 27’000 personnes (sans tenir compte des doubles comptes) aient participé au Mois de l’Archéologie au Québec, cela ne représentait pas même le 0,36% de la population résidente. Il reste donc encore beaucoup d’efforts à faire pour sensibiliser et intéresser la population à nos patrimoines archéologiques, en Suisse, en France, au Québec et partout dans le monde.

Les Palafittes des Trois-Lacs mis en réseau

Il n’a pas fallut longtemps aux responsables politiques de la région des Trois-Lacs pour voir tout le parti qu’ils pourraient tirer, entre autre d’un point de vue touristique, du classement des sites palafittiques préhistoriques au patrimoine mondial de l’UNESCO. Aujourd’hui, 11 juillet 2011, dans le domaine de Sutz-Rütte, base terrestre des plongeurs d’archéologie subaquatique du canton de Berne, les autorités politiques des cantons de Berne, Neuchâtel, Fribourg et Vaud, comme l’indique ce communiqué de presse, ont manifesté leur volonté de travailler en collaboration plus étroite pour renforcer encore davantage l’identité culturelle de la région. Autour des Trois-Lacs se trouvent 22 sites palafittiques, sur les 111 sites classés par l’UNESCO, sélection d’un ensemble de près de 200 sites palafittiques, soit près de la moitié des 450 sites de Suisse et un cinquième des quelque mille sites se trouvant autour des Alpes. Pourtant il faut encore « rendre visible l’invisible », comme l’indique la brochure d’information et comme l’a rappelé le conseiller d’Etat neuchâtelois Philippe Gnaegi, car tout est encore à faire dans ce domaine. Le 8 juillet, un groupe de coordination a été créé. Ce groupe est composé d’un représentant par canton ayant des sites lacustres. Son rôle sera notamment de veiller à l’application du plan de gestion défini dans la candidature. Il suivra également les procédures de protection.

Le village lacustre de Gletterens

Selon les conclusions de Bernhard Pulver, conseiller d’Etat bernois en charge du département de l’instruction publique et président de l’exécutif, pour mettre en place cette collaboration les quatre cantons se sont fixés quelques priorités: 1° les cantons vont coordonner leurs activités archéologiques sur le terrain et leurs travaux scientifiques dans le cadre des possibilités légales ; 2° la médiation culturelle sera améliorée et renouvelée au moyen de mesures dans le domaine du tourisme avec une extension de l’application iPhone « Pallafites Guide » déjà réalisée; 3° le travail de sensibilisation auprès du grand public et des autorités sera intensifié par des mesures de communication efficaces ; 4° les cantons de Fribourg, de Neuchâtel, de Vaud et de Berne amélioreront la transmission du savoir à l’école primaire, avec l’idée de la mise en place, dans le futur, d’un manuel d’enseignement commun moderne. Mais, comme l’a souligné François Marthaler, il incombera aux cantons et aux services archéologiques cantonaux respectifs, de reprendre la question du financement, entre autres avec l’Office fédéral de la culture. Une implication fédérale forte paraît indispensable. Les musées de la région ainsi que les centres d’interprétation, comme celui du village lacustre de Gletterens, sont appelés a jouer un grand rôle dans le cadre de leurs activités de médiation culturelle.

Archéologie et protection des biens culturels

L’Office fédéral de la protection de la population (OFPP) est l’organe compétent en matière de protection des biens culturels. La section Protection des Biens Culturels (PBC) de l’OFPP travaille en étroite collaboration avec les services cantonaux pour établir un recensement des principales zones archéologiques de Suisse. L’Inventaire PBC 2009 dénombre environ 350 sites archéologiques d’importance nationale. Cet inventaire permet à l’OFPP de soutenir financièrement les services d’archéologie cantonaux dans la création de documentations de sécurités. De plus, la Suisse compte une centaine de musées cantonaux, communaux ou privés dépositaires de collections archéologiques. La Convention de La Haye de 1954 impose aux États contractants la protection et le respect des biens culturels en cas de conflit armé mais aussi en temps de paix. Consacré à l’archéologie, le numéro 17 du Forum PBC (téléchargeable sur le site de l’OFPP) propose 20 articles présentant un aperçu assez complet de l’archéologie suisse et du contexte international dans lequel elle évolue dans le cadre de la PBC.


Extrait de la couverture du Forum PBC 17

Ce numéro traite aussi bien des aspects scientifiques, administratifs, politiques et juridiques de l’archéologie, que des méthodes de prospections ou de fouilles et de conservation en fonction de la nature variable des vestiges. Ainsi, qu’il s’agisse de villages palafittiques submergés, de mosaïques romaines, de châteaux et d’églises du Moyen-âge, ou d’anciennes structures de productions industrielles, des soucis de documentation, de protection et de préservation durable pour les générations futures s’imposent. Cela commence par des inventaires détaillés de ces divers témoignages, et, si on ne peut faire autrement, doit se poursuivre par des fouilles. Se pose alors le problème de la gestion des dépôts de fouilles, souvent pleins à craquer, et disséminés un peu partout sur le territoire dans des lieux pas toujours adaptés à une conservation à long terme. Faut-il pour autant arrêter de fouiller ? Enfin, on répond à la question de savoir à qui appartiennent les objets archéologiques dans un monde qui connait l’usage du détecteur de métaux, le pillage organisé et le trafic illicite de biens culturels archéologiques. L’ensemble des articles a été rédigé par des responsables et des spécialistes dans leur domaine et est instructif pour tous.

Les Palafittes sont inscrits au Patrimoine mondial

Aujourd’hui à Paris, 27 juin 2011, après les anciens villages du nord de la Syrie, les oasis d’Arabie Saoudite et les jardins persans d’Iran, la 35ème session du Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO a dit OUI à l’inscription en série et transnationale des « Sites palafittiques préhistoriques autour des Alpes ». La décision est tombée à 17h46, soit à peine 14 minutes avant la petite fête organisée au Laténium pour célébrer l’évènement. La candidature présentée par six pays, l’Allemagne, l’Autriche, la France, l’Italie, la Slovénie sous l’égide de la Suisse, fait état de quelque 1000 sites palafittiques, mais seuls 111 ont été retenus finalement en raison de leur grand potentiel scientifique. Ce qui est paradoxal c’est que certains sites parmi les mieux étudiés et connus et qui ont permis d’enrichir nos connaissances sur les sociétés préhistoriques des bords de lacs, n’en font pas partie, car comme on le sait, toute fouille dans ce domaine conduit à la destruction du site. Aussi, les 111 sites choisis, bien souvent mal connus, vont surtout servir de réserve archéologique, et leur potentiel scientifique ne serra pas appelé à se révéler prochainement. Sur la plupart des gisements, il n’y aura donc rien à voir sur place, et seule une application géoréférencée pour iPhone « Sur la trace des Lacustres » téléchargeable dès ce soir permet de signaler les 56 sites suisses.


La bonne nouvelle annoncée au Laténium

Comme nous l’avons déjà précisé dans ce blog, le terme « Palafittes », recouvre un ensemble d’habitats de bords de lac, d’étangs ou de marais, attribués à plus de 30 groupes culturels différents, datés entre 5000 et 800 av. J.-C., distribués entre le Néolithique, l’âge du bronze et le début de l’âge du fer. De fait, ce sont les musées qui présentent des collections issues des gisements déjà fouillés, comme le Laténium, qui devraient pouvoir exploiter au mieux l’inscription des palafittes sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. En effet, ils accumulent en grand nombre dans leurs dépôts les témoignages issus de plus de 150 ans de découvertes et de recherches lacustres. Des reconstitutions en plein air de ces sites, comme le village lacustre de Gletterens, devraient également profiter de ce nouveau statut pour ajuster leur campagne de promotion auprès du grand public. En attendant, l’heure est à la célébration, et c’est pour cela que par cette belle et chaude journée les membres d’ArchéoNE et les invités du Laténium, archéologues, politiciens et représentants de la Culture ont appris à 18h l’inscription des « Sites palafittiques préhistoriques autour des Alpes » dans le cadre idyllique du Parc et Musée d’Archéologie de Neuchâtel, à Hauterive.

Le Message culture menace le patrimoine

Depuis le 30 mai, le Parlement fédéral est en session. Parmi les décisions habituelles prisent par les parlementaires figurent les allocations de budget, en particulier dans le domaine de la culture. Le budget fédéral de 16 millions de francs par an prévu pour la protection du patrimoine culturel et la conservation des monuments historiques selon le Message culture (voir page 33) pour les prochaines années (2012-2015), ne suffit pas à assurer à moyen et à long terme la conservation de notre patrimoine historique. Ce déficit de financement est d’ailleurs un problème récurrent dans la politique fédérale, comme s’en est déjà fait l’écho à plusieurs reprises ce blog. Demain, soit mercredi 15 juin, les membres du Conseil des États devront se prononcer sur une demande urgente d’augmentation de subventions de l’ordre de 20 millions de francs (5 millions par année) présentée par certains Conseillers aux Etats à la demande pressante des milieux de la protection du patrimoine culturel et de la conservation des monuments historiques.

Évolution et prévision des budgets alloués.

La protection du patrimoine culturel et la conservation des monuments historiques demeurent une tâche conjointe de la Confédération et des cantons, même après la mise en place de la réforme de la péréquation et de la répartition des tâches (RPT). C’est pourquoi la Confédération octroie des aides financières pour la conservation d’objets à protéger. Le Message culture reconnaît que les besoins financiers dans les domaines des monuments historiques et de l’archéologie s’élèvent à quelque 105 millions de francs par an, en ne tenant compte que des objets d’importance nationale. Les 16 millions de francs prévus ne permettraient donc plus à la Confédération d’assumer sa part de la tâche conjointe susmentionnée. Une augmentation de ce budget est donc absolument nécessaire. De fait, comme le montre le graphique ci-dessus, plutôt que d’une augmentation, il s’agit d’ailleurs simplement de renoncer à la réduction proposée, pour maintenir au moins les montants des subventions alloués au budget par le Parlement ces dernières années, qui étaient de l’ordre de 30 millions de francs.

L’archéologue fédéral est au travail

C’est aujourd’hui, 1er juin, qu’entre officiellement en fonction, le spécialiste en archéologie / paléontologie, engagé par l’Office fédéral des routes (OFROU). Comme la mise au concours le rappelait, la mise en œuvre de la Réforme de la péréquation financière et de la répartition des tâches entre la Confédération et les cantons (RPT) entrée en vigueur le 1er janvier 2008, a conféré le rôle de maître d’ouvrage des routes nationales à l’OFROU. Dans un premier temps, l’OFROU a envisagé de remettre le contrôle du volet archéologique des routes nationales à l’Office fédéral de la Culture (OFC), qui face à l’importance des budgets nécessaires a décliné l’offre, préférant laisser cette charge aux ingénieurs. L’engagement d’un spécialiste pour assister ces derniers se révèle donc nécessaire. Si précédemment, pour les 1800 km d’autoroute en phase d’achèvement, la Confédération intervenait à titre subsidiaire dans le financement des constructions, avec la RPT c’est le 100% des coûts qui seront pris en charge par la Confédération. Aussi, alors que les cantons, en tant que maître d’œuvre, étaient seuls habilités à juger de la nécessité d’une fouille archéologique sur les parties de tracés se trouvant sur leur territoire, cette charge est maintenant dévolue directement à la Confédération, par l’intermédiaire de l’OFROU. Le spécialiste engagé devient, de facto, le responsable de toutes les affaires de l’OFROU relatives à l’archéologie et la paléontologie sur l’ensemble du réseau des routes nationales. C’est dire que dorénavant un contrôle plus précis est mis en place sur l’évaluation, l’approbation et la surveillance des prochains chantiers archéologiques liés au programme d’extension des routes nationales.
OFROU2
Des autoroutes sous surveillance archéologique

Le spécialiste nommé est un archéologue, Alexander von Burg, qui après une licence obtenue à l’Université de Berne a travaillé plus d’une décennie au sein de l’Office et Musée d’archéologie (OMAN) du canton de Neuchâtel. Ses compétences avérées sur le terrain et son quasi bilinguisme en font un interlocuteur crédible face au petit cercle des archéologues cantonaux. Il aura pour tâche de finaliser la rédaction et la mise en place de la directive 1106 de l’OFROU intitulée  « L’archéologie dans la construction des routes nationales / approche dans le traitement du patrimoine archéologique », et sans doute également, après consultation avec les archéologues cantonaux, celle d’engager les intervenants sur le terrain, de vérifier que leur mode opératoire ne contrevienne pas  aux règles de bonne conduite en matière de travaux et de protection des sols, enfin, d’approuver la nature et l’ampleur des études scientifiques à poursuivre hors chantiers. Je souhaite à celui que l’on peut appeler «l’archéologue fédéral » ou « l’archéologue de la Confédération » bonne chance pour les nombreuses tâches qu’il aura à accomplir. Dans tous les cas, la Confédération devrait modifier son site internet, pour ajouter l’OFROU à la liste des services cantonaux et communaux compétents en matière de conservation du patrimoine et d’archéologie, à l’instar de l’inscription du bureau des Denkmalpflege des Chemins de fer fédéraux (CFF).