Machu Picchu vs Yale

L’année 2007 semble être une année faste pour les conservateurs de la citadelle inca du Machu Picchu au Pérou. Leur site a été élu le 07.07.07 parmi les sept nouvelles merveilles du monde et ils ont appris qu’à la suite de nombreuses années de tractations un accord de restitutions vient d’être conclu avec les Etats-Unis concernant près de 4000 pièces archéologiques que le découvreur du site Hiram Bingham et son équipe avaient mis au jour entre 1911 et 1916 et qui furent déposées dans l’université étasunienne de Yale.

Machu Picchu

En visite au Machu Picchu (photo: Flickr)

Surnommée la cité perdue des incas, le Machu Picchu avec ses 400?000 visiteurs annuels est le site touristique le plus visité du Pérou. Le retour dans leur pays des pièces enlevées par Hiram Bingham va induire la construction d’un nouveau musée qui pourrait ouvrir ses portes en 2010 et amener un nouveau flux de visiteurs. En attendant, et sans se déplacer il est possible de s’offrir une petite visite virtuelle du lieu avec un guide parlant français, anglais ou espagnol par l’entremise du site MachuPicchu360.com. Bonne visite !

La tribu d’Homo Helveticus

Sous le titre « La Tribu », la Télévision suisse romande nous propose une série comique qui se veut le reflet des problèmes de la société helvétique actuelle. Le synopsis des producteurs est le suivant : « Nous sommes en moins 10.000 avant notre ère. La fin de la période glaciaire marque la naissance du géranium et d’une nouvelle civilisation que les chercheurs du Centre Archéologique Patrick Juvet de Delémont ont appelé Homo Helveticus. La découverte de cette peuplade aux traditions et moeurs spécifiques permit à la science de mettre à nu – ou plus exactement à poil ! – tout ce que la Suisse d’aujourd’hui a de plus primitif ! Grâce à la Tribu, nous comprenons enfin que de nombreuses problématiques actuelles de la Suisse sont en réalité vieilles comme la pierre ! »

Homo Helveticus

Un couple d’Homo Helveticus (photo: TSR)

Dans cette série paléolithique, dont la première saison est prévue en 10 épisodes de 8 minutes, on fera la connaissance, entre autres protagonistes, des familles Lapierre et Cassepierre, du Chef Steiner et de Lancepierre. Rien que par les noms de familles on réalise que l’inspiration de base est celle du film français RRRrrrr !!!. La tribu, vêtue de peaux de bêtes (comme il se doit pour des hommes de l’âge de la pierre) ressemble également à celle mise en scène par Alain Chabat. Le premier épisode qui passe ce soir sur TSR1 à 20.05 est intitulé:”L’égalité des sexes” et verra Mme Lapierre se révolter contre les tâches qui lui incombent en tant que femme des cavernes. Elle décide de partir à la chasse aux mammouths à la place de son mari. Au même moment, sur TSR2, le roi Arthur, entouré de ses preux chevaliers, règne sur le royaume de Kaamelott. Qui a dit que l’histoire (ou la préhistoire) permet de comprendre le présent ?

Vikings remis au jour

Le musée des navires vikings d’Oslo est avec environ 450000 visiteurs par année l’institution muséale la plus visitée de Norvège. Il abrite en particulier deux navires, ayant servit de dernière sépulture à des vikings de haut rang. Le premier découvert en 1880 à Gokstad renfermait la dépouille d’un homme dont l’âge estimé est compris entre 50 et 60 ans et qui aurait été un petit roi ou un chef viking vers l’an 900. Le second, mis au jour en 1904, abritait le squelette de deux femmes inhumées en 834 dans un tertre, situé près de la ferme de Lille Oseberg à Slagen, Vestfold dans le sud-est de la Norvège. Les restes de l’homme furent ensevelis à nouveau en 1928 et ceux de deux femmes en 1948 à l’endroit de leurs découvertes respectives dans un cercueil en aluminium protégé par un sarcophage en pierre.

Oseberg

Remise au jour du cercueil d’Oseberg (photo: Peder Gjersoe)

Cette semaine, les archéologues norvégiens procèdent à leur ré-exhumation à des fins scientifiques. Lundi, le sarcophage qui renferme les deux dames a été extrait du sol, et, mardi matin, il a été ouvert pour constater que les deux squelettes sont dans un bon état de conservation bien que le sarcophage ait pris l’eau. Demain, jeudi, ce sera au tour du sarcophage de l’homme d’être retiré du sol, et, vendredi, les experts ouvriront le second cercueil dans l’enceinte du musée des navires vikings d’Oslo. Il sera procédé ensuite à des analyses d’ADN. Les archéologues cherchent en particulier à déterminer s’il existe un lien de parenté entre les deux femmes ensevelies, l’une étant bien plus âgée que l’autre. Certains experts pensent qu’il pourrait s’agir de la reine Åsa et de sa fille, d’autres penchent plutôt pour l’épouse d’un chef viking et sa servante. Dans tous les cas, la communauté archéologique ne peut que remercier ceux qui, il y a bientôt 60 et 80 ans, ont penser à protéger des vestiges de manière à permettre aujourd’hui des analyses qui n’avaient pu être envisagées à l’époque de leur ensevelissement.

Les premiers Lacustres de Suisse, où sont-ils?

Le service archéologique du canton de Berne a mis a profit la préparation des journées internationales du patrimoine pour tenir une conférence de presse le 7 septembre et annoncé la découverte dans les eaux de Sutz-Lattrigen du « plan d’habitation le plus ancien de Suisse entièrement documenté et daté de façon certaine». Il s’agit d’une construction lacustre d’assez grande dimension (13,6 x 4,3 m) située à 200 m de la rive et datée à l’année près par la dendrochronologie à l’an 3863 av. J.-C. En relation avec cette construction isolée, se trouve trois étranges structures circulaires de 4 à 8 mètres de diamètre qui ont été interprétées comme des nasses à poisson à l’instar de celles utilisés autrefois en mer Baltique. L’ensemble constitue sans doute une pêcherie.

Sutz-Lattrigen Solermatt

Restitution de la pêcherie (montage: Max Stöckli)
En écho à cette intéressante découverte réalisée par l’équipe de plongeurs du service archéologique du canton de Berne, dirigée par Albert Hafner, me reviennent d’autres annonces de mises au jour se voulant à chaque fois les plus anciennes dans cette catégorie que toutes les autres. Ainsi nos collègues du canton de Fribourg ont présenté il y a quelques années l’habitat de Montilier-Fischergässli comme le plus ancien habitat lacustre de Suisse puisque leur série de dates dendrochronologiques commençait en 3895 av. J.-C, soit quelques décennies avant les premières dates de Sutz-Lattrigen. Mais à ce petit jeu là, ce sont encore les archéologues du canton de Vaud qui sont les actuels vainqueurs car le plus ancien village construit à Concise-sous-Colachoz serait daté de 4350 av. J.-C. Alors, qui dit mieux pour recevoir le titre de premier Lacustre suisse?

Le bois, dans tous ses états!

En 2007, comme chaque année depuis 1984 en France, 1994 en Suisse, durant un week-end du mois de septembre, ont lieu les journées européennes du patrimoine. Bien qu’européennes sous l’initiative du Conseil de l’Europe, ces journées ne se déroulent pas forcément à la même date partout. Ainsi, pour la Suisse et la Belgique, cela se passera le samedi 8 et le dimanche 9 septembre. Les français, en revanche, attendront les 15 et 16 septembre. De même, les sujets varient d’un pays à l’autre. Pour la France le thème sera celui des métiers du patrimoine, thème que la Suisse a déjà utilisé en 2002. En Belgique, ces journées seront dévolues au patrimoine militaire. Quant à la Suisse, c’est le bois, dans tous ses états, qui sera à l’honneur cette année.

Enigma La Tène

Extrait de l’affiche « Enigma La Tène »

En ce qui concerne les manifestations organisées par des archéologues lors de ces journées, ils mettront en premier lieu en avant la technique de datation basées sur la mesure des cernes de croissances du bois, autrement dit la dendrochronologie. En divers lieux de la Confédération, comme au laboratoire romand de dendrochronologie à Moudon, au Laténium à Hauterive, à Delémont ou encore à Sutz-Lattrigen et à Zürich des dendrochronologues ou des archéologues expliqueront les bases de la méthode. Au milieu du riche programme rassemblé sur le site internet de l’organisation NIKE à l’attention du grand public, à relever une performance «landart» de l’artiste Ulrich Studer, intitulée « Enigma La Tène », prévue samedi soir, 8 septembre, sur le site éponyme du second Âge du Fer, situé près de Marin dans le canton de Neuchâtel. Mais sans aller jusque là , où que vous soyez, il se passera surement quelque chose près de chez vous. Bon week-end à tous.

Lucy dans West Side Story

Après avoir été l’égérie d’Yves Coppens pour la théorie de l’ East Side Story de l’aventure humaine, Lucy, ou plutôt les 52 fragments de squelette, qui résument les vestiges fossilisés d’un hominidé de l’espèce Australopithecus afarensis se sont envolés à la mi-août à bord d’un avion des Ethiopian Airlines pour se rendre à Houston, Texas, où ils constituent depuis vendredi 31 août 2007 l’élément central de l’exposition «Lucy’s Legacy : The Hidden Treasures of Ethiopia ». Jusqu’au 20 avril 2008 ses ossements demeureront exposés à Houston, puis, comme une grande vedette en tournée, Lucy partira pour faire son show durant 6 ans dans différents musées du Nouveau Monde pour y accomplir sa West Side Story.

Exposition Lucy

Lucy exposée à Houston, Texas (Photo: Houston Museum of natural science)

Mais est-ce bien raisonnable de déplacer ainsi des vestiges vieux de 3,2 millions d’années ? N’aurait-il pas été moins risqué d’exposer des copies des ossements plutôt que les originaux. C’est en tout cas ce que pense un grand nombre de paléoanthropologues consultés sur la question. Car depuis sa découverte en 1974 par l’International Afar Research Expedition, Lucy a été soigneusement conservée dans une chambre forte climatisée au Musée national d’Ethiopie et n’en a été sortie que pour des recherches scientifiques et seulement pour deux expositions publiques. Gageons que la présence des originaux au lieu des copies n’ajoute aucun intérêt à la valeur scientifique de cette exposition. Seule la valeur symbolique et sans doute également mercantile s’en trouvent notablement renforcées. Prénommée d’après la chanson des Beatles Lucy in the sky with diamonds, notre jeune Australopithèque s’est juste envolée d’Ethiopie pour faire recette.

Archéologie forensique au Pérou

Dans le cimetière inca de Puruchuco, au nord-est de Lima, des milliers de momies y ont été découvertes depuis 1999. Mais à partir de 2004, les archéologue péruvien Guillermo Cock et Elena Goycochea ont annoncé avoir mis au jour 72 squelettes, enterrés en hâte à faible profondeur sans les usages traditionnels qui faisaient reposer la tête vers l’est, dont 35 montrent des signes de mort violente. Parmi ces ossements, un crâne de jeune homme présente un trou circulaire qui, analysé à l’institut de forensique de l’université de New-Haven dans le Connecticut aux Etats-Unis, a montré des traces évidentes de fer. L’impact pourrait avoir été causé par une balle de mousquet, une arme à feu utilisée par les Espagnols lors de la Conquête de l’Empire Inca. Des céramiques issues du même site permettent de dater l’origine des ossements aux alentours des années 1530. La victime serait ainsi parmi les plus anciennes personnes tuées par balle du continent américain.

Puruchuco

Une victime inca tuée par balle (photo:E. Goycochea)

Tous ces autochtones, semblent avoir été les victimes d’une confrontation avec les conquistadors, peut-être lors du siège de Lima par les troupes de Francisco Pizarre durant l’été 1536. Mais si certains corps présentent également des marques de coups donnés par des armes à feu ou tranchantes européennes, d’autres montrent des traces de blessures d’armes indigènes comme des haches de pierre et des flèches. « Cela confirme le soutien de troupes indigènes aux conquistadors », un élément qui était souvent passé sous silence par les chroniques de l’époque, relève Guillermo Cock. Pour plus de détails et des images un petit documentaire sur le sujet est accessible sur YouTube.

De Trèves à Constantinople

Dans la ville de Trèves (Trier), dans l’ouest de l’Allemagne, une importante exposition « Constantin le Grand » rassemble jusqu’au 4 novembre 2007 quelque 1400 pièces issues de 160 collections dont celles du Louvre, du British Museum, du Prado et des musées de Rome. Partagée entre les salles de trois musées de la ville différents thèmes, liés au premier empereur romain converti au christianisme, sont abordés. Celui de l’Empire romain sous Constantin est présenté au Rheinisches Landesmuseum, les rapports de l’empereur au christianisme sont évoqués dans le Bischöfliches Dom- und Diözesanmuseum, enfin, le Stadtmuseum Simeonstift traite de l’influence du souverain en Europe. L’ensemble des lieux d’exposition couvre une surface de 3000m2. Cette vaste exposition représente la contribution officielle du Land de Rhénanie-Palatinat aux manifestations centrées autour de Luxembourg capitale européenne de la culture 2007.

Anamorphose de la statue de Constantin (Photo: Asisi)
Trèves fut la première résidence de Constantin avant qu’il ne s’installe à Rome puis à Constantinople (l’actuelle Istanbul) qu’il proclama en 330 nouvelle capitale de l’Empire. Le clou de l’exposition est à voir au Rheinisches Landesmuseum. Il s’agit d’une anamorphose de la statue colossale de l’empereur (12 mètres de haut à l’origine) placée autrefois dans la basilique de Maxence dont il ne reste plus qu’une tête et un pied conservés aux Musées du Capitole à Rome. Une copie de la tête, haute de trois mètres, a été confectionnée spécialement pour l’événement grâce à un complexe procédé de numérisation par ordinateur. Après l’exposition, la tête ira rejoindre son modèle dans la ville éternelle. Elle pourrait en effet remplacer l’original, en place depuis le XVIIe siècle dans une cour exposée aux pigeons et aux intempéries.

A la recherche d’Artémis Amarysia

Cela commence comme une chasse au trésor. Un emplacement à marquer d’une croix sur une carte est à trouver à partir d’une série d’énigmes à résoudre. Le site, c’est celui du temple d’Artémis Amarysia, le plus important sanctuaire situé sur le territoire de l’ancienne cité grecque d’Erétrie sur l’île d’Eubée, où se déroulaient dans l’Antiquité des concours musicaux. Parmi les textes délivrant les pistes du trésor, il y a le récit de voyage du géographe antique Strabon qui situe le temple à sept stades de la ville antique, soit à environ 1200m. Cela étant sans compter avec la malice du temps et les erreurs des copistes du texte original. Car la lettre qui représente le chiffre sept dans le système de numération grecque antique est proche de la lettre utilisée pour représenter le chiffre 60. Et cela fait toute la différence. Car au lieu de chercher le temple à 1200 mètres (7 stades), c’est à 10 km (60 stades) qu’il faudrait, dans ce cas, porter son attention et à cette distance, située encore sur le territoire d’Erétrie, au sud le long de la côte, on trouve la localité d’Amarynthos, qui convient parfaitement, ce n’est sans doute pas un hasard, à l’épithète Amarysia.

Erétrie porte de l'ouest

La porte de l’ouest et l’Acropole d’Erétrie (photo: ESAG)

Denis Knoepfler, professeur d’histoire ancienne et d’archéologie classique à l’Université de Neuchâtel, titulaire de la chaire d’épigraphie grecque au Collège de France à Paris, et depuis le 20 août 2007 membre de la British Academy, en est en tout cas persuadé depuis longtemps. L’école suisse d’archéologie en Grèce (ESAG) a entrepris l’année dernière une campagne de fouille d’un mois à Amarynthos pour vérifier l’hypothèse. Las, rien ne fut découvert. Dans quelques jours une nouvelle campagne de fouille sera menée au nord de la colline de Paléoeklésias, où se trouvent les vestiges d’un habitat préhistorique. On espère que cette prochaine tentative de découvrir le temple d’Artémis Amarysia sera la bonne.

Des Celtes sur le Vully

Si les Romains se donnent rendez-vous ce week-end dans les vestiges de la colonie romaine d’Augusta Raurica (Augst, Bâle Campagne) pour le traditionnel Römerfest, les Helvètes se réuniront le week-end prochain sur l’oppidum celtique du Mont Vully, entre les lacs de Morat et de Neuchâtel, pour la première fête Vully Celtic. Organisée pour célébrer les trente ans de l’association Pro Vistiliaco, fondée en 1977 par l’ancienne archéologue cantonale Hanni Schwab (1922-2003), la manifestation proposera de nombreuses animations, dont des groupes de musique celtique et une quarantaine de stands. Il y aura bien sûr à manger et à boire, du sanglier rôti et de la cervoise artisanale.

Guerriers Celtes
Guerriers celtes en position de combat

En cette année 2007, déclarée année des Celtes, Vully Celtic fera aussi découvrir les techniques de guerre de ce peuple grâce à des reconstitutions de combats, en groupe ou en duels. Quelque 80 guerriers établiront leur campement et livreront bataille sur le site de la manifestation ainsi qu’au pied du «rempart des Helvètes», reconstitution d’un tronçon de murus gallicus. En attendant, préparé vous à l’évènement dès lundi 27 août en écoutant durant la semaine à venir l’émission de La Première, « Les dicodeurs » dont l’invité sera Thierry Luginbühl, professeur d’archéologie gallo-romaine à l’Université de Lausanne et chef de horde parmi les guerriers Helvètes.