La tombe perdue de Jésus

Après la mise au jour, il y a peu de temps, du tombeau de l’apôtre Paul, c’est au tour de celui de notre Seigneur, Jésus Christ, de faire l’objet d’une telle annonce. C’est en tout cas à cette conclusion « sensationnelle » qu’un documentaire signé James Cameron et Simcha Jacobovici, intitulé The lost tomb of Jesus, aboutira ce soir sur la chaîne de télévision Discovery Channel.

Tombe de Jésus

L’entrée de la tombe de Jésus, fils de Joseph

En fait, cette découverte n’est pas vraiment inédite, puisque cela fait déjà 27 ans qu’un ossuaire d’argile portant l’inscription Jésus, fils de Joseph a été découvert à Jérusalem dans une sépulture du quartier de Talpiot en association avec d’autres ossuaires portant les noms évocateurs de Joseph, Marie, Matthieu ou de Judas fils de Jésus. Mais ces prénoms hébreux sont d’un usage fréquent au 1er siècle de notre ère, comme au Moyen-Age on s’appelait fréquemment Pierre, Paul ou Jacques. Ainsi on connaît plus de cent ossuaires au nom de Joseph et au moins sept portant le nom de Jésus, dont un, découvert au début du 20ème siècle qui portait également l’inscription : Jésus, fils de Joseph. Il y a donc l’embarras du choix. De plus, l’information elle-même a déjà été commentée en 1996 dans différents journaux et a même fait l’objet à l’époque d’un documentaire par la BBC. Aussi Cameron et Jacobovici ne font que remettre dans l’actualité une découverte ancienne sans y apporter, semble t-il, de réponses nouvelles. Cependant, le grand public déjà sensibilisé à la question grâce au Da Vinci Code de Dan Brown ne demande qu’à se laisser convaincre, et ce ne sont pas les réserves des spécialistes qui y changeront quelque chose.

Survival of the fittest

Quel rapport y a-t-il entre une boisson gazeuse en bouteille ou en cannette, un homme préhistorique et un Tyrannosaurus rex. D’un point de vue temporel, aucun. Pourtant, inspirés autant par les dessins humoristiques de Gary Larson que par le succès du film Jurassic Park, les publicitaires aiment associer des produits contemporains avec des éléments préhistoriques, quitte à associer des terribles sauriens disparus il y à 65 millions d’années avec une humanité du Paléolithique supérieur tout au plus âgée de 100 000 ans. D’où souvent la nécessité pour l’archéologue d’expliquer à un public non averti que son travail ne consiste pas à découvrir des os de dinosaures.

Survival of the fittest

Les dures lois de la survie

Cependant malgré l’anachronisme évident qui fait sourciller les professionnels, il faut avouer que certains publicitaires ne manquent pas d’imagination pour faire passer leur message. Et quand le but vise à promouvoir une bonne cause, on est prêt à leur pardonner. Ainsi, une fondation canadienne, BC Diary Fondation, a trouvé une manière amusante d’encourager les jeunes consommateurs à boire du lait par une série de petits spots animés mettant en scène un groupe de chasseurs préhistoriques découvrant au hasard de ses pérégrinations des boissons sucrées, connues pour ne pas être très diététiques. Et comme selon la dure loi de la sélection naturelle induite de l’évolution des espèces de Charles Darwin, seuls « les plus aptes survivent », je vous invite à découvrir avec You Tube sur le thème “Survival of the fittest“, pourquoi les amateurs de boissons sucrées ont plus de risques de disparaître. A la suite de ce retentissant succès publicitaire la fondation s’apprête à donner, ce printemps, une seconde chance à son homme des cavernes, qui, reprenant vie après avoir été congelé, se trouve brutalement confronté aux us et coutumes du 21ème siècle. Conclusion : au prochain pot, buvez du lait !

Merveilleuses pyramides

Un concours lancé par le suisse Bernard Weber invite la population mondiale à choisir les monuments méritant le statut de Merveille du Monde. Par l’entremise du téléphone ou d’un bulletin accessible sur Internet, chacun peu voter pour ses monuments préférés. Cependant, Il en coûtera 2 dollars étasuniens. Cette votation permettra d’établir la liste des 7 nouvelles merveilles du Monde. Parmi 77 sites nominés lors d’une précédente étape de sélection, seuls 21 ont été retenus pour l’élection finale. Dans ce choix on trouve, entre autres, la grande muraille de Chine, les statues de l’île de Pâques, le Kukulkan de Chichen Itza au Mexique, le Machu Picchu au Pérou, le Taj Mahal en Inde, la tour Eiffel en France et la statue de la Liberté aux Etats-Unis. Le résultat de cette votation sera promulgué cet été à Lisbonne, le 7 juillet, autrement dit le 07.07.07.

Merveille du Monde

Resterons-t-elles parmi les sept plus grandes réalisations de l’humanité?

L’Egypte craint cependant, que les grandes pyramides du plateau de Gizeh, qui font partie de la sélection finale, ne disparaissent de la nouvelle liste des merveilles du Monde à l’issue de ce processus d’élection. Ce qui, pour les autorités de ce pays et sa population, constituerait un scandale, un scandale d’autant plus grand que c’est la seule des merveilles de la liste d’Antipater de Sidon dressée vers 140 av. J.-C, qui soient encore en état de concourir. Pour rappel, il y avait les jardins suspendus de Sémiramis à Babylone, le temple d’Artémis à Ephèse, la statue de Zeus à Olympie, la tombe du roi Mausole ou Mausolée d’Halicarnasse, le colosse de Rhodes, le grand phare d’Alexandrie et la grande pyramide à Gizeh.

Flamme éternelle

A une semaine de la Saint-Valentin, l’archéologue italienne Elena Menotti, directrice de la cellule d’intervention archéologique de Mantoue, ne pouvait faire de découverte moins emblématique que celle d’un couple de squelettes apparemment tendrement enlacé. La tombe, qui fait partie d’une nécropole, a été mise au jour lundi sur le chantier de construction d’une usine à San-Giorgio dans la banlieue de Mantoue. D’après l’outillage en silex récolté sur place, le site serait daté du Néolithique, entre 4000 et 3000 avant J.-C. Comme Mantoue se trouve assez près de Vérone, il n’en faut pas plus pour que la presse internationale n’évoque la mémoire des amours contrariées de Roméo et Juliette, et de leur dernier baiser.

Love story

Une histoire d’amour préhistorique?

Ce double enterrement d’un homme et d’une femme n’est cependant pas unique. Une des tombes de la Grotte des Enfants de Grimaldi, en Italie, actuellement exposée au Musée d’anthropologie préhistorique de Monaco et datant du Paléolithique supérieur présente dans une attitude assez proche un jeune garçon, d’environ quinze ans avec une femme plus âgée. Hyppolite et Phèdre ?

Réouverture de la Domus Aurea

Après plus d’une année de fermeture pour raisons de sécurité, la Domus Aurea, la magnifique demeure que l’empereur Néron s’est fait construire sur la colline de l’Esquilin à partiellement rouvert ses portes au public hier. Car, si la date de réouverture définitive du site n’est pas encore connue, c’est à la visite du chantier de restauration que les visiteurs sont conviés. Alors qu’avant la fermeture, environ 1000 personnes arpentaient les salles de ce palais impérial, la visite ne peut actuellement se faire que par groupe guidé de vingt personnes. Et comme l’ensemble est en travaux, c’est muni d’un casque que les amateurs d’antiquités peuvent à nouveau admirer de près, grâce aux échafaudages, les fresques en cours de restauration.

Domus Aurea

Aperçu des vastes salles souterraines de la Domus Aurea

La Domus Aurea a été construite par Néron en 64 après J.-C, à la suite du grand incendie de Rome. La propriété impériale s’étendait sur une surface de 80 hectares. Le monument a déjà connu une longue fermeture au public entre 1981 et 1999. Mais cette restauration de 18 ans n’a pas permis de résorber des problèmes constants d’humidité qui ont amené l’apparition d’encroûtements et d’algues sur les fresques. De plus des effondrements se sont produits ce qui a conduit à une nouvelle fermeture en 2005. L’initiative prise par la mairie de Rome et la Surintendance archéologique d’organiser ces visites de chantier est à saluer. Ainsi elle permet aux visiteurs de suivre l’avancement des travaux des restaurateurs et des archéologues et de mesurer les efforts entrepris pour préserver ce monument de ces diverses agressions.

Dirty Indy 007

En décembre 1980, à l’occasion d’une soirée, je retrouvais un camarade qui avait passé trois semaines de vacances en Tunisie. Comme j’étudiais l’archéologie j’eu droit de sa part à une confidence ciblée. Il me raconta que durant son séjour, une équipe de cinéma en tournage dans la région où il se trouvait l’avait recruté ainsi que d’autres touristes de type occidental pour faire de la figuration dans la tunique d’un soldat allemand de la seconde guerre mondiale. Il avait cru comprendre d’après le synopsis du film qu’il était question d’un archéologue à la recherche de l’arche d’alliance. Lorsqu’en 1981, sorti le film « Raiders of the Lost Ark » (Les aventuriers de l’Arche perdue) je compris que cette discussion avait été pour moi, sans le savoir alors, mon premier contact avec le personnage d’Indiana Jones, qui avec son chapeau, sa veste de cuir et son fouet allait devenir pour le grand public l’archétype de l’archéologue.

Indiana et Henry Jones

Les Jones, une dynastie d’archéologues

Harrison Ford, est prêt, semble t-il, à reprendre le rôle d’Indy pour un quatrième opus, pour autant qu’on lui laisse faire claquer le fouet du personnage, car de nouvelles normes de sécurité sur les plateaux de tournage veulent le remplacer par un objet numérique. A ses côtés on pourrait retrouver Sean Connery, dans le rôle de son père, le Dr. Henry Jones. Il semble que l’acceptation de ce dernier tienne quant à elle au scénario qui lui sera proposé. Pour compléter le casting d’autres noms sont évoqués comme celui de Nathalie Portmann, dans le rôle de la fille d’Indy, et de Clint Eastwood dans celui de son frère ou d’un autre archéologue. Si ces rumeurs se confirment, la suite de la saga réunirait sur le même plateau une brochette d’acteurs mythiques avec Dirty Harry donnant la réplique à James Bond et à Han Solo sous le regard de la reine Padme de Naboo. Quand à la mission qui leur sera confiée, le secret demeure bien gardé. Après l’arche d’alliance et le Saint-Graal je ne vois guère que l’orichalque de l’Atlantide comme quête fabuleuse à poursuivre. Pour une réponse, il n’y a plus qu’à attendre le film, produit par George Lucas et confié à la direction de Steven Spielberg. Le début du tournage essentiellement en Californie est prévu cet été pour une sortie en salles en mai 2008.

Révélations sur les bâtisseurs de Stonehenge

Il y a de cela quelques années, on a retrouvé le village des ouvriers œuvrant à l’édification des pyramides du plateau de Gizeh. En septembre 2006, à l’emplacement de Durrington Walls, a été mis au jour un site d’habitat contemporain de la phase initiale de construction de Stonehenge, soit vers 2600 av. J.-C. Cette découverte résulte des fouilles menées dans le cadre du Stonehenge Riverside Project, une vaste étude de l’ensemble de la zone entourant le célèbre cercle de pierres mégalithiques, dans laquelle sont impliquées six universités britanniques. A l’instar de ce qui s’est passé pour la connaissance de la civilisation égyptienne et des pyramides de Gizeh, cette découverte effectuée aux alentours de Stonehenge devrait nous faire connaître davantage la population et la société à l’origine de ce haut lieu de la préhistoire européenne.

Durrington Walls

Champ de fouille d’une habitation de Durrington Walls

Le gisement découvert est situé à 2,8 km de Stonehenge, et se trouve lui-même enclos dans une vaste enceinte circulaire. Les fouilles ont permis de dégager huit habitations, d’une surface au sol de 23m2. Si l’ensemble de la surface enclose est bâti, cela pourrait constituer le plus grand village néolithique de Grande-Bretagne, selon Mike Parker Pearson, responsable principal du Stonehenge Riverside Project. D’autres découvertes importantes ont été réalisées ces derniers mois dans les environs. Pour en savoir plus, des photos et des vidéos sont accessibles sur le site Internet de la National Geographic Society, qui finance une partie des travaux.

Une convention n’a pas toujours force de loi

Aujourd’hui, 30 janvier 2007, 120 personnes représentant environ 70 organisations actives dans le milieu de la culture se sont réunies à Berne sous l’égide de la Commission suisse pour L’Unesco et ont rédigé deux messages à l’attention du conseiller fédéral Pascal Couchepin, en tant que ministre suisse de la culture (1er message, 2ème message). Ces textes vises à appuyer les efforts des instances fédérales qui se sont prononcée en faveur d’une ratification rapide de deux conventions récentes de l’Unesco : la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel et la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles. Ces deux conventions sont depuis décembre 2006 en procédure de consultation.

Silvesterkläuse Urnärsch

Silvesterkläuse à Urnäsch (Appenzell Rhodes-Intérieur)

Comme ces deux conventions ne représentent pas un enjeu économique majeur, il n’y aura pas trop de difficulté à les voir ratifiée rapidement. Seulement dans le domaine de la culture une ratification faîte par la Confédération n’est qu’une signature qui n’a pas force de loi. En effet, tout ce qui touche au domaine culturel est avant tout l’affaire des cantons et ce sont eux qui devraient aménager leur législation pour tenir compte des implications légales contenues explicitement ou implicitement dans les conventions. C’est ce que les archéologues suisses ont appris à leurs dépens lorsque la Confédération a ratifié en 1996 la Convention européenne pour la protection du patrimoine archéologique. Depuis cette signature, plus de dix ans ont passé et aucune loi cantonale ne fait de référence à cette convention qui demeure en grande partie lettre morte. La meilleure preuve de ce manque de suivi confédéral dans la ratification de cette convention c’est que parmi les 26 cantons et demi-cantons suisses, 7 ne disposent toujours pas d’un service d’archéologie. De plus, alors que l’archéologie devrait être intégrée dans l’aménagement du territoire, la plupart des plans directeurs cantonaux pour l’aménagement du territoire approuvés par l’Office fédéral du développement territorial n’en font même pas mention. Alors, signez toutes ces conventions mesdames et messieurs, et oubliez-les après.

Retour vers l’archéologie du futur

En surfant, sur les vagues du web on rencontre parfois des sites inattendus. C’est l’expérience que j’ai vécue il y a quelques jours en tombant sur le site Archéologie du futur. Comme l’écrit son auteur, Claude Guillemot, qui d’après sa présentation est dessinateur, scénariste et réalisateur de film, son œuvre est «sur le net, comme une bouteille à la mer » que j’ai immédiatement repêché, attiré par sa dénomination d’origine non contrôlée. D’abord je relève que l’abandon du flacon date du 11 avril 2002, soit près de cinq ans, ce qui, j’en conviens, représente un long séjour dans l’océan du web et lui donne déjà un petit air rétro. Combien de fois a-t-elle été pêchée et repêchée avant moi, je l’ignore, mais cela ne va pas m’empêcher d’en examiner le contenu.

 

 

Abribus

Les ruines d’un abribus

 

Le concepteur imagine que dans un futur plus ou moins lointain des archéologues retrouveront enfoui dans le sable du désert les vestiges d’une petite ville de la fin du vingtième siècle avec son centre urbain et ses zones commerciales et industrielles. En ce sens, la démarche est déjà connue et éprouvée. Songeons au fameux livre « La civilisation perdue » du précurseur David Macauley, qui sous le titre anglais plus explicite « Motel of the Mysteries» imaginait la fouille en 4022 d’un banal motel nord-américain enseveli en 1985 lors d’une catastrophe sans précédent. Ce thème de redécouverte de notre époque par d’hypothétiques archéologues du futur a également été repris avec bonheur par le conservateur du musée romain de Lausanne-Vidy, Laurent Flutsch, à travers son exposition « Futur antérieur », qui projetait ses visiteurs en 4002.
Prenons donc la peine de réfléchir à ce que nous léguerons aux générations futures en déposant, de temps en temps, quelques messages au fond d’une bouteille jetée à la mer.

Les chantiers numériques culturels

Le ministre français de la Culture et de la Communication, Renaud Donnedieu de Vabres, a fait état aujourd’hui d’un certain nombre d’initiatives gouvernementales, prises ces dernières années et d’autres prévues prochainement, visant à développer l’accès à la culture, via Internet. Dans cet ensemble, on distingue des mesures qui concernent l’archéologie et, en particulier, des projets de représentations des grands sites archéologiques sous la forme de maquettes en 3D, réalisées par des équipes pluridisciplinaires composées d’architectes, d’archéologues, d’historiens de l’art et d’infographistes. Parmi les gisements d’ores et déjà accessibles de cette manière, on peut citer celui de la Caune de l’Arago à Tautavel, des villages lacustres des lacs de Chalain et de Clairvaux ou encore de Lutèce. Dans un proche avenir on devrait découvrir des restitutions de l’agglomération de Lattes au Premier âge du Fer ou des villas gallo-romaines.

Maison lacustre de Chalain

Maison lacustre sur le site de Chalain

La vitrine de l’ensemble de ces chantiers numériques, comme l’a présenté le ministre , est constituée par le portail Culture.fr, derrière lequel s’articulent 30 000 organismes culturels, 2 800 musées et 1 300 bibliothèques. De plus, il sera possible, dès le mois d’avril 2007, d’accéder à 3,5 millions d’images, 240 bases de données et 250 œuvres multimédias. On constate également que la France a décidé d’investir des moyens importants, 2,8 millions d’euros, dans la numérisation de son patrimoine, ce qui devrait contribuer à sa sauvegarde, sa préservation et sa transmission. Enfin, 7500 événements devraient y être annoncés, ce qui permettra de préparer au mieux, en quelques clics, les visites à faire lors de nos prochaines escapades culturelles dans l’Hexagone. Et dire qu’il y a à peine dix ans, Jacques Chirac, assis devant un ordinateur lors de l’inauguration de la bibliothèque François Mitterrand avait posé la question suivante: la souris, qu’est-ce que c’est ?